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Thèses soutenues

2024

05/03/2024 - Nuria Alvarez Coll

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités, équipe Cresson

Titre de la thèse

Concevoir à l’état brut : la fonction tactile et les matières premières pour contextualiser l’architecture

Direction de thèse

  • Gregoire Chelkoff, Directeur de thèse
  • Marie Pierre Lassus, Université de Lille, Co-directrice de thèse
  • Maddalena Achenza, DICAAR, Université de Cagliari, Co-directice de thèse

Composition du jury

  • Nathalie Tornay, Maître de conférences, ENSA Toulouse, rapporteuse
  • David Howes, Professeur principal, Université Concordia Montréal, rapporteur
  • Laurent Matthey, Professeur des Universités, Université de Genève, examinateur
  • Mathias Rollot, Maître de conférences, examinateur

Résumé de la thèse

Depuis plusieurs décennies, et plus particulièrement aujourd’hui où la situation paraît urgente, notre planète fait sonner les alarmes pour nous rappeler que nous faisons partie de ce grand organisme qui nous accueille, Gaïa, terme que Bruno Latour a largement diffusé. En effet, depuis le développement de l’industrialisation et l’exploitation des ressources, l’humain semble s’abstraire de plus en plus de son propre milieu. Par extension, un grand nombre de ses créations – comme l’architecture et la production édilitaire en général – peut être considéré aujourd’hui comme hors sol et déraciné. En niant sa liaison d’interdépendance au milieu, voire un principe de cosmicité, l’être humain et l’architecture peuvent devenir des électrons libres, non reliés.

Pour explorer des voies de reconnexion possibles par le sensible, la recherche que nous menons se situe sur l’étude de deux points faibles de notre cosmologie moderne occidentale : le toucher – sens en lien direct avec l’affectivité et l’émotion – et les matières premières – matières biosourcées qui garderaient un état le moins éloigné de leur état d’origine et qui sont de plus particulièrement mises en avant dans le contexte écologique actuel.

Plusieurs constats et hypothèses sous-tendent notre travail.

Tout d’abord, les machines d’aujourd’hui créent des matériaux qui ne racontent pas d’histoires : ni celles de son origine, ni celles de leur fabrication par l’être humain. Produits en série, les formes et les textures de nos espaces bâtis semblent se répéter à l’infini et n’attirent pas notre sensorium au-delà d’un regard superficiel ou distancié. Cette itération du même, qui serait l’essence du mécanicisme moderne, nous amène à des espaces standards et banals. Si l’on observe l’architecture vernaculaire, le bâti était construit avec des matières premières et locales. Ces architectures reflètent comme un miroir le territoire où elles s’inscrivent : ses couleurs, sa matière, ses formes, ses textures. Sans préconiser un retour à l’architecture vernaculaire comme modèle à suivre, comment renouer avec certaines de ses forces ?

D’un autre côté, dans notre culture occidentale, la préoccupation première de la conception de nos espaces bâtis tient essentiellement à ce que l’on donne à voir. En contraposition, la mise en avant de la perception tactile peut aujourd’hui ouvrir des nouveaux horizons fermés par la hiérarchie de la vue. « La mère de tous les sens », la perception par le toucher ouvrirait une approche corporelle – et par extension, sensible – de l’espace. C’est à travers cette sensibilité que nous pouvons explorer des possibilités pour écouter autrement le monde.

Ainsi, en contrepoint d’une tendance à l’abstraction évoquée, l’utilisation des matières premières et la mise en avant d’un rapport tactile et plus direct au monde peuvent-ils être des alliés pour créer des espaces architecturaux qui réaffirment une meilleure liaison au corps et réamorcer un génie des (mi)lieux ?

Cette recherche se tisse à travers une méthodologie de recherche création. En nous engageant dans la matérialité du monde, nous construisons ce que nous avons nommée « expériences tactiles » : des propositions sensorielles et spatiales utilisent des matières premières : terre, chanvre et bois. Cette exploration de notre expérience du monde fera advenir des nouvelles formes de pensée ainsi que des perspectives de valorisation de cette matérialité.

En même temps que cette entreprise exploratoire et active, nous convoquons des notions issues de la philosophie, l’anthropologie, l’écologie politique et l’histoire de l’art et de l’architecture afin d’apporter un regard nouveau sur une agentivité de la matière : d’inerte – prête à exploiter – à agissante – avec son mot à dire. Ainsi en cherchant à tisser à nouveau une empathie avec les matières, peut-on réorienter les relations entre l’habiter et l’architecture ? Peut-être est-ce le moment de se laisser influencer par des savoirs discrédités – tout en conservant une distance critique et en interrogeant le point de vue occidental par d’autres sources – l’animisme, la géobiologie, les théories de l’énergie vitale orientale – afin de susciter l’attention des sens, du langage et de l’imagination à la vitalité de la matière.

14/02/2024 - Estelle Carlier

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’unité de recherche Architecture, environnement et cultures constructives (AE&CC)

Titre de la thèse

L’approche paysagère comme outil de territorialisation pour l’action environnementale
Le cas des Espaces Naturels Sensibles

Composition du jury

  • Anne SGARD, Professeure, Université de Genève, Rapporteure
  • Samuel DEPRAZ, Maître de conférences HDR, École supérieure des professions immobilières, Rapporteur
  • Marie-José FORTIN, Professeure, Université du Québec à Rimouski, examinatrice
  • Aysegül CANKAT, Professeure, École nationale supérieure d’architecture de Grenoble/UGA-AE&CC, examinatrice
  • Hervé DAVODEAU, Maître de conférences HDR, L’Institut Agro Angers-Rennes, examinateur
  • Patrick MOQUAY, Professeur, École nationale supérieure du paysage, examinateur
  • Romain LAJARGE, Professeur, École nationale supérieure d’architecture de Grenoble/UGA-AE&CC, directeur de thèse

Résumé de la thèse

Dans le contexte des crises socio-écologiques qui marquent le XXIème siècle, la préservation de la nature et des paysages est énoncée par les pouvoirs publics, les acteurs locaux et les populations, comme nécessaire. Les liens entre paysages et projets de territoires sont au cœur de cette pensée. L’anniversaire des trente ans de la loi paysage affirme notamment la place transversale de l’approche paysagère, dans l’ensembles des politiques publiques territoriales, pour renouveler les relations entre les sociétés et la nature.

La thèse interroge alors le rôle de l’approche paysagère dans la territorialisation des instruments publics de préservation, gestion et valorisation des aires naturelles. L’hypothèse est faite selon laquelle l’approche paysagère contribue à cette territorialisation en encourageant la construction de territorialités favorables aux relations socio-environnementales. Cette question est abordée à partir d’une base théorique émanant des sciences territoriales telles qu’envisagées avec les travaux de la Fédération de recherche CIST (Collège international des sciences territoriales) en France (Beckouche et al., 2012 ; Lajarge et al., 2019) ainsi que de l’école territorialiste italienne (Magnaghi 2003, 2014, 2017) et les travaux sur le paysage (Sgard, 2012, Donadieu, 2014, Besse, 2018, Davodeau, 2021). Outre cette base théorique, elle s’appuie sur l’étude multiscalaire du dispositif départemental « Espace naturel sensible (ENS) », grâce notamment à la création d’une base de données nationale quantitatives et qualitatives, d’analyses paysagères de sites, d’entretiens semi-directifs avec les opérateurs du dispositif. Son analyse utilise les outils méthodologiques de la résilience (Gunderson, Holling, 2002 ; Plieninger, Bieling, 2012 ; Robert, 2021).

La territorialisation décrit une dynamique collective des acteurs pour construire leur territoire. La thèse montre qu’elle nécessite une transversalité entre les questions environnementales, culturelles et sociales, une proximité entre les acteurs publics, privés et collectifs et un ancrage dans les spécificités et les enjeux territoriaux. La mobilisation de l’approche paysagère appelle pour cela à une culture commune de la nature entre l’ensemble des parties prenantes, quel que soit leur rôle (décisionnaire, gestionnaire, usagers récréatifs et/ou exploitants) et leur statut (public, privé ou collectif) donc à l’émergence de territorialités collectives et négociées. Ces dernières facilitent alors la mise en projet d’espaces naturels désirés et désirables, de communs territoriaux, qui, appliqués aux espaces naturels, s’appuient sur les motifs paysagers structurant les relations entre les sociétés et la nature.

Mots clès

Espaces Naturels Sensibles, paysage, territorialités, territorialisation, départements

25/01/2024 - Maya El Nesr

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités, équipe Cresson

Titre de la thèse

La conception des espaces urbains résidentiels et récréatifs à travers le jeu des enfants

Composition du jury

  • Madame Lia Karsten, Professeure associée, Université d’Amsterdam, rapporteuse

  • Monsieur Jean Michel Roux, Professeur des universités, Université Bordeaux Montaigne, rapporteur

  • Madame Nadja Monnet, Maîtresse de conférences, École Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille, examinatrice

  • Monsieur Jean Pierre Levy, Directeur de recherche, CNRS, examinateur

  • Monsieur Stéphane Sadoux, Maître de conférences, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, examinateur

  • Monsieur Marc Breviglieri, Professeur associé, Haute Ecole de Suisse Occidentale, directeur de thèse

  • Madame Noha Gamal Said, Professeure associée, Faculté d’ingénierie, Université Ain Shams Egypte, invitée

Résumé de la thèse

Cette thèse déploie son analyse à partir de la présence de l’enfant dans les configurations variées de l’espace public urbain. Elle privilégie une lecture des ambiances pour appréhender la manière dont le corps des enfants est mobilisé par son environnement. L’étude s’attache ainsi à adopter une analyse dynamique de la façon dont l’enfant s’insère, s’émeut et s’adapte au sein de l’espace public.

Le concept d’affordance établi par le psychologue James J. Gibson occupe une place centrale dans cette étude (Gibson, 1979). Il permet de déployer une lecture des propriétés du bâti en ce qu’elles stimulent, offrent ou « appellent » certaines activités. Parmi celles-ci, le jeu, librement choisi, contribue au développement global de l’enfant.

Notre approche se confronte à une littérature scientifique dense et variée qui a examiné l’impact du jeu en extérieur sur le comportement et le développement de l’enfant. Au tournant des années 1970, il semble que la libre présence des enfants dans l’espace public urbain tende à se restreindre et à poser la question de l’émergence de systèmes de surveillance corrélée à l’idée d’une vulnérabilité de l’enfant dans la ville. Non sans liens, les infrastructures et environnements de jeu, qui apparaissent d’abords insuffisants, se développent pour configurer dans l’espace urbain des îlots séparés formant des aires de jeu créées par les adultes.

Cette thèse envisage de repartir du corps en mouvement de l’enfant pour envisager son champ de perception et, plus loin, son rapport à la ville (Breviglieri, 2014). L’approche écologique et sensible aux ambiances permettra de poser un regard expérimental et évaluatif sur les espaces urbains présents dans le quotidien des enfants.

La thèse interroge une variété de conceptions d’espaces (résidentiels ou proprement ludiques) de la ville dans son lien aux comportements de jeu des enfants. Pour cela, elle propose d’investiguer quatre environnements urbains hétérogènes en Égypte et en France. L’étude des dimensions récréatives et résidentielles prend alors appui sur une « approche de recherche par enquête comparative causale » et des « études de cas intrinsèque » (Groat & Wang, 2013). Cette enquête de terrain est menée en trois phases, avec des enfants « d’âge moyen» choisis au hasard, entre cinq et douze ans. Elle comprend des observations comportementales structurées centrées sur le comportement de l’enfant. Ces observations sont complétées par une étude des activités cognitives perceptuelles engagée dans l’effectuation de dessins et de photographies, et par la réalisation d’entretiens informels associés occasionnellement à des parcours commentés.

Les données recueillies ont été analysées dans le cadre de la « théorie du triptyque de l’espace » et de la « théorie des affordances ». Ce cadre a pour objet de clarifier les écarts de perception et de représentation entre celles qui appartiennent au concepteur de l’environnement urbain et celles qui appartiennent à l’enfant dans son expérience physique et culturelle de l’espace. Il est possible d’extraire de cette étude des thèmes capables de renouveler certaines orientations de la fabrique de la ville. Ces thèmes convergent pour repenser à la fois la place de l’enfant dans la ville, et la manière dont celle-ci peut générer des environnements intergénérationnels favorisant le bien-être des citadins.

« Une ville où l’enfant serait le prince et le père de l’homme » (Aillaud, 1972)

2023

19/12/2023 - Anwar Hamrouni

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités, équipe Cresson en cotutelle internationale avec l’Université de Carthage (Tunisie).

Titre de la thèse

Médiance, ambiantalité et réadaptation des espaces « oukalisés » à valeur patrimoniale – Éloge d’une « alter-patrimonialisation »

Composition du jury

  • M . Mounir Dhouib, professeur en architecture, université de Carthage (Tunisie), président
  • M . Said Mazouz, professeur en architecture, université Larbi Ben Mhidi (Algérie}, rapporteur
  • M . Luc Gwiazdzinski, professeur, ENSA Toulouse. (France), rapporteur
  • Mme Alia Ben Ayed, maître de conférences en architecture, université de Carthage (Tunisie), examinatrice
  • M . Luca Pattaroni, maître d’enseignement et de recherche, EPFL. (Suisse), examinateur
  • Mme Hind Karoui, maître de conférences en architecture, université de Carthage (Tunisie), directrice de thèse
  • M . Marc Breviglieri, professeur associé, Université Grenoble Alpes (France), co-directeur de thèse
  • Mme. Aysegül Cankat, professeure en architecture, ENSA Grenoble – UGA (France}, membre invité

Résumé de la thèse

Au cours des dernières décennies, l’intérêt patrimonial en Tunisie s’est traduit par des stratégies d’intervention, de conservation et de mise en valeur d’un existant ayant une valeur historique, sociale et/ou symbolique, définissant un ensemble de pratiques et de discours. Toutefois, la technicité des diverses approches, et leur montage institutionnel; souvent lourd et lent ; peinent à traiter l’aspect sensible, les rapports affectifs, les chroniques ambiantales, les récits de vie et la mémoire du lieu.

Partant du cas des espaces oukalisés à valeur patrimoniale, situés dans les quartiers anciens de la banlieue de Tunis, la présente étude pose la question de la médiance et de ses enchevêtrements avec le sentiment de la situation vécue par les usagers. Deux mondes cohabitent : le bâtiment à valeur patrimoniale avec ses richesses spatiales, son importance historique et ses ambiances originelles d’une part, et d’autre part, la nouvelle manière de l’habiter, de le transformer en un chez-soi : « un habitat d’un type nouveau » souvent partagé et mis en commun, caractérisé par de nouvelles ambiantalités.

A la fois lieux de mixité, de précarité et d’illégalité, ces espaces donnent lieu à une nouvelle fabrique des modes d’occuper et de transformer la ville, assujettie à des temporalités multiples, des « chrçonotopies » (M. Bakhtine, 1978), dictées par la capacité des occupants à les réinvestir, à travers des manières de faire, des détournements, des (ré)ajustements et des (ré)appropriations.

Le présent travail tente ainsi d’interroger le processus de patrimonialisation des bâtiments « oukalisés » par le biais d’une approche ambiantale à teneur ethnosociologique et immersive, pour suivre les occupants (squatteurs – oukaliseurs) dans leurs pratiques quotidiennes et comprendre leurs motivations, interactions et investissements. Ce moment d’investigation in-situ nous permettra de détecter des « alter-patrimonialisations ». Celles-ci sont définies par la capacité de ces lieux à soigner l’estime sociale des occupants, à constituer un élément d’identification et d’affirmation du soi. De surcroît, nous faire comprendre jusqu’à quelle mesure les ambiances vécues interfèrent avec les logiques d’incrustation, les frontières de promiscuité, du partage et le trauma d’expulsion.

Mots-clés

alter patrimonialisation, ambiances, cohésion sociale, commun partagé, immersion, médiance, mémoire du lieu, oukalisation, réappropriation, squat

18/12/2023 - David Soares

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’unité de recherche Architecture, environnement et cultures constructives (AE&CC)

Titre de la thèse

Architecture et développement économique territorial soutenable en Auvergne-Rhône-Alpes : le cas de la filière bois local

Composition du jury

  • Iris Brémaud, chargée de recherche, HDR, rapporteur
  • Denis Bruneau, professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux, rapporteur
  • Romain Lajarge, professeure HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, examinateur
  • Marie Zawistowski, professeure , École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, examinatrice
  • Joannes Natterer, ingénieur de recherche, École Polytechnique Fédérale de Lausanne, examinateur
  • Yoshiharu Nishiyama, directeur de recherche, CNRS, examinateur
  • Thierry Joffroy, chargé de recherche HDR, Université Grenoble Alpes, directeur de thèse
  • Yannick Sieffert, MCF HDR, UGA, invité

Résumé de la thèse

Aujourd’hui en Auvergne-Rhône-Alpes, un nombre croissant d’acteurs locaux entendent mieux valoriser les ressources de leurs territoires dans une logique de développement économique et création d’emplois. Les filières courtes, notamment d’éco-matériaux, se révèlent être des leviers favorables à un développement économique régional, mais la question reste posée de l’amplification des initiatives existantes qui restent encore trop marginales et avec peu d’impact économique.

Au-delà de la question économique du développement de la filière bois construction, les logiques de filières courtes, notamment lorsqu’il s’agit d’un matériau naturellement renouvelable, pose la question d’un développement soutenable. Le bénéfice du stockage carbone des bois d’œuvre ne peut être le seul critère à prendre compte. En effet lorsque la majorité des systèmes constructifs sont réalisés avec des produits à base de bois transformés qui nécessitent une importante quantité d’énergie grise et que les modes de gestion des forêts font face au dérèglement climatique, la question de la soutenabilité des pratiques actuelles est posée.

Ce travail de recherche a été réalisé à partir des questionnements des acteurs territoriaux, suivant trois axes. Le premier questionne la mise en œuvre, en tant qu’élément central de la discipline architecturale, qui est mise en perspective avec deux autres axes qui interrogent la gestion des ressources (naturelles, humaines et matérielles) et les stratégies de développement qui ont été mises en place pour favoriser l’usage du bois dans la construction. Ces trois axes ont permis de penser la valorisation des bois locaux, mais aussi des savoir-faire, afin de permettre la création régionale de valeur ajoutée sur l’ensemble de la filière.

Dans une perspective de mutation nécessaire d’un modèle post-industriel, il apparait que le bénéfice carbone du bois d’œuvre, ne peut être l’unique critère de valorisation, lorsque des produits à base de bois transformés présentent un bilan énergétique globale aussi impactant que des matériaux issus de ressources fossiles. Par ailleurs, le bois bien que renouvelable n’est pas une ressource inépuisable, lorsqu’une mauvaise gestion des forêts conduit à un appauvrissement des sols et à l’effondrement de la biodiversité.

Ce travail de recherche met en évidence des pistes de progression et d’innovations, qui prennent leurs sources dans le partage de connaissance des enjeux et des ressources naturelles, humaines et matérielles locales existantes de la filière bois construction. Dans cette filière, l’architecte joue un rôle important et engage sa responsabilité par ses choix constructifs, qui se doivent d’être à la fois raisonnés dans leur niveau de technicité et adaptés à la diversité des ressources naturelles, humaines et matérielles disponibles à proximité, afin de permettre un développement soutenable.

Une attention particulière permettant de valoriser les bois de feuillus et les gros, très gros bois, est importante pour préserver la biodiversité présente dans nos forêts, tout comme une meilleure maîtrise des bois faiblement transformés est souhaitable à la réduction de l’énergie grise produite par le secteur du bâtiment. Pour cela il apparaît essentiel de penser à des solutions maîtrisables par les petites et moyennes entreprises qui constituent un maillage de proximité déjà présent sur le territoire Auralpin. Cette thèse se conclue avec des suggestions pour que la conception architecturale contribue de façon effective à ces objectifs généraux de développement d’une économie locale soutenable et de réduction d’émission de gaz à effet de serre.

20/11/2023 - Mélina Ramondenc

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein du laboratoire Méthodes et Histoire de l’Architecture (MHA)

Titre de la thèse

Le moment prospectif dans les trajectoires des architectes Chanéac, Pascal Hausermann et Claude Costy : 1958-1978

Composition du jury

  • Jean-Baptiste Minnaert, professeur HDR, Sorbonne Université, rapporteur
  • Jean-Louis Violeau, professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, rapporteur
  • Hélène Jannière, professeure HDR, Universités Rennes 2, examinatrice
  • Annalisa Viati Navone, professeure HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, examinatrice
  • Nicolas Tixier, professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, examinateur
  • Catherine Maumi, professeure HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette, directrice de thèse
  • Stéphan Dégeorges, directeur du CAUE de Haute-Savoie, structure d’accueil de la CIFRe (ANRT), invité

Résumé de la thèse

Ce travail de recherche vise à analyser et à mettre en perspective les trajectoires des architectes Jean-Louis Rey, dit Chanéac (1931-1993), Pascal Hausermann (1936-2011) et Claude Costy (1931). Il se focalise sur l’étude du moment prospectif, lors duquel les trajectoires de Chanéac, Hausermann et Costy se croisent au sein du Groupe International d’Architecture Prospective (GIAP) emmené par le critique d’art, puis d’architecture, Michel Ragon. A partir de la fin des années cinquante, qui marque le début de leurs activités professionnelles, ces jeunes gens poursuivent le même but : participer à la transformation de la société comme de la profession architecturale, en inventant l’architecture et l’urbanisme de leur temps. Leurs recherches sont foisonnantes et leurs fonds ― conservés pour grande partie au Frac Centre-Val de Loire ― recèlent des documents graphiques exceptionnels. Ces trois architectes ont en commun d’avoir réalisé de façon expérimentale des édifices et des prototypes qui mettaient en application leurs hypothèses de recherche. Ceci les distingue significativement d’une génération d’« architectes sans architecture », qualifiée ainsi par l’historienne Véronique Patteeuw dans son travail de thèse éponyme (2016). La concentration de leurs productions bâties entre les Savoie, le Genevois et l’Ain a suscité l’intérêt du CAUE de Haute-Savoie et motivé cette recherche, développée en quatre parties.

La première partie, Expérimentations. Du prototype à la projection, entend expliciter l’importance de la démarche scientifique dans la structuration de la pensée architecturale de ces jeunes architectes, perceptible dans le renouvellement de leurs outils de conception et de représentation du projet. L’analyse se base notamment sur l’importance centrale et nouvelle du prototype comme objet énonciateur et démonstrateur.
La deuxième partie, Émulation. De la projection à la prospective, porte sur la manière dont les projections élaborées par ces architectes se font le support d’un discours théorique. Nous analysons dans cette partie comment ils adhèrent à la critique construite par Michel Ragon autour de la notion de prospective et la manière dont ils s’en emparent pour formuler leur propre discours.
La troisième partie, Normalisation. De la prospective à la prospection, précise en quoi ces architectes espèrent un changement de paradigme architectural qui aboutirait à normaliser leurs conceptions. Elle décrit la manière dont ils entament un travail de prospection auprès des industriels comme d’éventuels clients pour créer les moyens de production de l’architecture qu’ils appellent de leurs vœux.
La quatrième partie, Réalisations. De la prospection à la production, s’intéresse aux occasions que les architectes étudiés ont eu de concrétiser leurs recherches à l’occasion de certaines commandes singulières. Il ne s’agit pas tant de mesurer les écarts ― inévitables ―entre les représentations et la réalisation, que d’éclairer les circonstances qui ont permis à cette architecture d’advenir.

Mots-clés

architecture-fiction, architecture prospective, utopie architecturale, urbanisme spatial, architecture industrialisée, architecture organique

26/10/2023 - Laureen Gomez

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités, équipe Cresson

Titre de la thèse

Architectures et expériences en mouvement. Contribution à une soma-esthétique critique.

Composition du jury

  • Rapporteur : Monsieur Denis CERCLET, MCF HDR, Université Lumière Lyon 2
  • Rapportrice : Madame Claude DEMERS, PR HDR, université de LAVAL, Canada
  • Rapportrice : Madame Cécile REGNAULT, PR HDR, ENSA de Lyon
  • Examinatrice : Madame Céline BONICCO-DONATO, PR HDR, ENSA de Grenoble
  • Examinateur : Monsieur Sébastien BOURBONNAIS, professeur associé, Université de Laval, Canada
  • Examinateur : Monsieur Nicolas TIXIER, PR HDR, ENSA de Grenoble
  • Directeur de la thèse : Monsieur Grégoire CHELKOFF, PR émérite

Résumé de la thèse

La transition numérique de l’architecture, au-delà des modalités instrumentales de conception et de fabrication qui la caractérisent, s’accompagne d’un potentiel de renouvellement des caractéristiques morphologiques des édifices. La caractéristique essentielle de ces architectures est de rechercher une certaine continuité spatiale par des architectures aux surfaces courbes non issues de la géométrie euclidienne. La production d’édifices emblématiques, remarquables, voire faits pour être remarqués, se distingue nettement de la production courante, au prix parfois de prouesses constructives et d’un détachement des contextes urbains en en faisant des « objets » singuliers. D’un autre côté, cette apparente liberté dans le processus de création de la morphologie architecturale permettrait aux architectes d’intégrer à la morphogenèse des paramètres pouvant renouveler l’expérience perceptive, plus fondamentalement kinesthésique, mais aussi ambiantale, de l’espace. Au-delà d’une approche assez formaliste des objets construits, dans quelle mesure peuvent être intégrés dans la morphogenèse architecturale des paramètres relatifs à l’expérience soma-esthétique d’un individu en marche ? Nous faisons l‘hypothèse qu’une investigation située des ressentis et vécus corporels de ces architectures pourrait permettre de dégager certains critères et compléter un volet du champ critique. L’objectif de la thèse est donc d’analyser, de représenter et de catégoriser les conduites motrices et les configurations sensorielles qualitatives remarquables des usagers dans les architectures aux surfaces courbes, afin d’observer et en décrire leurs éventuelles singularités, leurs modes d’émergence et leurs éventuelles contributions à un plaisir éprouvé individuellement et socialement partagé.

La méthodologie mise en œuvre, en faisant appel à l’outil technologique du casque de réalité virtuelle, sollicite la mémoire sensorielle et sa réactivation en introduisant un décalage ou une déstabilisation de l’expérience qui s’avère fructueux pour décrire l’expérience ordinaire et en tirer certains critères intéressants la conception. En suivant strictement ce processus méthodologique, cette investigation s’est appliquée à un corpus de trois architectures curvilinéaires non numériques et numériques à morphologie continue construites à des époques différentes.

En conclusion, cette thèse vise à faire une approche critique située de ces architectures qui peut alimenter un usage projectuel qui ne serait pas réduit à un formalisme de l’objet. Elle élabore et expérimente une méthodologie d’enquête située interrogeant le vécu d’un individu qui pourrait être reproduite et servir d’autres architectures. Elle propose de nouvelles transcriptions graphiques pour un usage d’analyse, mais également de transmission afin d’interroger la place et les limites d’une soma-esthétique dans l’élaboration d’une critique de l’architecture.

30/06/2023 - Emmanuel Mille

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’unité de recherche Architecture, Environnement et Cultures Constructives (AE&CC)

Titre de la thèse

Construire la ville en terre. Le pisé, matériau essentiel de l’extension urbaine de Lyon (XVe-XIXe siècles).

Composition du jury

  • Rapportrice : Béatrice Mariolle, architecte et professeure HDR (TPCAU), ENSA de Lille
  • Rapporteur : Vincent Negri, chercheur HDR, CNRS et Institut des Sciences Sociales du Politique
  • Examinateur : Philippe Devillers, maître de conférences HDR (STA-CIMA), ENSA de Montpellier
  • Examinateur : Thierry Paquot, philosophe de l’urbain et professeur HDR émérite, Institut d’urbanisme de Paris
  • Examinatrice : Sophie Paviol, professeure HDR (HCA), ENSA de Grenoble
  • Directeur de la thèse : Thierry Joffroy, chercheur HDR, directeur de l’équipe CRAterre, AE&CC, ENSA de Grenoble
  • Personnalité invitée : Christophe Margueron, Architecte des Bâtiments de France, UDAP du Rhône et de la Métropole de Lyon

Résumé de la thèse

Cette thèse en architecture renouvelle les connaissances historiques sur l’emploi du pisé de terre crue à Lyon et en offre une lecture inédite. Elle met en lumière l’importance de ce matériau dans l’histoire urbaine de la ville, depuis le Moyen-Age jusqu’au début des années 1900.

Alors que l’on pensait que le pisé avait disparu du paysage urbain lyonnais, cette recherche livre un corpus inédit de 750 édifices contenant du pisé de terre situés sur le territoire de la Métropole lyonnaise, dont 365 sur la commune de Lyon, y compris en secteur UNESCO. Les outils utilisés pour l’analyse de ces bâtiments sont nombreux et complémentaires : analyse quantitative et qualitative, synthèse des données et lecture spatiale par SIG, reconstitution cartographique, analyse morphologique, redessin et photographie.

Le corpus constitué comprend des édifices situés dans les anciens faubourgs ainsi que dans de vastes quartiers urbanisés au XIXe siècle. Les observations croisées, favorisées par la diversité des outils d’analyse utilisés, permettent d’affirmer que le pisé de terre a joué un rôle essentiel lors des expansions urbaines successives de la ville, malgré les diverses réglementations qui ont été mises en place afin d’encadrer son utilisation. Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agit pas uniquement de bâti rural qui serait aujourd’hui englobé dans la ville ou de modestes édifices urbains qui auraient été construits avec une part d’autoconstruction. Le corpus présente en effet de nombreux bâtiments importants (châteaux, maisons bourgeoises, hôpitaux, etc.) ainsi que des immeubles collectifs de très grande hauteur (jusqu’à six niveaux) qui font de Lyon une des villes où les édifices en pisé sont les plus hauts au monde. Enfin, ce corpus illustre une maîtrise remarquable de cette technique de construction et traduit le rôle fondamental de ce matériau économique dans l’urbanisation de Lyon.

Cette thèse incite donc à porter un nouveau regard sur l’histoire constructive et urbaine de la ville et ses implications patrimoniales. Plus largement, dans le contexte actuel de crise écologique, elle porte une dimension prospective sur le potentiel des architectures de terre en milieu urbain, tant dans les pratiques de réhabilitation que dans les chantiers de mise en œuvre contemporaine.

20/02/2023 - Maïlys Toussaint

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités, équipe Cresson

Titre de la thèse

Habituation aux ambiances de la rénovation urbaine. Partage de l’expérience quotidienne à la Villeneuve de Grenoble.

Composition du jury

  • Nicolas TIXIER,  Professeur des écoles nationales supérieures d’architecture, ENSA Grenoble, Université Grenoble Alpes, Directeur de thèse
  • Marcus ZEPF, Professeur des universités, École d’Urbanisme de Paris, Université Paris Est Créteil, Co-Directeur de thèse
  • Pascale PICHON, Professeure émérite des universités, Université Jean Monnet Saint-Étienne, Rapporteure
  • Marie-Hélène BACQUÉ, Professeure des universités, Université Paris Nanterre, Rapporteure
  • Isabelle KRZYWKOWSKI, Professeure des universités, Université Grenoble Alpes, Examinatrice
  • Paul LANDAUER, Professeur des écoles nationales supérieures d’architecture, École d’architecture de la ville et des territoires Paris-Est, Examinateur

Invité : Jean-Paul THIBAUD, Directeur de recherche CNRS, UMR AAU-CRESSON, Université Grenoble Alpes (Co-directeur de thèse jusqu’en décembre 2022)

Résumé de la thèse

La Villeneuve de Grenoble, pensée comme une utopie dans les années 70 puis classée en Zone Urbaine Sensible, a fait l’objet de deux programmes de rénovation urbaine (2008-2025). Ces programmes tentent de changer l’image et la structure du quartier et de le reconnecter avec l’agglomération grenobloise. Dans ce contexte de transformation urbaine, nous avons tenté de comprendre les processus d’habituation des habitants aux ambiances de la rénovation. Les habitudes, savoir-faire et savoir-être, et l’habituation, synonyme de familiarisation ou de désensibilisation, sont potentiellement autant une source de renouveau qu’un frein au changement. Au cours d’une enquête de trois ans (2015-2018) nous observons l’étape d’une réhabilitation en site habité de deux montées d’immeuble de logements sociaux, entourée d’une série de démolition. À travers l’usage du récit, de la photographie et du relevé de signes, nous tentons de comprendre et de rendre compte de l’expérience vécue et de la vie quotidienne des habitants. Entre un agir et un pâtir, les habitants sont déstabilisés et tentent de re-stabiliser leur vie quotidienne. Dans ce bouleversement, nous avons cherché les manières d’être, d’agir et de pâtir pour proposer une réflexion sur le déroulement de ces processus d’habituation, sur leurs possibilités et leurs limites. L’habituation des habitants aux enquêteurs nous mènera à de nouvelles expérimentations méthodologiques pour produire des données face à un terrain qui ne se laisse pas enquêter et pour respecter les différentes postures que prennent envers nous les habitants. Cette recherche, en même temps qu’elle tente de rendre compte de la vie quotidienne et des problématiques de ceux qui habitent la réhabilitation, souhaite proposer un regard sur la place des habitudes et des pratiques quotidiennes dans le déroulement de projet urbain en site habité.

2022

20/12/2022 - Inès Ouni

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités, équipe Cresson

Titre de la thèse

Les mises en ambiance du magasin. Un essai sur l’univers sensible du vêtement.

Sous la direction de

  • Hind KAROUI, maître de conférences à l’Université de Carthage
  • Marc BREVIGLIERI, professeur à la Haute école spécialisée de Suisse Occidentale et chercheur au sein de l’unité de recherche AAU_CRESSON

Composition du jury

  • Jean ATTALI, professeur émérite à l’ENSA de Paris-Malaquais (rapporteur)

  • Fethi REKIK, professeur à la faculté des lettres et des sciences humaines de de l’Université de Sfax (rapporteur)

  • Grégoire CHELKOFF, professeur à l’Université Grenoble Alpes et chercheur au sein de l’unité de recherche AAU_CRESSON (examinateur)

  • Yael IFRAH GIROT, assistante de recherche senior au ETH Zürich Digital Building Technologies (examinatrice)

  • Hind KAROUI, maître de conférences à l’Université de Carthage (co-directrice et membre invitée)

  • Olfa MEZIOU, maître-assistante à l’Université de Carthage (co-encadrante et membre invitée)

  • Marc BREVIGLIERI, professeur à la Haute école spécialisée de Suisse Occidentale et chercheur au sein de l’unité de recherche AAU_CRESSON (co-directeur)

Résumé de la thèse

Parti d’un intérêt porté aux ambiances des boutiques, ce projet de recherche a commencé avec une phase de travail théorique sur les liens entre l’architecture et le vêtement. En étudiant les passerelles entre ces deux domaines, nous nous sommes particulièrement intéressés à la question de l’expression identitaire d’un magasin. Nous nous sommes donc interrogés sur la possibilité de l’exploitation de cette question dans un contexte commercial. Cette idée de concevoir le magasin en tant qu’extension de l’expression vestimentaire imaginée par une marque présentait une piste de réflexion qui permettrait de repenser la mise en ambiance des magasins. À l’issu de cette étape, l’hypothèse émise était que l’espace du magasin, en tant que milieu ambiant, peut fonctionner comme un double atmosphérique des vêtements qui y sont proposés et qui génèrent un ressenti lié aux intentions des marques qui les proposent.

Dans le but d’appréhender l’ambiance du magasin et de vérifier notre hypothèse, nous nous sommes engagés dans une approche exploratoire qui a essentiellement reposé sur une observation participante en magasin. Cette démarche a révélé l’existence de trois acteurs qui font l’expérience de l’ambiance du magasin en même temps qu’ils la co-produisent : les concepteurs, les clients mais aussi les vendeurs. Les données collectées grâce à trois phases d’investigation correspondant chacune à un intérêt porté sur l’un de ces trois acteurs ont été par la suite traitées grâce à deux niveaux d’analyse. Premièrement, nous avons procédé à une analyse séparée de nos terrains d’étude ainsi que des entretiens semi-directifs que nous avons réalisés. Deuxièmement, nous avons effectué une analyse transversale de chaque phase de l’enquête dans le but d’étudier les trois fabriques d’ambiance identifiées.

Une étape de synthèse, basée sur une superposition des apports mutuels des trois champs d’ambiance et une réflexion sur les modes d’articulation de ces trois structures de productions ambiantales, nous a permis par la suite de revenir à notre hypothèse initiale, de montrer que l’ambiance du magasin ne peut pas être simplement pensée comme le double atmosphérique des vêtements. En effet, le rapprochement de trois perspectives distinctes nous a permis de dévoiler les différentes strates qui créent l’ambiance du magasin et d’apporter des réponses quant au rôle des collections vestimentaires exposées dans la genèse de cette ambiance. Nous avons déduit que les vêtements et le magasin sont alors homologues puisqu’ils sont tous les deux des traductions atmosphériques et des media d’un univers spécifique construit par une marque. Dès lors, la mise en ambiance peut être, d’un côté, considérée comme un langage, une scénarisation, de cet univers. D’un autre côté, cette mise en ambiance met en jeu trois figures d’acteurs. Notre travail tente alors de fournir des outils permettant de repenser la projectuelle des ambiances commerciales à l’aune de cette réalité. Cet objectif, loin d’être utopique, permettra aux concepteurs de tenir compte des enjeux communicationnels, financiers et éthiques qui accompagnent l’évolution permanente du contexte commercial en général et de l’espace de vente en particulier.

Mots clés

ambiances commerciales, vêtement, mode, Retail Design, expérience magasin, ethnographie, magasin, boutique, atmosphère

Abstract

Starting from an interest in store atmospheres, this research project began with a phase of theoretical work on the links between architecture and clothing. By studying the links between these two areas, we were particularly interested in the question of the identity expression of a store. We therefore questioned the possibility of exploiting this notion in a commercial context. This idea of conceiving the store as an extension of the sartorial expression imagined by a brand presented a line of thought that would make it possible to rethink the atmosphere of stores. At the end of this stage, the hypothesis put forward was that the store space, as an ambient environment, can function as a second atmosphere of the garments that are already generating certain feelings communicating their brands’ intentions.

In order to understand a store’s ambiance and to verify our hypothesis, we embarked on an exploratory approach that essentially relied on a participant observation in situ. This approach revealed the existence of three actors who experience the atmosphere of the store at the same time as they co-produce it: the designers, the customers but also the salespersons. The data collected through three phases of investigation, each corresponding to an interest in one of these three actors’ perspective, was subsequently processed through two levels of analysis. First, we conducted a separate analysis of our study sites as well as the semi-structured interviews we conducted. Second, we carried out a cross-sectional analysis of each phase of the survey with the aim of studying the three identified ambience agencies.

A synthesis, based on the contribution of the three actors as well as a reflexion about the way these three structures of ambient productions are articulated, allowed us thereafter to return to our initial hypothesis, in order to show that the ambience of the store cannot simply be thought of as the second atmosphere of garments. Indeed, the bringing together of three distinct perspectives allowed us to unveil the different layers that create the atmosphere of a store and to provide answers as to the role of the clothing collections exhibited in the genesis of this atmosphere. We deduced that the garments and the store are homologous since they are both atmospheric and media translations of a specific universe constructed by a brand. Therefore, designing a retail atmosphere can be, on the one hand, considered as a language, a script, of this universe. On the other hand, this design brings into play three stakeholders. Our work then attempts to provide tools to rethink the project of commercial atmospheres in the light of this reality. This objective, far from being utopian, will allow designers to consider the communication, financial and ethical issues that accompany the permanent evolution of the commercial context in general and the retail space in particular.

Keywords

commercial atmospheres, clothing, fashion, Retail Design, store experience, ethnography, store, boutique, atmosphere

15/12/2022 - Manon Scotto

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein du laboratoire Méthodes et Histoire de l’Architecture (MHA)

Titre de la thèse

La trame : outil pluriel de l’architecte. Vers une pensée de la maison industrialisée selon Pierre Lajus et Fabien Vienne.

Sous la direction de

  • Catherine Maumi, architecte, professeure HDR en Histoire et Cultures Architecturales-Histoire et théories de l’architecture et de la ville, ENSA Paris-La Villette

Composition du jury

  • Véronique BIAU, Architecte DPLG, docteure en sociologie, architecte-urbaniste en chef de l’État, HDR – rapporteure
  • Jean-Baptiste MINNAERT, Professeur HDR en Histoire de l’art contemporain à Sorbonne Université – rapporteur
  • Richard KLEIN, Architecte DPLG, docteur en Histoire de l’art, professeur HDR en Histoire et Cultures Architecturales ENSAP Lille – examinateur
  • Giulia MARINO, Architecte, docteure ès sciences, professeure à l’UCLouvain – examinatrice
  • Estelle THIBAULT, Architecte, professeure HDR en Histoire et Cultures Architecturales, ENSA Paris-Belleville – examinatrice
  • Carine BONNOT, Architecte, docteure en Urbanisme (mention Architecture), maîtresse de conférences en Théories et Pratiques de la Conception Architecturale et Urbaine, ENSA Grenoble – examinatrice
  • Guy LAMBERT, Docteur en Histoire de l’Architecture, maître de conférences en Histoire et Cultures Architecturales, ENSA Paris-Belleville – examinateur
  • Catherine MAUMI, Architecte, professeure HDR en Histoire et Cultures Architecturales-Histoire et théories de l’architecture et de la ville, ENSA Paris-La Villette – directrice de la thèse

Résumé de la thèse

Si la trame semble être un outil usuel de la conception architecturale, commun à l’architecte novice comme au plus aguerri, rares sont les travaux scientifiques qui lui sont consacrés. De surcroit, aucun ne traite du processus d’appropriation que l’architecte met en place pour faire l’apprentissage de ses potentialités. Il peut être question des fonctionnalités de la trame (Zeitoun, 1977), mais jamais des rouages adoptés par le concepteur pour parfaire sa maitrise de cet outil, au fil de ses expériences. Forte de ce constat, cette thèse se propose de décrypter le cheminement emprunté par l’architecte pour apprivoiser, décliner et faire sienne cette méthodologie particulière du projet.

Lorsque certains praticiens auraient subi la profusion de réflexions que le XXe siècle a porté sur la trame, parfois instrumentalisée par les institutions ou les industriels, d’autres en auraient fait un levier de création et de réinvention de leur processus conceptuel. C’est le cas des architectes Fabien Vienne (1925-2016) et Pierre Lajus (1930-), ayant fait de la trame un outil privilégié pour concevoir l’architecture. Enrichissant constamment leur processus de conception de références et de retours d’expériences accumulés au gré des occasions (prototypages, voyages, lectures, collaborations), ces architectes n’ont cessé de faire évoluer leur usage de la trame.

En ce sens, cette thèse propose une approche biographique, visant à mettre en lumière les éléments de vie des architectes qui auraient sensiblement orienté leur appropriation de la trame, et dessiné, en partie, leurs trajectoires professionnelles ; ainsi qu’une approche analytique de leurs projets, pour comprendre comment ils font usage de la trame dans leur processus de création, et réinterprètent les acquis conceptuels forgés au cours de leurs carrières. En somme, être attentive aux architectes autant qu’à leur production, qu’elle soit dessinée, écrite ou bâtie. Notre problématique vise ainsi à comprendre dans quelle mesure la trame, en tant qu’outil de conception de l’architecte, lui assurerait d’appréhender pleinement la complexité de l’écosystème du projet d’architecture. Développée en quatre parties qui interrogent les processus d’acculturation, d’exploration, de mise à l’épreuve et de conceptualisation de la trame, la thèse éclaire les progressions de l’architecte dans la maturation de son outillage de conception.

La maison industrialisée, articulant rationalisation de la conception, expérimentation constructive, multiplicité des acteurs et évolutivité permanente des usages, en est le parfait banc d’essai. À ce titre, le corpus d’étude repose, d’une part, sur des systèmes modulaires et constructifs ayant permis la production de maisons en série (Système EXN, Fabien Vienne, 1974 ; Maison Girolle, Salier-Courtois-Lajus-Sadirac, 1966) ou l’ayant envisagé (Système Trigone, Fabien Vienne, 1960 ; Maisons Phébus et R5, Pierre Lajus, 1983-1985) ; et sur des réalisations singulières (Chalet de Barèges, Pierre Lajus, 1966 ; Maison-agence de Mérignac, Pierre Lajus, 1973) d’autre part. Un ensemble de projets subsidiaires, imaginés par une diversité de concepteurs (architectes, designers, artistes), éclaire ce matériau principal.
Loin de se résumer à un principe systématique, la trame – mobilisable à travers les phases, échelles et partenariats inhérents au projet d’architecture ; porteuse d’une multiplicité d’enjeux (constructifs, économiques, spatiaux, etc.) ; perfectionnée au fil des années ; nourrie des composantes variées de l’univers culturel, expérientiel et relationnel de l’architecte – constituerait un outil conceptuel dont il peut couramment faire usage tout en réinterrogeant, en permanence, son processus de création.

14/03/2022 - Nicolas Vernet

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe Cultures Constructives / Unité de Recherche AE&CC

Titre de la thèse

Les cités subsidiaires.
Le modèle des garden cities comme une des réponses possibles à la crise du logement dans un contexte de transition énergétique au XXIe siècle ?

Composition du jury

  • Vincent BECUE, Professeur, Université de Mons (BE), Rapporteur
  • Florence RUDOLF, Professeure des Universités, INSA de Strasbourg, Rapportrice
  • Angelo BERTONI, Professeur, ENSA de Strasbourg, Examinateur
  • David FÉE, Professeur des Universités, Université Sorbonne Nouvelle, Examinateur
  • Susan PARHAM, Professeure associée, University of Hertfordshire (UK), Examinatrice
  • Anne COSTE, Professeure, ENSA de Grenoble – Univ. Grenoble Alpes, Membre du jury

Résumé de la thèse

En 1898, le réformateur social Ebenezer Howard (1850-1928) publie son ouvrage «To-Morrow»: ce texte fondateur du mouvement des garden cities va devenir par la suite l’une des théories d’urbanisation les plus importantes du XXe siècle et faire de son auteur l’un des pionniers britanniques du town planning. À partir de ce moment, le modèle des garden cities va se diffuser très largement et ne cessera d’inspirer de nombreuses théories urbaines ainsi que la réalisation de nouveaux établissements humains dans le monde entier.

Alors que plus d’un siècle s’est écoulé, ce modèle d’urbanisation particulier connaît aujourd’hui un regain d’intérêt chez différents acteurs contemporains de l’urbanisme. Cette thèse s’inscrit dans ce contexte : elle a pour objectif de contribuer à proposer de nouveaux scénarios d’organisation urbaine et territoriale capables de répondre à la crise du logement actuelle tout en prenant en compte les défis liés au changement climatique.

Ce travail a pour ambition d’explorer plus particulièrement la transition socio-énergétique de l’urbain au-delà des réflexions sur la fonctionnalité de l’espace domestique, sur les solutions technologiques ou encore sur la mobilité. Il propose ainsi d’aborder le sujet à travers une approche de l’habiter transcalaire et systémique grâce à laquelle la mise en œuvre d’une démarche de territoire à énergie positive serait envisageable. Cette approche se situe dans un courant pragmatique, en plaçant l’action (« praxis ») et le transfert de la recherche vers la pratique au centre de ses préoccupations.

Afin de mieux comprendre le modèle d’urbanisation des garden cities, cette recherche explore différents aspects socio-historiques, biographiques et théoriques. Elle s’appuie également sur divers projets que ce modèle a inspirés au cours du XXe siècle jusqu’à certaines interprétations plus récentes, et dont la grande majorité est située sur le territoire britannique.

Enfin, ce projet s’inscrit dans la continuité de recherches portées par l’unité de recherche Architecture, Environnement & Cultures Constructives (AE&CC) : le programme Ignis Mutat Res du Bureau de la Recherche Architecturale, Urbaine et Paysagère (BRAUP, MCC), le programme GC21 ainsi que plusieurs autres projets de recherche sur l’habitat soutenus par le LabEx AE&CC.

Mots clés

garden cities, modèle, transition énergétique, projet, logement

Abstract

In 1898, the social reformer Ebenezer Howard (1850-1928) published his book «To- Morrow »: this founding text of the garden city movement subsequently became one of the most important urbanization theories of the 20th century and made its author one of the british pioneers of town planning. From that time, the garden city model spread widely and continued to inspire many urban theories and the construction of new settlements around the world.

While more than a century passed, this particular model of urbanization is now experiencing a renewed interest among various contemporary stakeholders of urban planning. This thesis takes place in this context: it intends to contribute to propose new scenarios of urban and territorial organization able to address the current housing crisis while simultaneously taking into account the challenges posed by climate change.

This work seeks to explore more specifically the energy transition of the urban environment beyond the reflections on domestic space functionalities, technological solutions or mobility. It suggests approaching the subject through a transcalar and systemic approach of living thanks to which the development of a positive energy territory would be possible. This approach is situated in a pragmatic movement, placing action (« praxis ») and the transfer of research to practice at the core of its concerns.

In order to better understand the model of urbanization of the garden city, this research explores its different socio-historical, biographical and theoretical aspects. It also looks at various projects that this model has inspired throughout the 20th century, up to more recent interpretations, the vast majority of which are located in the UK.

This project is in line with researches carried out by the Architecture, Environment & Building Cultures Research Unit (AE&CC): the Ignis Mutat Res program of the Architecturale, Urban and Landscape Research Office (BRAUP, MCC), the GC21 program as well as several other research projects on housing supported by the LabEx AE&CC investment.

Keywords

garden cities, model, energy transition, project, housing

31/01/2022 - Maxime Bonnefoy

École doctorale de Physique
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein du laboratoire LIPHY de l’Université Grenoble-Alpes (UGA) et de l’UMR Ambiances, Architectures et Urbanités, équipe Cresson (ENSAG)

Titre de la thèse

Étude exploratoire et transdisciplinaire par analogie des mouvements de cellules et d’humains au sein d’architectures équivalentes

Directeurs de thèse

  • Martial Balland et Thomas Boudou (Liphy)
  • Philippe Liveneau (AAU/Cresson)

Composition du jury

  • Alexander VERKHOVSKY, Maître d’enseignement et de recherche à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (Rapporteur)
  • Denis BRUNEAU, Professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux (Rapporteur)
  • Aysegül CANKAT, Professeure, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble (Examinatrice)
  • Philippe PEYLA, Professeur des Universités à l’Université Grenoble Alpes (Examinateur)

Résumé de la thèse

Cette recherche transdisciplinaire propose une collaboration synergique entre la biophysique et l’architecture. Elle porte sur l’observation des interactions entre un être vivant et l’environnement spatial dans lequel il évolue à deux échelles conjointement : celle microscopique d’une cellule épithéliale et celle macroscopique d’un être humain. En plaçant ces êtres vivants dans des espaces à la géométrie contrôlée et en observant leurs mouvements, nous cherchons à identifier des phénomènes récurrents ou invariants dans leurs organisations spontanées, à comprendre certaines de leurs capacités de mouvement ou de perception et enfin à qualifier spatialement les environnements en fonction des potentiels d’actions qu’ils offrent. Concrètement, nous cultivons des cellules kératocytes que nous plaçons dans des microarchitectures fabriquées par photolithographie aux UV et nous invitons des participants à se déplacer dans des dispositifs architecturaux construits à échelle humaine. Nous observons leurs trajectoires respectives à l’aide de microscopie à fluorescence ou de caméras puis les analysons avec des programmes de suivi (TrackMate, ImageJ). Nos expérimentations produisent plusieurs résultats : Dans des géométries de couloirs aux parois pliées, nous mesurons un biais de direction de la migration chez les cellules kératocytes et un biais de vitesse du déplacement chez les humains. Dans des intersections de couloirs, nous identifions deux types de mouvement communs : un blocage des déplacements et un phénomène de stop-and-go. Enfin, la mise en perspective de nos protocoles de recherche se révèle utile pour l’amélioration de la fabrication de microenvironnements à grande échelle, le développement de variantes de culture cellulaire adaptées aux configurations spatiales étudiées, la production d’un dispositif architectural pour l’étude de déplacements humains et la caractérisation des spatialités en fonction des mouvements cellulaires ou humains.

Mots clés

Architecture, Biophysique, Transdisciplinarité, Mouvement, Déplacement, Vivant

Title

Exploratory and transdisciplinary study by analogy of cell and human movements within equivalent architectures

Abstract

This transdisciplinary research proposes a synergistic collaboration between two disciplines: biophysics and architecture. It focuses on the observation of interactions between a living being and the spatial environment in which it evolves at two scales: the microscopic scale of an epithelial cell and the macroscopic scale of a human being. By placing these living beings in spaces with controlled geometry and by observing their movements, we seek to identify recurrent or invariant phenomena in their spontaneous organizations, to understand some of their capacities of movement or perception and finally to spatially qualify the environments according to the potential of actions that they offer. Concretely, we cultivate keratocyte cells that we place in microenvironments built by UV photopatterning and we invite participants to move in architectural devices built at human scale. We observe their respective trajectories with fluorescence microscopy or cameras and then analyze them with tracking programs (TrackMate, ImageJ). Our experiments produce a set of results: In corridor geometries with folded walls, we measure a direction bias in keratocyte cells migration and a movement speed bias in humans walks. In corridor intersections, we identify two common types of movement: a blocking of movements and a stop-and-go phenomenon. Finally, putting our research protocols into perspective is useful for the improvement of the fabrication of large-scale microenvironments, the development of cell culture variants adapted to the studied spatial configurations, the production of an architectural device for the study of human displacements, and the characterization of spatialities as a function of cellular or human movements.

05/01/2022 - Vanessa Stassi

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités, équipe Cresson

Titre de la thèse

Chronique d’une métamorphose urbaine (le cas de la Petite Ceinture de Paris). Mise en partition des micro-résonances pour une écologie de l’hypersensible.

Composition du jury

  • Alain GUEZ, Professeur en Villes et Territoires à l’ENSA de Nancy, rapporteur
  • Pascal NICOLAS-Le STRAT, Professeur en sciences de l’éducation à l’Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, rapporteur
  • Laurent DEVISME, Professeur à l’ENSA de Nantes, président
  • Chris YOUNÈS, Professeure émérite à l’ENSA de Paris La Villette, membre
  • Federica GATTA, Maîtresse de conférences à l’Université Grenoble Alpes, membre
  • Jean-Paul THIBAUD, Directeur de recherche au CNRS, directeur de thèse
  • Stéphane BONZANI, Professeur à l’ENSA de Clermont-Ferrand, co-encadrant de thèse

Résumé de la thèse

Cette thèse a pour point de départ le constat de l’émergence de démarches d’aménagement qui revendiquent des approches et méthodes plus immersives, collectives, processuelles convoquant la matière « sensible » dans le champ de l’architecture et de l’urbanisme. Ces formes de processus expérimentaux sont de plus en plus soutenues par les institutions pour répondre à des besoins urbains non satisfaits et enjeux complexes (politiques, sociales, écologiques) émanant des évolutions continuelles de nos sociétés actuelles.

Depuis les années 1990, artistes, architectes, urbanistes, paysagistes, etc. prônent un « droit à l’expérimentation » qui questionne en profondeur les degrés d’implication et rôle des différents acteurs dans la production et la métamorphose de nos milieux de vie. Ceci engendre de nouvelles coexistences disciplinaires et professionnelles. Ces manières de faire « ensemble » et faire « avec le déjà là » reconnaissent l’expertise des usagers-habitants comme prépondérante. On parle d’attitude qui interroge en profondeur les normes, savoirs, connaissances, représentations et actions collectives.

Dans ce sens, de nouveaux dispositifs méthodologiques souvent empruntés aux sciences sociales émergent au sein de la recherche urbaine. Ainsi, cette thèse nous situe dans une forme de recherche « embarquée » entraînée au sein d’un processus à l’œuvre concernant la transformation et l’ouverture au public du territoire de la Petite Ceinture de Paris (processus d’un grand chantier ouvert collectif de 2015-2020). Ancienne ligne de chemin de fer ferroviaire entourant Paris, la Petite Ceinture est depuis son silence progressif un territoire de toutes les convoitises, expérimentations, débats et initiatives inusuels. Des méthodes d’observations participantes et d’implication « hybride » ont permis de révéler l’existence de « micro-résonances » opératoires (caractéristiques, typologies, potentialités). Des infra-relations affectives, corporelles, et sociales que les individus entretiennent avec les milieux ambiants. Ces « micro-résonances » surgissent grâce à un travail d’écoute fine in situ et de restitution polyphonique. Ceci ouvre de nouvelles perspectives sur les manières de concevoir par la matière sensible en produisant une puissante énergie affective qui suscite des valeurs partagées. Ces micro-relations montrent par leur mise en partition des leviers capables d’œuvrer en commun en faveur d’une écologie de « l’hypersensible ».

Mots clés

Micro-résonances, hypersensible, partition, appropriation, friches ferroviaires, Petite Ceinture, expérimentation collective.

2021

17/12/2021 - Benoît d’Almeida

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe Cultures Constructives / Unité de Recherche AE&CC

Titre de la thèse

Le modèle de la Garden city, un réservoir de précédents pour inspirer la transformation de la ville mexicaine

Composition du jury

  • Enrico Chapel, Professeur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse, LRA, rapporteur
  • Cynthia Ghorra-Ghobin, Directrice de recherche émérite, CNRS-CREDA, rapportrice
  • Agnès Berland-Berthon, Professeure, Université Bordeaux Montaigne, IATU, examinatrice
  • Matthew Hardy, Maître de Conférences, University of Oxford & The Prince’s Foundation, examinateur
  • Gilles Novarina, Professeur, Université Grenoble Alpes, Unité de recherche AE&CC, directeur de thèse
  • Ramón Reyes Rodriguez, Professeur, Université de Guadalajara, CUAAD, examinateur
  • Florence Rudolf, Professeure, INSA Strasbourg, laboratoire AMUP, examinatrice
  • Stéphane Sadoux, Maître de conférences, ENSA de Grenoble, Unité de recherche AE&CC, co-directeur de thèse

Résumé de la thèse

Lorsqu’Ebenezer Howard imagine sa Garden city, il cherche une réponse à ce que les contemporains de la seconde moitié de dix-neuvième siècle considèrent comme « une crise urbaine sans précédent ». Les grandes villes sont surpeuplées et imposent des conditions de vie désastreuses aux classes populaires. La spéculation foncière conduit à une croissance incontrôlée des périphéries urbaines.
Son invention repose sur le « retour du peuple à la terre ».
Elle prône la migration des populations urbaines vers un réseau de cités-satellites interconnectées qui conjuguent les qualités de la ville et de la campagne. Le chemin de fer est l’outil de cette migration. Il doit organiser le déplacement des populations depuis les zones urbaines devenues tombeaux de la condition humaine. Dans ces nouvelles cités, une propriété collective du foncier est mise en place. Elle doit empêcher l’appropriation des plus-values foncières par les spéculateurs, et permettre leur réinversion au profit de la communauté.
Les architectes Barry Parker et Raymond Unwin spatialisent la Garden city. Ils font le choix d’une architecture pittoresque, de tracés adaptés au contexte géographique, et utilisent la nature comme un élément structurant de l’organisation urbaine.
La Garden city a une immense influence sur les théories de l’urbanisme, et se diffuse dans de nombreux pays d’Amérique latine, dont le Mexique. Un groupe d’architectes et d’ingénieurs – parmi lesquels Carlos Contreras, Ignacio Bancalari, José Cuevas Pietrasanta – convoquent le modèle pour planifier un Mexique postrévolutionnaire en phase avec ses idéaux. En s’inspirant de la Garden city Association, ils créent l’Association Nationale pour la Planification de la République Mexicaine qui s’intéresse à la fois à la diffusion du modèle et promeut une planification à l’échelle du pays tout entier.
Gouvernement, organisations intergouvernementales – dont ONU Habitat – et divers think tanks : tous s’accordent sur un certain nombre de défis urbains auxquels le Mexique fait face. Des défis finalement peu éloignés de ceux auxquels Howard cherche des réponses. Dans le sillage de sa célèbre Réforme agraire au début du XXe siècle, le Mexique prône aujourd’hui la nécessité d’une grande Réforme urbaine. Cette thèse s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle la Garden city pourrait constituer « un réservoir de précédents » dont les acteurs mexicains peuvent s’inspirer pour impulser la transformation de leurs villes et territoires. Alors que de nombreux rapports mettent l’accent sur la ville-compacte et la densification de ses tissus existants, ce travail défend qu’il soit possible d’étendre la ville de façons vertueuses. Il convoque à ce titre des réflexions héritières de la Garden city telles que le neighborhood unit, ou le new urbanism plus contemporain.
Plus d’un siècle après les propositions de Howard, nos villes semblent être confrontées à des problématiques relativement proches. Ses idées n’ont jamais réellement été mises en pratique à grande échelle, alors même que Letchworth – première matérialisation du modèle – a prouvé de sa faisabilité. Face aux statu quo qui durent depuis tant de décennies, n’est-il pas temps de bouleverser notre imaginaire de la ville et de rompre avec nos pratiques actuelles ?

La démonstration d’une telle hypothèse passe par une réflexion en trois temps.
Primo, en questionnement les notions théoriques de modèle et de diffusion, puis en définissant la Garden city non seulement comme modèle urbain, mais également comme projet de société en mesure de proposer une nouvelle façon d’imaginer les villes et territoires de demain. Ce travail défend que le réservoir de références de la Garden city se fabrique dans un perpétuel va-et-vient entre la théorie et l’empirique. Il revient sur les différents précédents qui le composent, sur ses principes, et ses matérialisations pour le définir au travers d’un certain nombre d’aspirations sociales et de principes spatiaux.
Secundo, en étudiant la diffusion du modèle dans le contexte mexicain. Cette phase analyse ses canaux de diffusion, ses matérialisations les plus significatives, et statue sur les transformations que ces réalisations subissent. Elle souhaite montrer que parler de Garden city au Mexique n’est pas un insensé grand écart et que le pays a déjà largement convoqué ce précédent par le passé. Mais aussi à enrichir le réservoir de précédents en mobilisant les expériences mexicaines.
Tercio, en imaginant comment ce « réservoir de précédents » peut transformer la ville mexicaine actuelle. Le projet d’architecture et d’urbanisme est mobilisé comme une enquête capable de créer de la connaissance. Une enquête d’abord orientée vers la compréhension d’un lieu, puis vers la prospection d’un futur pour ce lieu. L’imagination de scénarios est cœur de cette dernière partie. Elle permet de comparer certains futurs possibles et plausibles, et de nous positionner.
Cette dernière partie se confronte à la création d’une méthodologie et d’un nouvel outil de projet. Une sous-hypothèse la taraude : une transformation pertinente pour un lieu, l’est-elle également pour d’autres lieux ? Plutôt que d’asseoir ses scénarios sur un lieu existant, elle préfère fabriquer un territoire urbain typique des villes mexicaines pour expérimenter ses idées. Ce processus s’attache à observer les spécificités de ces villes et à monter en généralité ses traits typiques. Il en fabrique un lieu qui n’existe pas – ou topos – qui combine l’ensemble de ces spécificités. Ce lieu typique est à la fois utilisé comme une illustration de la complexité de ces territoires urbains, mais également comme un support pour expérimenter – par le dessin – les transformations proposées.

Title

The Garden city model : a reservoir of precedence to inspire the transformation of the Mexican city

Abstract

When Ebenezer Howard imagines his Garden City, he is looking for a response to what his contemporaries in the second half of the 19th century considered an “urban crises without precedence”. The big cities are overpopulated and force the working classes to live un disastrous conditions. Land speculation in the urban periphery races out of control.
Howard’s invention is based on the idea of the “people’s return to the land”.
The idea is to encourage city dwellers to migrate out to a network of interconnected satellite cities that propose the best of urban and country life, via the railroads. His work consists in part in the organization of this migration away from urbans centers. In his new cities, all the land would be collectively owned. This collective ownership would inhibit speculative development and permit instead to reinvest in the community.
The architects Barry Parker and Raymond Unwin design the first Garden City. They create picturesque architecture that fits into its geography and context, with nature as a structuring element of the city’s organization.
The Garden City has an immense influence on the theory of urbanism, influencing urban planning in numerous Latin American countries, including Mexico. A group of architects and engineers – such as Carlos Contreras, Ignacio Bancalari, José Cuevas Pietrasanta – use the Garden City model to plan a post-revolutionary Mexico fitting with its principles. Inspired by the Garden City Association, they create the National Association for the Planning of the Republic of Mexico, which aims both to promote the model and to put it into practice at a national scale.
The government, intergovernmental organization – including UN-Habitat – and numerous think tanks all agree on a set of urban challenges faced by Mexico. In the end, these challenges differ only slightly from those which Ebenezer Howard sought to resolve. Still in the wake of the Agrarian Reform of the first part of the 20th century, individuals across Mexican society advocate for and deem necessary a new Urban Reform. This Thesis is based on the hypothesis that the Garden City could constitute a “reservoir of precedence” those implicated in this Urban Reform in Mexico could use as inspiration to push forward the transformation of their cities and territories. Although certain research accentuates the idea of the compact city and increasing the density of the existing urban fabric, this work defends the idea that it is possible to extend the city in a manner that is virtuous. Reflections inherited from the Garden City such as the Neighborhood unit or the more contemporary New urbanism are used to support the claim.
More than a century after Howard published his proposals, our cities seem to be confronted by very similar issues. The ideas of Howard have never been effectively practiced at a large scale, despite the great success of the first materialization of the ideas in the English city of Letchworth. In the face of a status quo that has lasted for decades, the author asks if it is it not time to shake up our conception of the city as well as our current practices.

The demonstration of such a hypothesis is separated into three parts:
First, the research questions the theoretical notions of the model and its dissemination, thus defining the Garden city not only as a model of urban planning, but also as a social project that can propose new ways to imagine the cities and communities of tomorrow.
This work posits that the reservoir of references found in the Garden City is constituted by a knowledge built both in theory and practice. The work traces the multiple examples of the Garden City, their principles and their materializations in order to define a set of social aspirations and spatial principles.
Second, the research studies the dissemination of the model on the Mexican context. This phase of the work analyses the conduits of dissemination, their most important materializations, and certain legal limitations faced by these cases. The research shows that to reference the Garden City in the Mexican context is not only reasonable but recognizant of the importance of the model in the history of Mexican city planning. The research hope to contribute to the reservoir of references through the consideration of theses Mexican examples.
Third, the work imagines how this reservoir of precedence can transform Mexican cities today. Here, the architectural and urban project is used as a means of inquiry capable of creating knowledge. It is an inquiry that can produce an understanding of a certain place, and then, imagine a prospective future for this place. This last part of the research is focused on the creation of possible scenarios. These possible or probable futures can be compared and can be used to help inform the planning process.
This last part of the research project elicits the creation of a methodology and the novel research tool of the project. The research questions if the pertinent transformation made of one space could be equally pertinent in another? Rather than relying on an existing site as the locus of exploration of the various scenarios, this research fabricates an urban environment constructed of elements typical of Mexican cities in which to set the experiment. This process necessitates the observation of multiple Mexican cities and the identification of generalities and typical traits. The research thus creates a site that does not exist – ou topos – that combines these characteristics. This site is used both as an illustration of the complexities of these urban environments and as a context for the experimentation of the proposed transformations – notably through the process of drawing.

15/12/2021 - Théo Marchal

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités, équipe Cresson

Titre de la thèse

Écouter l’Architecture : Outils numériques et conception ambiantale, la piste du sonore renouvelée

Composition du jury

  • Carlotta DARO, HDR, Maîtresse de conférences ENSA Paris Malaquais/Liat, rapporteure

  • Emmanuel GOURDON, Ingénieur civil, membre du Labex CeLyA, Professeur ENTPE, rapporteur

  • Roland CAHEN, Designer/Compositeur Sonore, Enseignant chercheur à l’ENSCi les Ateliers, examinateur

  • Élise GEISLER, Architecte Paysagiste, UMR ESO (Espaces et Sociétés), Maitre de conférences à l’École de Paysage d’Angers, examinatrice

  • Cécile REGNAULT, HDR, UMR EVS (Environnement, Ville, Société), Professeure à l’ENSA Lyon, examinatrice

  • Grégoire CHELKOFF, HDR, UMR AAU/Cresson – Professeur à l’ENSA Grenoble, directeur de thèse

Résumé de la thèse

Cette thèse de doctorat en architecture s’inscrit dans le champ des recherches sur les phénomènes sensibles et les environnements vécus menées par le laboratoire AAU et l’équipe CRESSON depuis plusieurs années. Ce travail a plus spécifiquement pour objet l’étude de l’espace sonore en tant que paramètre de l’environnement physique et de la qualité de vie des espaces qui y sont associés.

Nous avons pour objectif de tester dans quelle mesure le son peut être un médium approprié à une prise en compte plus large des ambiances dans la conception architecturale en favorisant une posture -au sens propre comme au sens figuré- du concepteur. Pour cela, nous avons développé un logiciel (Esquissons) permettant d’esquisser l’environnement sonore d’un dispositif, d’une architecture ou d’une configuration urbaine modélisés. Le développement d’un outil numérique et les interrogations que cela suscite nous pousseront également à envisager l’apparition des nouveaux outils de conception et d’évaluation numériques dans l’environnement du concepteur spatial comme un élément potentiel de redéfinition des modes de projet en renouvelant une réflexion sur la qualité des ambiances et des espaces vécus.

Ainsi, avec l’espace sonore comme point de départ et l’outil numérique comme appui, nous tentons d’élargir les interrogations induites par la prise en compte des phénomènes physiques afin d’y faire rentrer d’autres considérations tout aussi importantes pour la qualité des espaces vécus – à travers le lien social, la notion d’intimité, les rapports de perceptions proches et lointaines ou plus largement l’enjeu de l’expérience subjective, toujours en relation avec le contexte environnant.

Esquissons a été testé à travers des expérimentations en contexte qui ont pris la forme d’ateliers ou d’expériences impliquées. Cela nous a permis de parcourir et de questionner le processus du projet architectural de la conception jusqu’à l’évaluation à travers les prismes du sonore et de l’outil numérique « en acte » ; ce qui se traduit par les questions suivantes : Comment le son peut-il être associé à un ou des vecteurs particuliers de prise en compte des espaces vécus au-delà des évaluations quantitatives acoustiques traditionnelles ? et : Quels peuvent-être la place et le potentiel de l’outil numérique dans une perspective de prise en compte des ambiances dans le projet architectural ?

Mot clés

Ambiances, Espace sonore, Acoustique, Outils numériques, Aide à la conception, Expérience sensible, Espace, Architecture, Outils paramétriques

03/06/2021 - Nour Moussawi

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe de recherche AAU/Cresson

Titre de la thèse

La variabilité, un enjeu des ambiances nocturne de demain. Expériences situées, méthodologies et outils du projet d’éclairage urbain.

Composition du jury

  • Jean Michel DELEUIL, Professeur HDR, INSA de Lyon (rapporteur)
  • Sandra MALLET, Maîtresse de conférences HDR, Université de Reims Champagne-Ardenne (rapporteure)
  • Sandra FIORI, Maîtresse de conférences, ENSA de Lyon (examinatrice)
  • Luc GWIAZDZINSKI, Professeur HDR, ENSA de Toulouse (examinateur)
  • Grégoire CHELKOFF, Professeur HDR, ENSA de Grenoble (directeur de thèse)

Résumé de la thèse

Avec les évolutions technologiques (nouvelles sources, techniques numériques, « smart grid », etc.) l’éclairage urbain variable gagne de plus en plus l’espace urbain et participe à sa composition nocturne. Si c’est d’abord sous forme d’installations artistiques, souvent temporaires ou éphémères, c’est plus récemment comme une composante essentielle d’un projet d’éclairage urbain décrit comme plus durable, interactif, adaptatif et « intelligent » que l’idée de variation se propage. Une pluralité de choix en termes de pratiques et de conceptions s’offre aux acteurs et des formes de variabilité lumineuse semblent se diffuser et s’imposer dans la ville nocturne qui poussent à renouveler notre façon de la penser et de la produire. Mais qu’en est-il plus précisément ? Quelle place prend la lumière variable dans l’espace urbain d’aujourd’hui et sous quelles formes se configure-t-elle ? Quel rôle peut-elle jouer dans la transition vers la ville nocturne de demain? Comment la dimension variable de l’éclairage urbain peut-elle interroger le processus de design d’un projet lumière ?

C’est pour esquisser des réponses à ces questions et afin d’explorer toutes les implications de cette notion que cette recherche prend comme objet d’étude l’idée de variabilité temporelle et spatiale de l’éclairage urbain et des ambiances nocturnes. Elle consiste à explorer l’émergence et le rôle de la variabilité dans l’analyse et la compréhension de l’existant et sa requalification. En explorant différents facettes des variations possibles de la lumière urbaine artificielle, nous tentons de déceler des modes d’appréhension et de productions, pour mieux en comprendre les phénomènes et implications pratiques. Il s’agit aussi de définir les conditions pour une conception lumière qui serait renouvelée, basée sur les potentialités de la variabilité spatio-temporelle de l’éclairage urbain à susciter un projet lumière partagé adapté aux rythmes du vécu quotidien des usagers et aux temporalités de la ville nocturne.

Nous partons de l’hypothèse que l’intégration de la notion de variabilité dans les processus d’analyse et de design devrait offrir de nouvelles données permettant de contribuer au développement des approches et des axes de conception existants, comme une condition de transition ambiantale et urbanistique vers la ville nocturne de demain. Nous avons constitué simultanément 3 axes de travail. Le premier, constitué à partir de projets lumière réalisés, explore les formes de variabilité lumineuse existantes mises en pratiques. Il permet de dresser l’état de l’art concernant les pratiques et les techniques de l’éclairage urbain variable et de déterminer ses fonctions et ses enjeux à partir de documents et projets disponibles. Le second axe d’exploration, repose sur nos propres interactions opérationnelles avec des acteurs du domaine de l’éclairage urbain, en nous impliquant directement dans différentes expériences situées, cet « engagement chercheur » permet d’explorer différentes modalités d’intégration de la variabilité dans différentes étapes de production d’un projet lumière. Cette investigation permet de distinguer deux concepts complémentaires qui composent la ville nocturne : la variabilité conçue, se basant sur un jeu de paramètres et une variabilité ordinaire du vécu ambiant nocturne. Le troisième axe de travail, est construit sur l’interprétation argumentée de situations lumineuses que nous avons réinterprétées en extrapolant des critères et des axes de réflexion, il vise à tester nos analyses au cœur d’une approche des phénomènes d’ambiances en tentant de saisir certains seuils sensibles de variabilité lumineuse. A partir de l’ensemble de ces investigations, nous distinguons trois modes d’apparition de la variabilité des ambiances lumineuses dans l’espace-temps nocturne. L’ensemble de notre démarche ayant comme intention principale de travailler avec des solutions lumineuses adaptées au vécu quotidien et se situant dans le cadre de villes en mutation (transport, environnement, habitats, espaces publics), intéresse à la fois l’analyse de l’existant et la proposition de nouveaux outils et concepts au regard d’une approche sensible et contextuelle des villes nocturnes.

Mots clés

Eclairage urbain, Variabilité lumineuse, Ambiance nocturne, Conception lumière, projet lumière.

01/06/2021 - Mougib El Rahman Aboamer

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe de recherche Méthodes et Histoire de l’Architecture (MHA)

Titre de la thèse

Architecture et évolution sociopolitique. Vers une lecture multiple du centre-ville du Caire (1869-1973).

Composition du jury

  • Galila EL KADI, directeur de recherche émérite, IRD CESSMA UMR 245 Université Paris Diderot, HDR (rapporteure)
  • Anna MADOEUF, professeur à l’Université de Tours, HDR (rapporteure)
  • Nicolas TIXIER, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, HDR (examinateur)
  • Frédéric POUSIN, directeur de recherche, UMR AUSSER 3329, HDR (examinateur) 
  • Vittoria CAPRESI, Ingénieur Docteur, GIZ Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (examinatrice)
  • Catherine MAUMI, Professeur, ENSA Paris La Villette, Directrice de thèse

Résumé de la thèse

Il est difficile de séparer l’architecture de la ville, comme « fait urbain », des contextes sociopolitiques qui les ont produits. Les études menées sur le centre-ville du Caire montrent l’importance de la relation existante entre cette « ville moderne » construite depuis le XIXe siècle, les changements politiques et les évolutions sociétales. Cette relation est également illustrée dans certaines représentations fictionnelles de la ville, produits culturels de la société égyptienne, telles que les œuvres littéraires et les films cinématographiques.

Cette recherche interroge l’évolution de l’architecture et du paysage urbain du centre-ville du Caire telle que représentée dans les œuvres littéraires et les films cinématographiques égyptiens depuis la construction de la ville moderne (le centre-ville) en 1869 à l’époque du khédive Ismaïl (1863-1879) jusqu’au lendemain de la guerre de Kippour 1973 à l’époque du président Anouar El Sadate (1970-1981). Il s’agit de poser un regard critique sur le rôle des dimensions sociétales et politiques dans l’évolution architecturale et urbaine du centre de la capitale égyptienne, tout en analysant les représentations de celle-ci, influencées par le contexte sociopolitique au cours de cette période.

En partant de l’hypothèse que les représentations fictionnelles, littéraires et cinématographiques, permettent d’acquérir une meilleure compréhension du centre de la capitale égyptienne, nous avons découvert des juxtapositions entre les représentations littéraires du centre-ville du Caire et les faits urbains « réels ». Nous supposons qu’une telle confrontation entre les « fictions » de la ville et ses « réalités » peut nous amener à construire une nouvelle image du centre-ville : de son architecture, des espaces qui la caractérisent, et des usages de ceux-ci.

Pour ce faire, nous mettons en place une approche méthodologique proposée par Roland Barthes dans L’aventure sémiologique : celle de la lecture multiple. Elle consiste à croiser plusieurs documents de natures diverses afin d’offrir une meilleure compréhension de la ville. Dans ce travail de recherche, nous croisons à la fois des exemples de textes littéraires avec d’autres documents tels que les rapports administratifs ou officiels, les cartes, les photographies et les documents historiques portant sur l’évolution sociopolitique de la capitale égyptienne.

Ce croisement des données révèle que les représentations littéraires peuvent constituer des documents essentiels pour comprendre la production architecturale du centre-ville du Caire. Elles soulignent en même temps à quel point la société cairote s’est adaptée aux bouleversements politiques ayant conduit à des transformations radicales de leur ville et de son centre pendant un siècle.

La recherche nous a permis de construire sept facettes du centre-ville du Caire, chacune d’entre elles donnant à comprendre une évolution architecturale et urbaine du quartier dans ses dimensions politiques et sociétales, tout en soulignant le rôle des représentations dans cette construction évoluée dans le temps.

Mots clés

Centre-ville du Caire, architecture, paysage urbain, évolution sociopolitique, littérature égyptienne.

Title

Architecture and socio-political evolution. Toward a multiple reading of downtown Cairo (1869–1973).

Abstract

It is difficult to set apart the architecture of the city, as an Urban Artifact, from the socio-political context that gave rise to it. Conducted studies about downtown Cairo demonstrate the significance of the relationship between the “modern city” built during the 19th century, the changes in its political systems and the ongoing social evolution. This interrelationship is also manifested in some fictional representations of the city, considered as cultural products of the society, such as literary works and cinema films.

This research set out to interrogate the evolution of architecture and cityscape of downtown Cairo as manifested in the Egyptian literary works and cinema films beginning from the construction of the modern city (the downtown) in 1869, during the period of rule of Khedive Ismail (1863–1879) until the Yom Kippur War in 1973 during the era of President Sadat (1970–1981). This research represents an effort to provide a critical look at the role of the socio-political dimensions in the architectural and urban evolution of downtown Cairo by analyzing its literary and cinematographic representations, already influenced by the socio-political context.

Relying on the hypothesis that fictional, literary and cinematographic representations of the city could allow us a better understanding of Cairo’s city center. We discovered such juxtaposition between “fictional” literary, cinematographic representations of downtown Cairo and its “real” Urban Artifacts. It’s supposed that such a confrontation between the fictional city and the real one could lead the way to construct a brand-new image of Cairo city center: its architecture, its urban spaces and its uses.

In this context, a methodological approach was implemented: the multiple reading proposed by Roland Barthes in “L’aventure sémiologique” (The Semiotic challenge). This approach aims to provide a wider understanding of the city through crossing various types of documents, starting from literary texts, to documents like administrative reports, maps, photographs and ending with historical documents related to the socio-political evolution of Cairo.

This cross-referencing-data shows that literary representations could be considered as essential documents, useful to understand downtown Cairo architecture. At the same time, they underline the extent to which Cairo society has adapted to the political transformations that have led to radical changes in their capital and its city center during a century.

The research has allowed us to build seven facets of downtown Cairo, each of those is giving a new understanding of the architectural and urban evolution of this important district in its political and societal dimensions, showing at the same time the role of city representations in this construction evolved over time.

Keywords

downtown Cairo, architecture, cityscape, sociopolitical evolution, Egyptian literature.

05/02/2021 - Hugo Guillet

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’unité de recherche AE&CC

Titre de la thèse

Les pratiques opérationnelles de la ville durable. Analyse de trois projets urbains : Bordeaux, Lyon, Grenoble.

Composition du jury

  • Cyria EMELIANOF, professeur d’urbanisme à l’Université du Maine (rapporteur)

  • Laurent DEVISME, professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, HDR (rapporteur)

  • Christian DEVILLERS, architecte-urbaniste, professeur des Écoles d’architecture, directeur de l’agence Devillers & Associés (examinateur)

  • Patrizia INGALLINA, professeur d’urbanisme à l’Université Paris-Sorbonne (examinateur)

  • Laurent GAILLARD, architecte-urbaniste, directeur général de AKTIs (examinateur)

  • Gilles NOVARINA, professeur d’urbanisme, Université Grenoble Alpes, directeur de thèse

Résumé de la thèse

Consécutif à l’émergence du développement durable dans nos sociétés modernes, la ville durable révèle aujourd’hui un caractère polysémique plus proche de la doxa que du concept scientifique. Sa définition à tendance à évoluer en fonction de l’échelle d’action, des acteurs mis en jeu et de leurs objectifs. Si aucun consensus ne semble prévaloir sur l’objet, sa mise en œuvre à travers une action territorialisée locale paraît être une approche partagée. L’émergence de méthodologies et de stratégies territoriales à l’échelle locale a pour ambition de garantir une certaine transversalité, tout en répondant de manière concrète à des problématiques ciblées. Ainsi, lesdits projets urbains durables sont de plus en plus nombreux à voir le jour, et semblent se positionner comme un standard dans les pratiques de l’aménagement en France. Nous sommes alors en mesure de nous questionner sur la dimension prise par de telles réalisations dans la fabrique de la ville, dont la récurrence apparaît comme un nouveau paradigme de l’aménagement urbain.

Cette thèse a pour intention d’étudier la mise en application de la ville durable dans la conception et la réalisation de projets urbains, dans le contexte professionnel des praticiens en agences d’architecture, d’urbanisme, et de paysage. Cette thèse questionne les lacunes théoriques sur la fabrique de la ville durable, autour d’une question centrale : la ville durable, entendue comme un nouveau paradigme, a-t-elle modifié la pratique du projet urbain ?

Pour tenter de répondre à cette question, une analyse comparée est menée entre trois projets urbains durables de grandes métropoles françaises : Ginko à Bordeaux, De Bonne à Grenoble et La Confluence à Lyon. Il s’agit alors d’illustrer les caractéristiques plurielles que peuvent prendre ces projets de villes durables, ainsi que leurs paradoxes. Loin d’être une énième re-conceptualisation de la ville durable, ce travail de recherche considère le cadre existant dans la maîtrise d’œuvre comme un des éléments centraux à étudier. Il s’agira d’observer les dynamiques qui régissent aujourd’hui le pré-carré opérationnel et institutionnel de la ville durable. Ce travail de recherche considère l’hypothèse d’une approche intégrée de l’urbanisme comme un savant compromis entre qualité environnementale des opérations, économie de projet, approche sociale par l’usage et réponse aux besoins sociétaux actuels et futurs.

Title

The operational practices of the sustainable city. Analysis of three urban projects : Bordeaux, Lyon, Grenoble.

Abstract

As a result of the emergence of sustainable development in our modern societies, sustainable city today reveals a polysemic aspect closer to the doxa than to the scientific concept. Its definition tends to evolve according to the scale of action, the actors involved and their objectives. If no consensus seems to prevail on the object, its implementation through local territorialised action seems to be a shared approach. The emergence of territorial methodologies and strategies at the local scale aims to guarantee a certain transversality, while responding in a concrete way to targeted issues. Thus, the so-called sustainable urban projects are emerging in increasing numbers, and seem to be positioning themselves as a standard in planning practices in France. We are therefore able to question the dimension taken by such projects in the « city factory », whose recurrence appears to be a new paradigm of urban development.

The aim of this thesis is to study the application of the sustainable city in the design and realisation of urban projects, in the professional context of practitioners in architecture, urban planning and design, and landscape officies. This doctoral thesis questions the theoretical gaps in the theory on the making of the sustainable city, around a central question: has the sustainable city, understood as a new paradigm, changed the practice of the urban project?

In an attempt to answer this question, a comparative analysis is carried out between three sustainable urban projects in major French cities : Ginko in Bordeaux, De Bonne in Grenoble and La Confluence in Lyon. The aim is then to illustrate the plural characteristics that these sustainable city projects can have, as well as their paradoxes. Far from being the umpteenth re-conceptualisation of the sustainable city, this research work considers the existing framework in the project management as one of the central elements to be studied. It will be a question of observing the dynamics which today govern the operational and institutional pre-square of the sustainable city. This research work considers the hypothesis of an integrated approach to town planning as a clever compromise between the environmental quality of the operations, the project economy, the social approach through use and the response to current and future societal needs.

2020

19/10/2020 - Lucie Boissenin

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’unité de recherche AE&CC

Titre de la thèse

Réhabiliter et ré-habiter le patrimoine bâti.
Analyse du rôle du projet d’architecture dans la construction du développement territorial.

Composition du jury

  • Anne COSTE, Professeure en Histoire, Architecte, HDR, ENSA Grenoble, co-directrice de thèse
  • Alessia DE BIASE, Professeure en anthropologie urbaine, HDR, ENSA de Paris La Villette, rapportrice
  • David FANFANI, Professeur en planification urbaine et territoriale, Université de Florence, rapporteur
  • Romain LAJARGE, Professeur en Aménagement et sciences territoriales, HDR, ENSA de Grenoble, directeur de thèse
  • Andrea PANE, Professeur en architecture, Université de Naples Federico II, examinateur
  • Vincent VESCHAMBRE, Professeur en géographie, HDR, ENSA de Lyon, examinateur

Résumé de la thèse

La thèse interroge le rôle du projet d’architecture, relatif au patrimoine bâti, dans la construction de processus de développement territorial. Le développement territorial induit des améliorations d’ordre économique, social, environnemental et politique dans un territoire, et notamment une « augmentation de la capacité des acteurs à maîtriser les dynamiques d’évolution qui les concernent » (Deffontaines, Marcelpoil, Moquay, 2001). Ce dernier point est primordial : l’un des enjeux majeurs du développement territorial est la construction d’un collectif d’acteurs territorialisés, qui par leurs actions conjointes et quotidiennes, apporteront ces améliorations à leur cadre de vie. Le patrimoine bâti est vecteur de mobilisation collective. Si un objet est menacé, un groupe social tend à lui reconnaître une valeur et à agir pour sa sauvegarde ; il s’agit du principe de la patrimonialisation. L’un des moyens pour sauver le patrimoine bâti est de lui trouver une nouvelle destination d’usage, une utilité dans le présent. Cela passe par une transformation de ce bâti et donc par un projet d’architecture. Ce dernier est déjà un temps d’action collective, où se rencontrent et échangent des personnalités multiples ainsi que leurs compétences et points de vue respectifs. La thèse propose alors de vérifier l’hypothèse selon laquelle, lorsqu’il concerne un bâti patrimonialisé par des acteurs locaux, le projet d’architecture peut être un outil pertinent pour la construction d’un collectif d’acteurs territorialisés. En d’autres termes, il susciterait l’auto-organisation et l’union des forces des acteurs, motivées par la réalisation d’objectifs partagés quant à la transformation de leur cadre de vie.

Pour aborder cette question, la thèse prend appui sur un socle théorique composé d’une part des écrits de l’École Territorialiste italienne, et en particulier des ouvrages-clés d’Alberto Magnaghi tels que Le Projet Local (Magnaghi, 2010 ; 2000) et La conscience du lieu (Magnaghi, 2017). D’autre part sont convoquées les recherches françaises en sciences territoriales, autour des termes de développement territorial et de ressource territoriale (Lajarge, 2012 ; Gumuchian, Pecqueur, 2007 ; Raffestin, 2019, 1980). Outre les apports théoriques, la thèse se nourrit d’une enquête de terrain menée principalement en Irpinia, dans le sud de l’Italie, et d’une analyse plus ponctuelle de projets d’architecture en France.

Title

Rehabilitating and re-inhabitating built heritage.
Analysis of the role of the architectural project in the construction of territorial development

Abstract

The thesis questions the role of architectural design regarding built heritage and its effects on territorial development processes. Territorial development means economic, social, environmental and political improvements on a territory, and this goes with the « the increase in the capacity of the actors to control the dynamics of evolution that concern them » (Deffontaines, Marcelpoil, Moquay, 2001). Indeed, the main challenge of territorial development is the construction of a community of local actors, because only they can bring these improvements through their collective and daily actions. Built heritage is already a vector of collective mobilization. When something is close to disappearing, a social group tends to confer on it a new value and to protect it. One of the ways to save built heritage is finding a new function for it, so that it can be useful in the present. This requires a transformation of the buildings, which most of the time means an architectural design. This is a moment of collective action, where different people meet and discuss, sharing their points of view and skills. The research hypothesizes that that rehabilitation projects can be a mode of action for a local community that is willing to participate in the development processes of its territory. They could lead to the self-organisation and the union of the actors’ strengths, motivated by the achievement of shared objectives regarding the transformation of the living environment.

To study this question, the thesis leans on a theoretical basis, composed on the one hand of the literature of the Italian Territorialist network, and in particular the main books of Alberto Magnaghi such as Le Projet Local (2010, 2000) and La Conscience du Lieu (2017). On the other hand, the theoretical contribution is complemented by the literature of some key-authors of the French territorial sciences: Claude Raffestin, Hervé Gumuchian, Bernard Pecqueur and Romain Lajarge. In addition to this, the thesis is enriched by a field survey conducted mainly in Irpinia, South Italy, and then to a lesser extent in France.

2019

20/12/2019 - Hengameh Pirhosseinloo-Amini

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe CRESSON de l’UMR AAU

Titre de la thèse

Habiter la façade : la conquête d’une épaisseur sensible
Les Dispositifs de Façade Épaisse dans les logements collectifs des écoquartiers : conception architecturale et ambiances

Composition du jury

  • Xavier BONNAUD, Professeur HDR, ENSA de Paris la Villette, HDR, rapporteur
  • Grégoire CHELKOFF, Professeur HDR, ENSA de Grenoble, examinateur
  • Valérie LEBOIS, Maîtresse de conférence, ENSA de Strasbourg, examinatrice
  • Cécile REGNAULT, Professeure HDR, ENSA de Lyon, rapporteure
  • Nicolas REMY, Professeur adjoint, Université de Thessalie, Volos (Grèce), co-directeur de thèse
  • Henry TORGUE, chercheur émérite, UMR AAU, équipe CRESSON, directeur de thèse

Résumé de la thèse

En 2050, selon les projections de l’OCDE , plus de 70% de la population mondiale vivra en ville. L’étalement urbain trouve ses limites dans la mesure où l’espace est un bien-ressource fini et où les distances génèrent une dépendance trop forte vis à vis de l’automobile, participant ainsi au réchauffement climatique. En réponse, les villes choisissent d’autres axes de développement, notamment en matière de logement, en augmentant la densité et en promouvant la construction de nouveaux quartiers écologiques. Cependant, l’habitat dense va à l’encontre de l’idéal encore largement partagé de la maison individuelle et il est loin de remporter l’approbation générale de la population qui y habite. Plus encore, pour les logements collectifs, surtout ceux à caractère social, la densité s’accompagne d’une image négative de l’habitat puisqu’elle entraîne une proximité qui rend difficiles les rapports d’intimité des résidents tout en imposant à tous des contraintes extérieures. L’un des enjeux majeurs de l’architecture urbaine contemporaine est donc de proposer des aménagements qui rendent plus agréable la vie partagée dans les logements collectifs des villes diminuant à terme leurs images négatives.

Dans le contexte actuel des conceptions et réalisations architecturales, la façade s’est éloignée de sa traditionnelle fonction de mur séparateur filtrant la lumière, pour se diversifier en une variété d’espaces de plus en plus complexes, gagnant de ce fait même une épaisseur modulable. Les balcons, loggias, terrasses, coursives, issues de différentes cultures, déclinent aujourd’hui de nouvelles propositions spatiales, ambiantales et comportementales.

L’hypothèse générale de cette thèse est que l’ensemble de ces espaces intermédiaires (Balcons, Loggias, Terrasses, Coursives) regroupés sous l’intitulé de dispositifs de façade épaisse (DFE) participe pleinement à la conception et au vécu du logement contemporain. Particulièrement mis en œuvre dans les quartiers durables, les DFE deviennent de plus en plus des opérateurs de conception architecturale impliquant fortement les ambiances dans leurs impacts sur les modes de vie.

Les DFE appartiennent à la famille des « espaces intermédiaires », c’est à dire des lieux caractérisant la zone transitionnelle séparant deux espaces aux degrés d’intimité différents, aménageant les liens intérieur/extérieur, permettant des porosités avec les éléments naturels, le voisinage, le contexte urbain ou le grand territoire. Par définition, les DFE agissent comme interfaces génératrices d’expériences sensorielles et sensibles.

L’analyse de trois écoquartiers (à Grenoble et à Paris) permet d’explorer la variété typologique des bâtis et leurs extensions à différentes échelles en espaces intermédiaires (balcons, loggias, terrasses, et coursives) ainsi que la diversité de leurs modes d’accès tels que les paliers ouverts ou les cheminements individualisés. Ces trois terrains illustrent les objectifs et les réalités de processus de conception visant à permettre l’appropriation des espaces extérieurs entourant l’habitation, à faciliter la projection du « chez soi » des habitants dans leur lieu de vie concret, à bien vivre la transition entre espace privé et espace public.

La diversité des rôles attribués par les résidents aux DFE témoigne : surface supplémentaire à celle du logement, sas d’entrée dans l’espace privé, espace représentatif pour le bâti, filtre régulateur des facteurs ambiantaux, modularité de l’intimité et augmentation de la qualité de vie du logement…

Ainsi, les espaces intermédiaires gagnés dans l’épaisseur des façades des logements collectifs en zone urbaine dense peuvent offrir de véritables qualités d’appropriation et de flexibilité de par leur qualité d’ambiance. La façade épaisse redéfinit l’intimité en étendant une partie de la vie privée vers l’extérieur. Par le jeu des ambiances sonores, visuelles, lumineuses et olfactives… qu’elle réceptionne et produit, elle module les relations de proximité.

Le cœur de cette thèse est que les DFE prennent des contours sensibles spécifiques relevant à la fois des données de l’environnement et de l’espace, des dimensions perceptives et des modalités d’usages. L’ambition est donc de relier au mieux les différents aspects qui permettent de saisir ces espaces intermédiaires (DFE) comme lieux d’expérience sensible et pratique.

En conclusion, la thèse montre comment l’étude des ambiances des DFE permet de mettre à jour les enjeux transversaux et contemporains de la conception de ce type d’espaces intermédiaires. Plusieurs champs d’interrogation sont proposés aux concepteurs :

  • Un DFE dans quel contexte ?
  • Un espace à forte appropriation modulable
  • Un accès à la nature
  • Un espace de jeu pour les cinq sens
  • Un lieu intime et un lieu convivial

Concevoir le logement et penser les ambiances des DFE à travers cette grille devient alors pour le concepteur une démarche d’élargissement et d’enrichissement de son projet d’habitation.

Mots-clés

Interface épaisse, Balcon, Loggia, Terrasse, Coursive, Ambiances, Appropriation, Habiter, Modularité, Ecoquartier, Techno-sensible

Title

Inhabiting the facade: conquering a sensory layer
Thick façade devices in collective dwellings within eco-districts: architectural design and ambiances

Abstract

In 2050, according to OECD projections, more than 70% of the world’s population will live in cities. Urban sprawl finds its limits considering that space is a finite resource-good, and that distances create a strong dependence to cars, playing a part in global warming. In response to that, cities choose other lines of development, especially in terms of housing, which increases density and encourages the creation of new ecological neighbourhoods. However, a dense habitat goes against the still widely shared ideal of individual housing, and it is far from being approved by the population living in it. Moreover, from the perspective of collective housing, especially social housing, density often goes together with a negative perception of the habitat, as it creates a proximity that makes intimacy difficult for residents while imposing external constraints. One of the major challenges in contemporary urban architecture is thus to propose developments that make the shared life in collective housing more pleasant, ultimately decreasing their negative image.

In the current context of architectural design and developments, the façade shifted away from its traditional function of dividing, light-filtering wall. It is now diversified in an array of increasingly complex spaces, thus growing in adjustable thickness. Balconies, loggias, terraces, corridors, all stemming from different cultures, developed nowadays new spatial, environmental and behavioural propositions.

The general hypothesis of this thesis is that the ensemble of intermediary spaces (balconies, loggias, terraces, corridors), brought together under the name “Thick façade devices” (TFD), fully takes part in the design and the experience of contemporary housing. Especially implemented in sustainable neighbourhoods, TFDs are increasingly becoming operators of architectural design that strongly involve ambiances in their impacts on lifestyles.

TFDs belong to the “intermediary spaces” family, i.e. places characterising a transition area that separates two spaces with two different degrees of intimacy, establishing connections between the inside and the outside, enabling permeability with natural elements, neighbours, the urban context or the bigger territory. By definition, TFDs work as interfaces that generate sensory and perceptible experience.

The analysis of three eco-districts (in Grenoble and Paris) allows to explore the typological variety of the built environment and its multi-scaled extensions into intermediary spaces (balconies, loggias, terraces and corridors). It also allows to study the diversity of their access modes, such as open landings or individual pathways. The three study fields illustrate the objectives and realities of the design process aiming to enable the appropriation of external spaces around the housing, to facilitate the projection of the inhabitants’ “home” in their concrete living space, to easily transition between private and public spaces.

The diversity in the roles given to the TFDs by the residents is telling: additional surface to the housing, entrance hall into the house, representative space for the building, regulating filter of the ambiance factors, modularity of intimacy and increase of the place’s quality of life.

Therefore, the intermediary spaces gained from the façade’s thickness in collective housing in dense urban areas can offer real appropriation and flexibility qualities, due to their ambiance qualities. A thick façade redefines intimacy by extending a portion of private life towards the outside world. Through sound, visual, light and olfactory ambiances that are received and produced, the façade modulates the relations of proximity.

The heart of this thesis argues that the TFDs take on a specific sensitive outline that is related to data regarding the environment and space, to perceptive dimensions and modalities of use. The ambition is thus to connect at best the different aspects allowing to grasp these intermediary spaces (TFDs) as places of practical and sensitive experience.

In conclusion, the thesis shows how the study of TFD ambiances can highlight cross-cutting and contemporary challenges regarding the design of intermediary spaces. Several questions are proposed to designers:

  • TFDs in what context?
  • A space with strong adjustable appropriation;
  • Access to nature;
  • An area to play with the five senses;
  • An intimate and convivial place.

For the architect, designing housing and considering the TFDs’ ambiances through this grid thus becomes a strategy to expand and enhance his housing project.

Keywords

thick interface, balcony, loggia, terrace, corridor, ambiances, appropriation, inhabiting, modularity, eco-district, techno-sensitive

18/12/2019 - Caterina Franco

Thèse en Architecture, préparée dans le cadre d’une cotutelle entre la Communauté Université Grenoble Alpes et le Politecnico di Milano préparée au sein du Laboratoire Les Métiers de l’Histoire de l’Architecture, édifices-villes-territoires, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble et du département Architecture, Built environment and Construction, Politecnico di Milano, au sein de l’ école doctorale 454 – SHPT – Université Grenoble Alpes et de l’école doctorale du Politecnico di Milano

Titre de la thèse

Dans le lieu et dans le temps. Pour une histoire environnementale des infrastructures touristiques des Alpes franco-italiennes (1945-1975).

Composition du jury

  • René BORRUEY, Professeur HDR, ENSA de Marseille, Examinateur
  • Anne DALMASSO, Professeure HDR, Université Grenoble Alpes, Examinatrice
  • Alessandro DE MAGISTRIS, Professeur, Politecnico di Milano, Examinateur
  • Rosa DE MARCO, Maîtresse de conférences, docteur, ENSA de Paris – La Villette, Examinatrice
  • Emilio FAROLDI, Professeur, Politecnico di Milano, Directeur de thèse
  • Luigi LORENZETTI, Professeur, Università della Svizzera Italiana, Rapporteur
  • Catherine MAUMI, Professeure HDR, ENSA de Paris – La Villette, Directrice de thèse, ED 454
  • Virginie PICON-LEFEBVRE, Professeure HDR, ENSA de Paris – Belleville, Rapporteure

Résumé de la thèse

La thèse étudie les stations de sports d’hiver planifiées et construites en haute altitude après la Seconde Guerre mondiale dans les Alpes franco-italiennes.

Les deux contextes nationaux, différents du fait de leurs histoires économiques, politiques et situations géographiques, partagent aujourd’hui des problèmes similaires. Ceux-ci concernent le futur d’un modèle touristique basé sur une fréquentation massive, de longs séjours et une offre concentrée autour de la pratique du ski. En effet, l’aléa climatique, le changement dans les modes et les temps de la fréquentation touristique, le vieillissement des structures et infrastructures, représentent seulement une partie des enjeux auxquels ces lieux se confrontent. Plusieurs chercheurs provenant de diverses disciplines suggèrent alors de repenser la station comme étant en continuité avec le territoire d’implantation, ce dernier compris dans sa nature économique, géographique ou administrative.

La recherche, menée dans le domaine de l’architecture, souhaite contribuer à la réflexion autour de ces questionnements par une étude historique. En interrogeant les relations établies entre la station et le territoire (dans ses composantes spatiales, environnementales, paysagères), durant le processus de conception, de construction et d’évolution, nous souhaitons aller au-delà d’une lecture des établissements touristiques de haute montagne considérés comme des objets décontextualisés.

En nous appuyant sur la coordonnée spatiale du territoire, nous formulons l’hypothèse que l’implantation des stations de sports d’hiver a entrainé des transformations à grande échelle, et que, en même temps, les caractères environnementaux, historiques, économiques, géomorphologiques des sites concernés ont joué un rôle actif dans le processus de conception et construction.

À partir de la coordonnée temporelle du territoire, nous supposons que l’histoire des stations de sports d’hiver construites dans les années 1960 et 1970 n’est qu’une étape dans le processus long de transformation touristique des sites de haute altitude. Dans cette perspective, l’histoire des activités précédentes au tourisme, implantées sur les mêmes lieux, joue un rôle décisif.

Le travail se déroule à travers l’étude de quatre cas : Pila et Sansicario, dans les Alpes italiennes ; Chamrousse et La Plagne dans les Alpes françaises. Pour cela, nous nous appuyons sur une méthode mise en place par les historiens de l’environnement, tels que William Cronon, qui considèrent l’histoire d’un territoire comme le résultat des interactions entre activités humaines et données naturelles, sur un temps long. Nous mobilisons un corpus principalement constitué de documents appartenant à différents fonds d’archives (des collectivités territoriales, des architectes et urbanistes, des techniciens), que nous traitons par l’analyse de documents textuels, graphiques et cartographiques qui le composent, ainsi que par le re-dessin et la construction de frises chrono-systémiques.

Au-delà de contribuer à la compréhension de l’histoire de la mise en tourisme des territoires de haute montagne nous souhaitons, par ce travail, participer à la réflexion autour des enjeux méthodologiques de la recherche en histoire de l’architecture.

Mots-clés

construction du territoire ; infrastructures touristiques ; Alpes franco-italiennes ; après-Seconde Guerre mondiale ; histoire environnementale

Title

In place and in time. for an environmental history of tourist infrastructure in the french-italian alps (1945-1975).

Abstract

The thesis studies ski resorts planned and built at high altitude after the Second World War in the Franco-Italian Alps.

The two national contexts, different for economic history, politics and geographical location, now share similar problems, which look to the future of a tourism model based on mass attendance, long stays and an offer concentrated around skiing. Indeed, climatic hazards, changes in the modes and times of tourist use, ageing of structures and infrastructures, are only some of the challenges which these places are facing today. Several researchers from various disciplines then suggested that the station could be rethought in continuity with the territory, the latter included in its economic, geographical or administrative nature.

The research aims at investigating these questions in the field of architecture and through a historical study. By questioning the relationships established between the station and the territory (in its spatial, environmental and landscape components) during the design, construction and evolution process, the wish is to go beyond a reading of high mountain tourist establishments as decontextualized objects.

Working on the spatial coordinate of the territory, we formulate the hypothesis that the establishment of winter sports resorts has led to large-scale transformations, and that, at the same time, the environmental, historical, economic and geomorphological characteristics of the sites concerned have played an active role in the design and construction process.

Working on the temporal coordinate of the territory, we assume that the history of the winter sports resorts built in the 1960s and 1970s is only one step in the long process of transforming high-altitude sites for tourism. In this perspective, the history of activities preceding tourism, located in the same places, plays a decisive role.

We rely on a method developed by environmental historians such as William Cronon, who considers the history of a territory as the result of interactions between human actions and natural data over a long period of time. The work is carried out through the study of four cases: Pila and Sansicario, in the Italian Alps; Chamrousse and La Plagne in the French Alps. We mobilize a corpus mainly constituted by documents belonging to different archival collections (local authorities, architects and urban planners, technicians), which we process by analyzing textual, graphic and cartographic documents, as well as by re-drawing and constructing chronosystem systemic timelines.

In addition to give a contribution to the understanding of the history of tourism development in high mountain areas, we hope, through this work, to contribute to the debate on the methodological issues of research in the history of architecture.

Keywords

landscape construction; tourist infrastructure; French-Italian Alps; Post-war; environmental history

14/05/2019 - Marie de Guillebon

École doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe d’accueil 7444 Architecture, Environnement et Cultures Constructives

Titre de la thèse

Vers une pratique du réemploi en architecture : Expérimentations, outils, approches

Composition du jury

  • Anne COSTE, Professeure, HDR, ENSA de Grenoble, directrice de thèse
  • Sabine BARLES, Professeure, HDR, Université Paris 1, rapporteure
  • Xavier BONNAUD, Professeur, HDR, ENSA de Paris la Villette, rapporteur
  • Michaël GHYOOT, Architecte, Docteur, Entreprise ROTOR (Belgique), examinateur
  • Sylvain LAVELLE, Docteur en Philosophie, enseignant à l’ICAM Paris-Sénart, examinateur

Résumé de la thèse

Le monde de la construction est aujourd’hui confronté aux exigences et enjeux de la transition socio-écologique. La discipline de l’architecture évolue afin de tendre vers une architecture plus éco-responsable tant du point de vue technique que culturel, économique que juridique. Le réemploi, moins développé que le recyclage, est une pratique qui s’émancipe à grande vitesse et peine à s’insérer dans le système de production normalisé et standardisé imputé par le système industriel et socio-technique actuel.

La thèse s’inscrit dans le cadre théorique de la transition socio-écologique qui propose une vision plus large [1] des changements de paradigme à opérer en intégrant, au-delà du seul versant technique (énergie) l’ensemble des actions sociales et des comportements dites écologiques. Nous situons en ce sens notre recherche dans le cadre théorique que propose Sylvain Lavelle [2] qui opte pour « une transition plus juste »[3]. Il défend une transition polymorphe qui se fonde sur un changement d’oikos, de tekhnè, d’ethos et de muthos, dépassant ainsi la seule question énergétique et intégrant des principes de justice sociale, de relation à l’environnement, d’éthique et de nouvelles narrations socio-culturelles. Nous y lisons un programme d’action transposable à la pratique du réemploi et plus globalement à la discipline architecturale.

Ce travail de thèse questionne les potentiels de cette pratique à induire d’autres approches et outils de projet pour tendre vers une architecture véritablement éco-responsable. Nous proposons la définition d’oïko-responsable pour appuyer sur la nécessité d’un changement de regard sur ce terme, et donner à lire le programme d’actions qu’il suppose. Bien que philosophiques, ces définitions nous ont servis de grilles de lecture et d’analyse des pratiques expérimentales et des outils d’un double corpus de pratiques opérationnelles (huits acteurs) et pédagogique (un module) ; elles nous ont également permis de défricher le fond d’engagement et de sens de cette pratique. Les enjeux de ce travail de recherche consistent à faire l’état des lieux de cette pratique émergente et poser un regard sur la manière dont elle oriente la triple pratique de l’architecture.

Il conviendra alors de vérifier l’hypothèse selon laquelle le réemploi peut induire une architecture oikos-responsable en mobilisant la triple activité de pratique opérationnelle, pédagogique et de recherche. Pour cela, nous proposons un premier temps démontrant comment les praticiens travaillent à sa professionnalisation en réinsérant la dynamique expérimentale dans le processus de projet. Un second temps démontrent leurs capacités à redéfinir ou créer des outils propres au réemploi à mêmes de répondre à cette mutation écoresponsable. Ces deux temps tirent un portrait d’acteurs qui sollicitent, en définitive, cette pratique du réemploi comme un outil pour réinterroger la déontologie des pratiques d’architectes.

[1] Dominique Bourg montrait en 2012 le passage nécessaire de la notion de développement durable vers celle de transition socio-écologique (Bourg, 2012)
[2] Enseignant-chercheur en philosophie à l’Icam Paris-Sénart et de Lille ainsi qu’à l’EHESS Paris
[3] Un nouveau récit pour une transition juste, Sylvain LAVELLE – 2015 ; Revue Projet 2015/1 (N° 344 ), p 96

Mots-clés

réemploi d’éléments en architecture, architecture éco-responsable, expérimentations, outils de projets, recherche/pédagogie/opérationnel, valeurs matérielles et immatérielles

Title

Towards a practice of repurposing materials in architecture : experiementations, tools, approachs

Abstract

The world of construction is nowadays confronted with the requirements and challenges of the socio-ecological transition. The discipline of architecture is evolving in order to move towards a more eco-responsible architecture from a technical, cultural, economic and legal point of view.

Reuse, less developed than recycling, is a practice that is emancipating itself at high speed and struggling to fit into the standardized production system attributed by the current industrial and socio-technical system.

This thesis is part of the theoretical framework of the socio-ecological transition, which proposes a broader[1] vision of the paradigm changes to be made by integrating, beyond the technical side (energy), all social actions and so-called ecological behaviours. In this sense, we situate our research within the theoretical framework proposed by Sylvain Lavelle[2], who opts for « a fairer transition »[3]. He defends a polymorphic transition based on a change of oïkos, tekhnè, ethos and muthos, thus going beyond the energy question and integrating principles of social justice, relationship to the environment, ethics and new socio-cultural narratives. An action program can be transposed to the practice of reuse and more generally to the architectural discipline.

This thesis questions the potential of this practice to induce other approaches and project tools to move towards a truly eco-responsible architecture. We propose the definition of oïko-responsible to support the need for a change of perspective in light of this term, and to give a reading of the programme of actions it implies. Although philosophical, these definitions have served as a framework for reading and analysing experimental practices and tools for a dual corpus of operational (eight actors) and pedagogical (one module) practices; they have also enabled us to explore the basis for commitment and meaning of this practice. The challenges of this work consist in taking stock of this emerging practice and looking at how it guides the triple practice of architecture (pedagogy, research, operational).

It will then be necessary to verify the hypothesis that reuse can induce an oïkos-responsible architecture by mobilizing the triple activity of operational practice, pedagogy and research. To this end, we propose a first step demonstrating how practitioners work towards the professionalization of reuse by reintegrating experimental dynamics into the project process. Secondly, they demonstrate their ability to redefine or create tools for reuse that can respond to this eco-responsible change. These two phases draw a portrait of actors who ultimately request this practice of reuse as a tool to requestion the ethics of architectural practices.

[1] Dominique Bourg showed in 2012 the necessary transition from the notion of sustainable development to that of socio-ecological transition (Bourg, 2012)
[2] Searcher and teacher in philosophy at Icam Paris-Sénart and Lille as well as at EHESS Paris
[3] Un nouveau récit pour une transition juste, Sylvain LAVELLE – 2015 ; Revue Projet 2015/1 (N° 344 ), p 96

10/05/2019 - Hugo Gasnier

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe d’accueil 7444 Architecture, Environnement et Cultures Constructives

Titre de la thèse

Construire en terres d’excavation, un enjeu pour la ville durable

Composition du jury

  • Hubert GUILLAUD, Professeur honoraire, HDR, ENSA de Grenoble, directeur de thèse
  • Thierry JOFFROY, Chercheur, HDR, ENSA de Grenoble, co-directeur de thèse
  • Thomas JUSSELME, Professeur, Haute école spécialisée de Suisse occidentale, examinateur
  • Judith LE MAIRE, Professeure, Université Libre de Bruxelles, rapporteure
  • Camilla MILETO, Professeure, Université Polytechnique de Valencia, rapporteure
  • Chris YOUNES, Professeure, HDR, École Spéciale d’Architecture, présidente du jury

Résumé de la thèse

La thèse explore les potentiels d’utilisation des terres de déblais comme matériau de construction et examine la pertinence d’une valorisation de cette ressource pour une construction soutenable dans le contexte français actuel avec un focus plus particulier sur la région parisienne. Elle s’articule autour d’une double question qui s’inscrit dans le cadre de la transition écologique des milieux habités : est-t-il pertinent de transformer les terres d’excavation générées par les chantiers des grands centres urbains en ressource pour l’architecture et quels potentiels offrent-elles pour la construction de la ville durable?

La croissance des grandes villes entraine chaque année la production de millions de tonnes de terres de déblais qui sont issues des terrassements nécessaires à la construction de nouveaux immeubles ou extraites lors de la création d’infrastructures de transport (tunnels, gares, routes, …). À lui seul, le chantier du Grand Paris Express « devrait peser de 30 à 40 millions de tonnes » de terres d’excavation qui seront principalement acheminées par péniches en dehors de Paris pour être stockées ou enfouies dans des sites adaptés. Ce processus représente un coût financier, énergétique et écologique phénoménal et l’enfouissement d’une ressource pourtant potentiellement utilisable, d’où l’intérêt de s’interroger sur les possibilités d’utilisation de ces terres comme matériau de construction.

Au commencement de cette thèse en 2015, peu de recherches et encore moins de pratiques portaient sur ce sujet. Or, dès les premières rencontres, les acteurs ont exprimés leur intérêt pour cette possible valorisation des terres de déblais comme ressource.

Il était donc temps, d’une part, de faire le point sur les connaissances scientifiques concernant la matière terre, les pratiques actuelles en architecture de terre et les professionnels spécialistes de la construction en terre. D’autre part, il s’agissait de décrypter le contexte et le système des acteurs des terres d’excavation sur le territoire du Grand Paris. Enfin, la présence d’acteurs motivés sur le Grand Paris a facilité la réflexion prospective sur le potentiel d’utilisation de ces terres en architecture, y compris en ayant la possibilité d’en observer les premiers résultats concrets.

Title

Building with excavated earth, an issue for the sustainable city

Abstract

This thesis explores the potentials of using excavated earth as a building material and examines the relevance of a valorization of this resource for sustainable buildings in the actual French context with a more particular focus on the Parisian region. It is structured around a double question within the framework of the ecological transition of the inhabited environment: is it relevant to transform the excavated earth of the construction sites of major urban centers into a resource for architecture and which are the potentials for the construction of a sustainable city ?

The growth of big cities is generating millions of tons of excavated earth yearly, issued from the necessary earthworks for the construction of new buildings or excavated during the creation of transport infrastructures (tunnels, railway stations, roads,…). On is own, the Grand Paris Express construction site « should generate 30 to 40 millions of tons »[1] of excavated earth that will be principally shipped by barges out of Paris to be stocked or buried in adapted sites. This process has a huge financial, energetical and ecological cost, and a potential usable resource is buried, hence the importance of the question on the possibilities of using this earth as a building material.

At the beginning of this thesis in 2015, few researches and even less practices had been done on the subject. But, ever since the first meetings, the actors expressed their interest for the possible valorization of the excavated earth as a resource.

On one hand, it was time to make an inventory of the scientific knowledges of the material earth, the current practices in earthen architecture and the professional earthen building specialists. On the other hand, it was necessary to decrypt the context and the system of actors around the excavated earth in the Grand Paris territory. Finally, the presence of motivated actors in the Grand Paris has facilitated the prospective reflection on the potential use of these earths in architecture including having the opportunity to observe the first concrete results.

2018

24/09/2018 - Léa Genis

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe d’accueil 7444 Architecture, Environnement et Cultures Constructives et du Centre Max Weber – UMR 5283

Titre de la thèse

Réhabiliter le bâti ancien et les cultures constructives – Engagements, épreuves et attachements autour de la réhabilitation du bâti ancien en pisé en Isère

Composition du jury

  • Hubert GUILLAUD, Professeur honoraire, HDR, ENSA de Grenoble, directeur de thèse
  • Michel RAUTENBERG, Professeur, HDR, Université Jean Monnet, co-directeur de thèse
  • Patrick PEREZ, Maître de conférences, HDR, ENSA de Toulouse, rapporteur
  • Jean-Louis TORNATORE, Professeur, HDR, Université de Bourgogne, rapporteur
  • Monica ALCINDOR, Professeure, Escola Superior Gallaecia (Portugal), examinatrice
  • Christelle FOUR, Responsable architecture et patrimoine, Communauté d’agglomération du Pays Voironnais, examinatrice

Résumé de la thèse

Le bâti ancien est aujourd’hui confronté à des enjeux normatifs, environnementaux et patrimoniaux qui favorisent sa réhabilitation et engagent une multiplicité d’acteurs dans cette activité. Ces engagements mettent en débat les savoirs, les mondes professionnels et les attachements que ces acteurs tissent autour des espaces édifiés. La thèse explore ces dynamiques autour du cas particulier du bâti ancien en pisé (bâtiments construits en terre crue damée dans des coffrages) dans le département de l’Isère. L’objectif de ce travail est de comprendre et de décrire comment et par qui ce bâti est mis en projet et réhabilité, dans un double sens d’amélioration physique et de revalorisation d’un objet aux significations multiples. Nous faisons l’hypothèse que les projets de réhabilitation, par les multiples formes d’engagement qu’ils construisent, participent à détacher l’expérience de ce bâti d’une expérience ordinaire. Ces projets mettent à l’épreuve les attachements que leurs porteurs développent autour du bâti existant et de la matière terre qui le constitue autant que les savoirs et les pratiques constructives qui s’y appliquent. Ces épreuves participent à l’émergence de collectifs qui tissent un maillage politique au sein duquel se composent des espaces de dialogue et d’appropriation des usages, de la pratique et du devenir du bâti existant.

Pour explorer cette hypothèse, la recherche s’inscrit dans une perspective interdisciplinaire qui articule ressources théoriques et méthodes développées en architecture, en ethnologie et en sociologie. Elle développe une anthropologie pragmatique des cultures constructives qui compose une problématisation commune entre ces disciplines autour des questions soulevées par la réhabilitation du bâti ancien. L’exploration de ces questions se base sur un travail d’enquête qualitative multi-située. Il décrit les mondes de la réhabilitation en action, en suivant des parcours de projet portés par plusieurs catégories d’acteurs (habitants, professionnels, institutions). La thèse revient d’abord sur les différentes formes d’engagement qui participent à mettre le bâti ancien en projet, de l’intervention sur un bâtiment spécifique à sa mise en valeur de manière générale. Ces expériences de réhabilitation portent l’attention sur différentes qualités du bâti et contribuent à le faire sortir de l’ordinaire. Le bâti ancien en pisé est ainsi engagé – et engage lui-même – dans de multiples réalités. À la fois maison, lieu de vie, lieu de travail, patrimoine local ou architecture de terre, il fait agir, réagir et rentrer en relation les acteurs qui s’y intéressent. La deuxième partie de l’analyse décrit comment la difficulté d’appliquer des protocoles de réhabilitation entraine les porteurs de projet à s’engager dans des épreuves et à chercher des prises leurs permettant de mener à bien leurs projets. Ces épreuves entrainent les acteurs qui s’y investissent à ajuster leurs relations entre eux et avec le bâti au fur et à mesure du processus de projet. À mesure qu’ils s’approprient les savoirs de la réhabilitation, ils développent différentes formes d’attachement autour du bâti. Les projets de réhabilitation contribuent alors à l’émergence de collectifs plus ou moins pérennes qui se réapproprient les modalités d’intervention sur le bâti et les décisions qui le concernent. La thèse s’attache finalement à mieux comprendre les dimensions plurielles (matérielle, constructive, architecturale et interactionnelle) des cultures constructives du pisé et de sa réhabilitation et propose les éléments d’un dialogue à poursuivre avec les acteurs de terrain autour de l’intérêt et des conditions permettant de faire tenir un espace politique autour des usages et du devenir du bâti existant.

Mots-clés

bâti ancien en pisé, réhabilitation, cultures constructives, collectifs, communautés de pratiques, politiques de l’architecture

Abstract

Ancient buildings face today normative, environmental and patrimonial issues which foster their renovation and engage a great diversity of actors. This multiplicity initiates a debate around knowledge, professional worlds and attachments which are woven around existing buildings. This thesis delves into these dynamics focusing on the case of ancient rammed earth building (raw earth compressed into an external formwork) in the French department of Isere, France. It aims at describing how and by whom rammed earth buildings are involved in retrofitting projects, considering both their physical and representational improvement. We make the hypothesis that retrofitting projects, through the multiple ways of engagement they imply, help to free the experience of this buildings from an ordinary experience. Indeed, they put on trial the attachments developed by the actors around existing buildings and earthen material as much as the building knowledge and practices. These trials bring out collectives that weave a political meshwork. At different scales, this meshwork composes spaces for dialogue and appropriation of uses, practices and futures of existing buildings.

The exploration of this hypothesis follows an interdisciplinary perspective that connect theoretical resources and methods developed in architecture, ethnology and sociology. It develops a pragmatic anthropology of building cultures composing a common problematic for these disciplines to discuss ancient building retrofitting. The investigation is based on multi-sited qualitative ethnography. Following projects paths carried by different actors (inhabitants, professionals, institutions), it describes the retrofitting worlds in action. First, the thesis describes the various forms of engagement in retrofitting projects, from the intervention on a specific building to its evaluation as heritage. These experience draw attention on different qualities of the buildings and bring them out of their ordinary status. Ancient rammed earth buildings are therefore engaged – and engage themselves – in multiple realities: house, place of life, workplace, local heritage, earthen architecture. It makes the actors act, react and interact. Then, the analysis shows how the difficulty of applying strict rehabilitation protocols leads the actors to engage in trials and to develop holds to carry out their projects. As the project progresses, these trials lead them to adjust their relations with each other and with existing buildings. As they grasp knowledge about retrofitting, they develop different attachments. Therefore, retrofitting projects contribute to the emergence of collectives, more or less durable. At their own scale, these collectives reclaim the methods of interventions on buildings and the decision that concern them. The thesis eventually aims to better understand the plural dimensions (material, constructive, architectural and interactional) of rammed earth building retrofitting and propose components for a dialogue to carry on with local stakeholders around the interests and conditions that would make possible to hold a political space around the uses and futures of existing buildings.

Keywords

rammed earth building, retrofitting, building cultures, collectives, communities of practice, politics of architecture

17/09/2018 - Claire Rosset

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Equipe d’accueil 7445 Les Métiers de l’Histoire de l’Architecture, édifices-villes-territoires dans le cadre d’une CIFRE avec le CAUE de Haute-Savoie.

Titre de la thèse

Imaginaire du passé et pensée du monde moderne – Processus de médiatisation chez Albert Laprade, architecte

Composition du jury

  • Laurent BARIDON, Professeur, HDR, Université Lumière Lyon 2, rapporteur
  • Arnaud DUTHEIL, Directeur du CAUE de Haute-Savoie, examinateur
  • Hélène JANNIÈRE, Professeure, HDR, Université Rennes 2, rapporteure
  • Catherine MAUMI, Professeure, HDR, ENSA de Grenoble, directrice de thèse
  • Simon TEXIER, Professeur, HDR, Université de Picardie Jules-Verne, examinateur
  • Estelle THIBAULT, Maître de conférences, HDR, ENSA de Paris-Belleville, examinatrice

Résumé de la thèse

Le débat architectural du début du XXe siècle semble sous-tendu par les oppositions entre les tenants d’une tradition comme transmission historique ou régionale et ceux d’une modernité comme revendication de la tabula rasa. Mais si la modernité « intervient comme une coupure entre le passé et l’avenir […], elle assure aussi la jonction qui permet au passé de s’enrichir et à l’avenir de se souvenir ». Elle peut ainsi être observée dans les rapports qu’elle entretient avec la tradition, l’intérêt pour les cultures traditionnelles et vernaculaires s’amplifiant simultanément à l’émergence de la modernité architecturale. La thèse interroge les processus de fabrication qui permettent à l’architecte de construire une idée de la modernité architecturale qui se réclame de la tradition.

Les enjeux de reconstruction après les guerres mondiales radicalisent les débats, conférant à la presse et aux grandes expositions internationales des rôles stratégiques de diffusion des idées. Les architectes en sont les acteurs principaux. En considérant l’architecture dans toutes ses dimensions de production (édifiée, représentée, écrite et publiée), nous formulons l’hypothèse qu’elle peut être analysée comme médium (c’est-à-dire comme support d’un message) et comme média (c’est-à-dire comme vecteur de communication). Par ailleurs, nous supposons que dans le processus de publication l’architecte fabrique simultanément un imaginaire du passé et une pensée du monde moderne.

Nous identifions trois mouvements dans le processus de fabrication de cette pensée de la modernité. Dans un premier temps, nous nous intéresserons au passage de l’architecture édifiée à l’architecture représentée en interrogeant la capacité des architectes à construire des filiations historiques et/ou géographiques, notamment à partir de l’observation de l’existant. Dans un deuxième temps, nous analyserons les relations entre architecture édifiée et architecture publiée en considérant, comme Beatriz Colomina, que le média imprimé permet un « nouveau contexte de production, existant en parallèle au terrain de construction ». Enfin, en étudiant le passage de l’architecture publiée à l’architecture racontée, nous interrogerons le rôle des espaces de publication dans les processus de mise en récit de l’architecture.

Afin de conduire cette étude, nous nous appuyons sur la production de l’architecte Albert Laprade (1883-1978). Acteur sur la scène architecturale moderne, il va participer également à la reconnaissance de l’architecture traditionnelle. La diversité de sa production nous permet de constituer un corpus édifié, dessiné et écrit qui s’élabore à partir de la forme publiée de son travail :

  • articles parus sur sa production bâtie (publiés par d’autres architectes),
  • articles écrits par Albert Laprade (presse professionnelle ou non),
  • ouvrages de l’architecte tels que les Albums de croquis.

Mots-clés

relevé d’architecture, architecture vernaculaire, médium/média, imaginaire, publication architecturale, Albert Laprade

Title

Imaginary of the past and thinking in the modern world – The mediatization process in Albert Laprade’s work

Abstract

In the early XXth century, the architectural debate in France seems underpinned by the opposition between the proponents of a tradition, as historical or regional transmission, and those of modernity, as a claim of tabula rasa. But if modernity “comes as a cut between past and future […], it also ensures the junction that allows the past to enrich itself and the future to remember”. Thus, tradition can be observed through its relations with tradition, as the interest in traditional or vernacular cultures amplifies simultaneously with the emergence of architectural modernity. The Phd examines the manufacturing processes that allow the architect to build an idea of architectural modernity that claims of tradition.

Reconstruction issues after the World Wars radicalized the debate, giving the press and international exhibitions a strategic role of dissemination of ideas, the architects being the main players. Considering architecture in all its production aspects (built, represented, written and published), we hypothesize that it can be analysed as a medium (that is to say, a carrier of a message) and as a media (that is to say, a communication vector). Furthermore, we assume that in the process of publishing, the architect simultaneously produces an imaginary past and a thinking of the modern world.

We identify three movements in the manufacturing process of the thought of modernity. First, we will look at the transition from built architecture to represented architecture by querying the architects ability to build historical and / or geographic affiliations, especially from the observation of the existing. Secondly, we analyse the relationship between built architecture and published architecture, considering, as Beatriz Colomina, that the print media enables a « new context of production, existing in parallel to the construction site. Finally, studying the transition of published architecture to narrated architecture, we will question the role of publication spaces in the architecture storytelling process.

To conduct this study, we rely on the production of the architect Albert Laprade (1883-1978). Player on the modern architectural scene, he participated in the recognition of traditional architecture. The diversity of its production allows us to establish a corpus, built, designed and written, that develops from the published form of his work:

  • articles about his builts (published by other architects)
  • articles written by Albert Laprade (trade press or not)
  • books published by the architect as his Albums de croquis.

Keywords

architectural statement, vernacular architecture, medium/media, imaginary, architectural publication, journals, Albert Laprade

15/01/2018 - Laurent Hodebert

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Equipe d’accueil 7445 MHA-evt.

Titre de la thèse

Henri Prost et le projet d’architecture du sol urbain, 1910-1959

Composition du jury

  • Rémi BAUDOUÏ, Professeur, Université de Genève, Rapporteur
  • Jean-Lucien BONILLO, Professeur, HDR, ENSA de Marseille, Examinateur
  • Viviane CLAUDE, Professeur, Institut d’urbanisme de Lyon, Examinatrice
  • Jean-Louis COHEN, Professeur, Institute of Fine Art, New York University, Rapporteur
  • Corinne JAQUAND, Maître-assistante, ENSA de Paris-Belleville, Examinatrice
  • Catherine MAUMI, Professeur, HDR, ENSA de Grenoble, Directrice de thèse

Résumé de la thèse

La thèse interroge le processus de conception dans l’œuvre de l’architecte-urbaniste français Henri Prost (1874-1959). Nous qualifions son travail comme « l’architecture du sol urbain », en faisant l’hypothèse qu’il s’agit de l’art de la conception des espaces urbains et des armatures territoriales par l’expression d’une culture spécifique du sol et de la manière d’y inscrire durablement les projets. L’architecture du sol urbain s’intéresse au travail sur la surface de la terre, dans la qualification du sol naturel par une opération de transformation que l’on pourrait qualifier d’architecture de la topographie urbaine. C’est une opération multiscalaire, qui va du territoire à l’objet architectural, pour préparer le sol aux usages de la société humaine à l’aide d’infrastructures, d’espaces publics et d’édifices. Elle s’intéresse aux embrayages entre les échelles, aux articulations spatiales et aux évolutions temporelles. Il s’agit alors de définir la nature du travail de Prost, afin de donner à comprendre la pensée qui est à l’œuvre dans sa pratique du projet. Dans une première partie nous abordons la formation d’une culture spécifique de l’architecture du sol, au moment historique de l’invention de l’urbanisme, entre 1890 et 1917. Pour les architectes français pionniers de l’urbanisme, elle se fait en trois étapes : l’enseignement à l’Ecole des Beaux-Arts, ensuite le séjour à la Villa Médicis à Rome avec les relevés des villes antiques, et enfin les premiers grands projets et concours internationaux. Nous analysons dans la deuxième partie un échantillon de projets emblématiques et représentatifs de la démarche de conception de Prost selon deux grandes catégories que nous qualifions de « séquences de paysage urbain » et « armatures territoriales ». Les séquences sont inscrites dans le tissu urbain, on y retrouve des principes d’ouverture spatiale au grand paysage, elles contiennent de larges voies plantées, et s’articulent sur une ou plusieurs places publiques. L’espace public est qualifié et la séquence est bordée ou ponctuée par des édifices publics ou institutionnels. Les armatures territoriales sont marquées par des problématiques abordant principalement des questions de grand paysage et d’infrastructures de voirie. Pour analyser cet échantillon, nous construisons un corpus complémentaire aux dessins originaux du Fonds Prost, par la constitution d’un atlas des projets sélectionnés. Ce recueil de cartes, de coupes et de photographies aériennes permet de disposer d’une collection cohérente de supports pouvant servir comme matériau d’analyse pour chaque cas d’étude, autant que d’outil de lecture comparée. Cette procédure de redessin, qui emprunte aux savoirs faire des outils graphiques d’élaboration et de représentation du projet architectural et urbain, permet de mettre en évidence la particularité de la démarche de Prost, ainsi que les formes récurrentes de son travail, les dispositifs employés par l’architecte urbaniste et l’évaluation de l’impact de ces projets sur la forme actuelle des villes où il est intervenu. Dans la troisième partie nous explorons la pensée à l’œuvre chez Prost dans la fabrique du projet urbain et territorial. En opérant par un regard transversal sur les projets et leurs dispositifs à partir de l’analyse de l’échantillon, l’objectif est de révéler la partie cachée du travail de conception. La lecture de ce processus commencera par expliciter la nature de la culture du projet chez Henri Prost, avant de détailler la méthode et les outils qu’il met en œuvre, de l’arpentage sur les sites pour la connaissance du sol, à la qualification par le projet.

Mots-clés

Henri Prost, sol urbain, urbanisme, architecture, parkway, Ecole des Beaux Arts

Abstract

The thesis examines the design process in the work of the French architect-urbanist Henri Prost (1874-1959). One can describe his work as being « l’architecture du sol urbain », meaning that it is the art of designing urban spaces and territorial framework by the expression of a specific understanding of how one can sustainably implement projects working with the raw ground. This « Urban ground » architecture concerns itself with work on the surface of the territory, in the rendering of the natural ground by an operation of transformation which one could define as « architecture of the urban topography ». It is a multi-scale process, requiring not just an understanding of the territory but also that of the architectural object, and everything in between. This process prepares the raw ground, transforming it for the uses of human society by means of infrastructures, public spaces and buildings. What is key in his work is this clear use of links between scales, the use of spatial connections and built forms. We will define the nature of Prost’s projects and give an understanding of the thinking that is at work in his practice. In the first part we look at the training which led to a specific culture of ‘the architecture of the territory’, at the historical period when ‘town planning’ came into being, between 1890 and 1917. Prost was among a group of French architects and pioneers of urbanism who studied at the Ecole des Beaux-Arts, then went on to residencies at the Villa Medici during which time they surveyed Roman and Greek ancient cities before finally going on to do their first major projects and participating in international competitions. In the second part we analyse a sample of emblematic projects, representative of Prost’s design approach and following two broad categories which we describe as « urban landscape sequences » and « territorial frameworks ». The sequences are inscribed in the urban fabric, with spaces which reference the landscape at large, they are made up of wide planted streets and boulevards which link the public spaces. The public space is considered and is bordered or punctuated by public or institutional buildings. The territorial framework is marked by the addressing of the road infrastructure within the scale of the landscape. In order to analyse these samples we have built a body of work which takes as its starting point the original drawings held at the Prost Archives and which consists of an atlas of selected works. This collection of maps, sections and aerial photographs allows us to have a basis for the analysis of each individual case study as well as providing a tool to compare them and provides us with a coherent overview. This process of ‘redrawing’ makes use of modern graphic tools to represent and elaborate on the architectural and urban projects, making it possible to highlight the particularity of Prost’s approach; the devices he employed and the recurrent forms in his work, as well as giving us an opportunity to evaluate the impact of his work on the current form of the cities where he intervened. In the third part we explore intellectual process in Prost’s urban and territorial projects. By means of analysing particular sample projects we allow ourselves an overview whereby we can take a transverse look at the work and its devices, the objective being to reveal the hidden part of the design. By this ‘reading’ of the processes he used we will begin to explain the culture behind the projects of Prost. We will go on to detail his methodology; from the tools he used, such as the surveys which provided knowledge of the site, through to the transformation of the site by the project.

Keywords

Henri Prost, urban ground, town Planning, architecture, parkway, École des Beaux Arts

2017

14/12/2017 - David Gandreau

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Equipe d’accueil 7444 AE&CC

Titre de la thèse

Patrimoine archéologique en terre et développement local – Enjeux interdisciplinaires et perspectives de formation

Composition du jury

  • Hamady BOCOUM, Professeur, Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, Examinateur
  • Corinne CASTEL, Directrice de recherche au CNRS, Université Lyon 2 Louis Lumière, Rapporteure
  • Annick DANEELS, chercheuse, Université Nationale Autonome de México, Examinatrice
  • Hubert GUILLAUD, Professeur honoraire, HDR, ENSA de Grenoble, Directeur de thèse
  • Romain LAJARGE, Professeur, HDR, ENSA de Grenoble, Examinateur
  • Patrick PÉREZ, Maître assistant, HDR, ENSA de Toulouse, Rapporteur

Résumé de la thèse

Très présents sur les sites archéologiques, les vestiges d’architecture de terre suscitent un intérêt grandissant, pour la communauté scientifique, pour les autorités en charge de la protection du patrimoine, pour les populations locales et pour le grand public, amateur de tourisme culturel. De plus en plus de projets d’étude, conservation et mise en valeur des vestiges en terre sur les sites archéologiques voient le jour dans le monde, dans une perspective d’apport du patrimoine au développement local et territorial. Ces projets font appel à des compétences multiples, empruntant notamment aux disciplines de l’archéologie, de l’architecture, de la conservation, et au domaine de la valorisation patrimoniale. Des acteurs aux profils variés sont ainsi amenés à collaborer sur des projets à la fois plus nombreux et plus complexes, intégrant les apports et attentes de parties prenantes très diversifiées, dans une approche holistique et contextualisée de gestion du patrimoine (Agnew et Bridgland 2006).

Les modalités de ces nouvelles collaborations sont étudiées en profondeur dans cette thèse, afin d’analyser les enjeux interdisciplinaires et les enjeux de formation qui en résultent. Nous faisons l’hypothèse que les rapprochements entre les différents acteurs concernés par le patrimoine archéologique génèrent des perspectives de formations plus spécifiques, voire l’émergence de nouveaux métiers au carrefour des disciplines, qui seraient en mesure de mieux répondre aux attentes actuelles vis-à-vis de ce patrimoine.

La recherche est fondée sur des enquêtes de terrain et des rencontres d’acteurs menées sur le long terme (quinze années d’exercice scientifique et professionnel), sur cinq sites principaux et douze sites de référence, principalement en Asie, mais aussi en Afrique et en Amérique Latine. Une grille d’analyse permet de confronter les pratiques observées sur ces terrains d’étude aux recommandations internationales en termes d’étude, conservation et valorisation du patrimoine archéologique en terre. Ces recommandations sont issues d’un corpus composé de publications de référence, de chartes et déclarations internationales, de conférences sur l’architecture de terre et de programmes internationaux sur cette thématique. Les résultats de l’analyse comparative nous amènent à faire des propositions méthodologiques et à énoncer des lignes directrices de programmes de formations plus spécifiques. Nous souhaitons ainsi contribuer aux dynamiques de recherche et d’enseignement qui se mettent en place autour du patrimoine archéologique en terre et de son apport au développement local.

Mots-clés

Architecture de terre, patrimoine culturel, archéologie, histoire, conservation du patrimoine, valorisation, développement local, territoire, tourisme, interdisciplinarité, formation

Title

Earthen archaeological heritage and local development interdisciplinary challenges and training perspectives

Abstract

Very present on archaeological sites, the vestiges of earthen architecture are arousing a growing interest, for the scientific community, for the authorities in charge of heritage protection, for the local populations and for the general public, fan of cultural tourism. More and more projects for study, conservation and enhancement of earthen architecture in archaeological context are emerging in the world, with a view to contributing to local and territorial development. These projects involve multiple skills, borrowing in particular from the disciplines of archeology, of architecture, of heritage conservation, and from the field of heritage valorisation. Specialists in each field are invited to collaborate on projects that are more numerous and more complex, integrating the inputs and expectations of very diverse stakeholders, in a holistic and contextualized approach to heritage management (Agnew, Bridgland 2006).

The conditions governing these new collaborations are studied in depth in this thesis, in order to analyze the interdisciplinary challenges and the resulting training issues. We make the hypothesis that the links between the various actors involved in the archaeological heritage generate more specific training prospects, and even the emergence of new trades at the crossroads and interfaces of the disciplines, which would better meet current expectations with regard to this heritage.

The research is based on field surveys and stakeholder meetings realized over the long term (fifteen years of scientific and professional practice), at five main sites and twelve reference sites, mainly in Asia, but also in Africa and in Latin America. An analysis grid allows to compare the practices observed on the field with the international recommendations in terms of study, conservation and valorisation of the archaeological heritage built with earth. These recommendations are based on a corpus of reference publications, international charters and declarations, conferences on earthen architecture and international programs on this theme. The results of the comparative analysis lead us to make methodological proposals and to formulate guidelines for more specific training programs. In this way, we wish to contribute to the new research and training dynamics that are set up around the earthen archaeological heritage and its contribution to local development.

Keywords

Earthen architecture, cultural heritage, archaeology, history, heritage conservation, heritage valorisation, local development, territory, tourism, interdisciplinarity, training

10/10/2017 - Ivan Mazel

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Equipe d’accueil 7444 AE&CC

Titre de la thèse

Habitation écologique et dispersion bâtie – Les « habitats alternatifs » comme expérimentations pour des transitions socio-écologiques en territoires de moyenne montagne

Composition du jury

  • Antoine BRÈS, Professeur, Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne, Rapporteur
  • Anne COSTE, Professeure, HDR, ENSA de Grenoble, Directrice de thèse
  • Luna D’EMILIO, Maître assistante, ENSA de Lyon, Examinatrice
  • Xavier GUILLOT, Professeur, HDR, ENSAP de Bordeaux, Co-Directeur de thèse
  • Daniel PINSON, Professeur émérite, Aix-Marseille Université, Rapporteur
  • Jodelle ZÉTLAOUI-LÉGER, Professeure, HDR, ENSA de Paris la Villette, Examinatrice

Résumé de la thèse en français

Cette thèse interroge les mutations de l’habitation dans le cadre des transitions socio-écologiques. Ces transitions sont des processus de mutations des sociétés qui visent à diminuer leur empreinte écologique et s’initient par des expérimentations en marge du système productif, appelées niches de transitions. Ce travail s’intéresse ainsi à des dynamiques marginales de la production de l’habitat et de l’urbanisation. Il porte sur des « habitats alternatifs » où les futurs habitants sont impliqués à travers l’autopromotion ou leur participation à des projets de pouvoirs publics. Ces habitats sont situés en marge du phénomène d’urbanisation, dans les territoires ruraux de moyenne montagne. En effet, dans ces territoires, de nouvelles ruralités ont émergé à travers l’arrivée de nouveaux habitants soutenue par des structures associatives et favorisée par des politiques publiques de développement des collectivités locales et des Parcs naturels régionaux. J’interroge ainsi dans ce travail la mise en place de l’habitation écologique dans les territoires ruraux de moyenne montagne dans le cadre des transitions socio-écologiques.

L’hypothèse générale de ce travail est la suivante : les projets d' »habitat alternatif » sont le lieu privilégié de l’expérimentation de l’habitation écologique dans les territoires ruraux de moyenne montagne. Je propose ainsi de vérifier cette hypothèse par une approche globale des projets d' »habitat alternatif » afin de comprendre le système d’habitation écologique mis en place. J’analyse d’abord l’articulation entre acteurs dans le processus de projet et l’utilisation des ressources matérielles, énergétiques et en eau dans la construction et l’usage de ces habitats. J’explore ensuite le déploiement des modes d’habiter dans l’organisation de l’habitat et dans l’espace local par les mobilités. Aborder différents types d' »habitat alternatif », éco-hameaux, habitat participatif rural et éco-lotissement, permet d’abord d’interroger les mutations de l’aménagement des territoires ruraux à partir des initiatives habitantes. Par là même, je mets en évidence les articulations entre les démarches individuelles, les programmes d’accompagnement des réseaux associatifs et les politiques publiques incitatives. Ensuite, par l’approche des marges de la production de l’habitat, j’interroge la contribution des projets d’habitat alternatif à l’habitation écologique des territoires de dispersion bâtie. Je montre l’importance des stratégies collectives pour permettre une sobriété des modes de vie, une utilisation des ressources locales et une mutualisation de l’espace et des biens. Ce travail révèle ainsi une habitation écologique au sein de la dispersion bâtie qui s’appuie sur une autonomie locale et une intégration aux réseaux physiques et virtuels.

Mots clés en français

habitation écologique, dispersion bâtie, habitat alternatif, transitions socio-écologiques, territoire de moyenne montagne

Résumé de la thèse en anglais

This thesis examines the mutations of housing in the context of socio-ecological transitions. These society change processes aim to reduce ecological footprint and are initiated by experiments on the margins of the productive system, called niches of transitions. This work addresses the marginal dynamics of habitat production and urbanization. It deals with « alternative housing » where future inhabitants are involved through self-promotion housing or their participation in public authorities’ projects. These housing projects are located in urbanization margins, in mid mountains rural areas. In these territories, new ruralities have indeed emerged based on the arrival of new residents supported by non-profit organizations, promoted by local government policies and Parcs naturels régionaux. In this work, I thus question the organization of ecological housing in rural areas in the context of the socio-ecological transitions.

The general hypothesis of this research is the following one: the alternative housing projects experiment ecological housing in mid mountain rural areas. I propose to test this hypothesis with a global approach to alternative housing projects in order to understand the ecological housing system organization. First, I analyze the relationship between actors in the project process, and the use of material, energy and water resources in the construction and operation of these habitats. I then explore the deployment of the ways of living in the organization of the habitat, and in the local space through the mobilities. We address different types of alternative housing, ecocommunity, rural cohousing and ecological estate, and analyze the rural planning changes from inhabitants’ initiatives. In this way, I highlight the links between individual projects, support program of non-profit organizations and incentivizing public policies. Then, in the context of habitat production margins, I examine the contribution of alternative housing projects to the ecological housing of dispersedly built areas. I show the importance of collective strategies to allow a sober lifestyles, a use of local resources and mutualisation of space and goods. This work reveals an ecological housing of dispersedly built areas between based on local autonomy and integration within physical and virtual networks.

Mots clés en anglais

ecological housing, dispersed settlement, alternative housing, socioecological transitions, mid mountain territories

21/03/2017 - Olivia Germon

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Laboratoire d’accueil : UMR 1563 AAU – CRESSON

Titre de la thèse

Le sol urbain : un arrière-plan de l’expérience somatique des ambiances urbaines

Composition du jury

  • Grégoire Chelkoff, ENSA de Grenoble, directeur de thèse
  • Isabelle GINOT, Professeur, Université Paris 8, rapporteur
  • Laurent LESCOP, Maître-assistant, ENSA de Nantes, rapporteur
  • Valérie LEBOIS, Maître-assistante, ENSA de Strasbourg, examinateur
  • Jean-Paul THIBAUD, Directeur de recherche, UMR CNRS 1563, ENSA de Grenoble, examinateur

Résumé de la thèse en français

Le sol en tant que support de la vie urbaine est encore peu pensé par la recherche architecturale et urbaine. Dans un monde où la concurrence entre villes se joue entre autres sur la qualité des espaces publics, il est pourtant un élément essentiel des usages pédestres. Le pied le foule, l’œil le fait entrer dans l’horizon perceptif sans qu’on s’y attarde, et sans qu’une recherche approfondie nous en ait montré toutes les dimensions sensibles.

Après un rappel historique des enjeux de l’aménagement du sol urbain, nous nous penchons sur la façon dont celui-ci est très tôt intégré dans la structuration de l’expérience vécue par tout un chacun, notamment lors de l’apprentissage de la marche. Le sol est une donnée première de l’environnement et joue un rôle dans la formation de l’équilibre, du sens de la proprioception. Il participe ainsi à l’arrière-plan corporel de l’expérience, en même temps qu’il est une surface d’échanges. En matière d’architecture et d’urbanisme, nous faisons l’hypothèse que le sol fait partie du fond de l’ambiance : il contribue à l’arrière-plan ambiantal de l’expérience sensorielle des espaces publics. Pour avancer sur ces hypothèses, trois corpus sont constitués : le premier, à partir d’une écoute réactivée de vingt sons enregistrés à Paris, analyse la part du sol dans la qualité sonore de l’ambiance vécue ; le second, issu d’observations et de relevés vidéo sur deux terrains comparés à Barcelone et La Défense, permet d’évoquer les relations entre topographie et mobilité ; le troisième, issu de l’expérimentation de dix parcours commentés effectués les yeux fermés sur une partie du site de La Défense, tente d’approcher l’expérience somatique dans le rapport au sol : comment se joue la relation entre le sol et le « soma » ? Pour conclure, nous discutons les apports réciproques entre Ambiances et Somatiques, deux disciplines au cœur desquelles le sentir est exploré. Que peuvent apporter les somatiques aux ambiances en terme de méthode d’étude, du point de vue théorique et pour l’approche du projet ?

Mots clés en français

sol urbain, ambiances urbaines, somatiques, expérience sensible, corps humain

Titre de la thèse en anglais

Urban ground : a basis for the somatic experience of urban atmospheres

Résumé de la thèse en anglais

The ground as a support for urban life remains a largely understudied topic in architectural and urban research. In a world where towns compete to offer a better quality of public spaces, pedestrian use is considered as an essential aspect. Felt underfoot and seen on the perceptual horizon without being consciously considered, very little in-depth research has revealed its sentient dimensions.

After some brief historical considerations on the importance of urban ground, the study focuses on how the ground is integrated into the lived experience of our environment, beginning with how we learn to walk. The ground is a fundamental dimension and plays an essential role in keeping balance and creating a sense of proprioception. It participates as a basis for bodily experience by providing a surface of exchange. In terms of architecture and urban design, this study posits the ground as part of the ambiance as it constitutes the ambient background of the sensory experience of public spaces. In order to develop this hypothesis three case studies are considered: the first, based on a reactivated listening of twenty sounds recorded in Paris to provide an analysis of the role that the ground plays in experiencing the ambiance; the second, a comparative set of observations and video recordings taken in two sites in Barcelona and La Défense in Paris; the third, is based on ten blind-folded commented walks carried out at La Défense. It tries to examine what the somatic experience of the ground entails, how does the relationship between the ground and the « soma » take place? In conclusion, the reciprocal contributions of Ambiances and Somatics are considered in relation to this material as we ask what new theoretical approaches these disciplines can provide in exploring body experience.

Mots clés en anglais

urban ground, urban ambiances, somatics, sentient experience, human body

16/03/2017 - Toumadher Ammar

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Laboratoire d’accueil : UMR 1563 AAU – CRESSON en cotutelle avec l’Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis

Titre de la thèse

Le métissage culturel comme générateur d’ambiances et de formes urbaines spécifiques : Les quartiers de Capaci Piccolo et Capaci Grandi à Sousse, à la croisée des cultures ambiantales et urbaines italienne, française et tunisienne

Composition du jury

  • Jean-Pierre PENEAU, Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, directeur de thèse
  • Jean-Paul THIBAUD, Ecole nationale supérieure d’architecture de Grenoble, directeur de thèse
  • Leila AMMAR, Ecole nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, examinatrice
  • Tsouria KASSAB, Ecole Polytechnique d’Architecture et d’Urbanisme d’Alger, rapportrice
  • Faouzi MAHFOUDH, Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, rapporteur

Résumé de la thèse

La colonisation et l’immigration créent des espaces dits de l’entre-deux, des « espaces in-between », où les limites et les frontières entre identités et cultures sont remises en question, où sont générés de multiples métissages. Dans le cadre de notre recherche nous nous sommes intéressé plus particulièrement à deux quartiers situés en Tunisie, dans la ville de Sousse, dont les noms sont Gabadgi El Foukani et Gabadgi Loutani , ou en sicilien « Capaci Supra e Capaci Jusu ». Ces deux quartiers portent le nom d’une localité sicilienne, Capaci. Le plus intéressant des faits est que ces lieux ont été construits et occupés par des populations mélangées, majoritairement siciliennes issues de l’immigration. Mais il y avait aussi d’autres communautés bien diversifiées du point de vue des nationalités et des croyances. Ces quartiers ont ensuite été progressivement réinvestis par une population exclusivement tunisienne. Le contexte historique et social de ces quartiers, nous a conduit à porter notre attention sur la relation entre les ambiances, l’espace public urbain et la notion de métissage. La vérification de l’hypothèse d’une persistance de caractéristiques ambiantales spécifiques constitue un réel enjeu scientifique pour cette recherche. Nous avons choisi la notion de métissage plus qu’une autre forme de mélange étant donné qu’elle se présente comme une pensée temporelle. Nous avons par conséquent été mené à interroger les ambiances des quartiers en appréhendant le métissage comme devenir, comme processus de transformation né de la rencontre de l’autre, mais aussi comme une expérience intériorisée vécue dans la durée. Notre méthodologie de travail s’est déployée selon trois mouvements, qui se sont croisés et enrichis mutuellement : observer et raconter, décrire, expérimenter. Les deux premières phases se sont plus concentrées sur le terrain, la troisième s’est présentée sous la forme d’une expérimentation développée sous l’égide d’une installation-projection.

Mots clés

ambiance, Mmétissage, espace public, interaction, devenir, temporalité

17/01/2017 - Charline Sowa

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe d’accueil 7445 MHA-evt.

Titre de la thèse

Penser la ville en décroissance : pour une autre fabrique urbaine au XXIe siècle.
Regard croisé à partir de six démarches de projet en France, en Allemagne et aux Etats-Unis.

Composition du jury

  • Catherine MAUMI, Professeure, HDR, ENSA de Grenoble, directrice de thèse
  • Vincent BÉAL, Maître de conférences, Université de Strasbourg, examinateur
  • Denis BOCQUET, Professeur, HDR, ENSA de Strasbourg, rapporteur
  • Emmanuèle CUNNINGHAM-SABOT, Professeure, HDR, École Normale Supérieure (Paris-Ulm), rapportrice
  • Florian HERTWECK, Professeur, Université du Luxembourg, examinateur
  • Christelle MOREL JOURNEL, Maître de conférences, Université de Saint-Étienne, examinatrice
  • Brent D. RYAN, Professeur, Massachusetts Institute of Technology, examinateur

Résumé de la thèse en français

Dans le cadre de la recherche, nous nous intéressons à la pratique du projet urbain dans les villes en décroissance (ou ville rétrécissante), plus connues sous le terme anglophone de shrinking cities. Cet intérêt est né d’un questionnement plus large sur la pratique de l’architecte-urbaniste et la fabrique de la ville en ce début du XXIe siècle, où les débats se multiplient sur la ville résiliante, économe, autosuffisante face aux crises écologiques, socio- économiques et politiques actuelles. La ville en décroissance offre ainsi un cadre intéressant pour nous confronter à cette problématique où l’architecte-urbaniste se retrouve à devoir s’adapter et se réinventer face à de multiples contraintes. Par ailleurs, le programme allemand Shrinking Cities et les réflexions portées par l’architecte-chercheur allemand Philipp Oswalt ont été un élément déclencheur. Ce dernier revendiquait l’idée que la ville en décroissance était le nouveau terrain de jeu pour explorer de nouvelles pensées architecturales et urbanistiques. Il le démontre à partir d’un travail de collecte d’expériences à travers le monde.

Aujourd’hui, nous proposons de poursuivre cette réflexion et de nous poser la question suivante: quels enseignements pouvons-nous tirer de ces expériences pour notre pratique et imaginer la ville de demain ? À partir de ce questionnement, nous faisons l’hypothèse que ces nouvelles pensées architecturales et urbaines (concepts, langages architecturaux, formes urbaines, etc.) participeraient à la formulation de nouvelles formes d’habiter les territoires (usages, modèles urbains, paysage, modes de vie, etc.), permettant d’envisager différemment la fabrique urbaine en ce début du XXIe siècle. Ces démarches seraient par ailleurs actrices dans la reconnaissance de terrains favorables pour une gestion urbaine raisonnée et dans le développement de nouveaux outils et protocoles d’action imaginés par les architecte-urbanistes.

Pour répondre à notre hypothèse de recherche, nous nous intéressons plus spécifiquement aux projets impulsant une mutation profonde du tissu urbain, dans sa forme comme dans ses usages que nous nommons ici par remodelage urbain. Notre analyse se base sur six démarches dites « innovantes », théoriques et réalisées, dont un cas est mis en œuvre par des habitants. Elles illustrent cette pratique dans différentes villes en décroissance depuis ces vingt dernières années. Ces cas d’étude sont situés dans des tissus urbains différents (habitat dense en centre-ville et dans les bourgs ruraux, grands ensembles, habitat pavillonnaire) pour montrer la diversité des terrains auxquels l’architecte-urbaniste peut être confronté. Parallèlement aux deux cas français (Saint-Étienne, Livradois-Forez), nous observerons d’autres expériences dans deux contextes étrangers, précurseurs en termes d’initiatives locales et de politiques urbaines : l’Allemagne (Halle- Neustadt, Dessau) et les États-Unis (Detroit). La diversité des approches et des échelles de réflexion de ces projets ne permet pas de conduire une étude comparative. Plus adaptée à notre démarche, nous proposons leur mise en discussion pour comprendre l’impact du cadre politique, socio-économique et de l’environnement urbain sur le processus de projet ainsi que la capacité de ces projets à amorcer une transformation du tissu urbain et de la ville.

Notre objectif sera ainsi de comprendre l’originalité et les spécificités de ces démarches, mais aussi leurs apports potentiels dans les débats actuels sur la ville et ses évolutions. Cette démarche cherche à apporter une dimension prospective sur le sujet de la ville en décroissance.

Mots clés en français

décroissance urbaine, projet urbain, processus urbain, morphologie urbaine, architecte-urbaniste, France-Allemagne-Etats-Unis

Titre de la thèse en anglais

To think the shrinking city: toward a new making of the city the XXIst century. Overview of six project processes in France, Germany and in the United States of America.

Résumé de la thèse en anglais

Within the methodological framework of the academic research, this study focuses on the urban development specific to shrinking cities. This interest raised from a broader interrogation on the professional practice of urban architects and the making of the city ongoing in this early XXIth century, with regards to contemporary debates about cities that are resilient, economical, self sufficient toward ecological, socio-economical and political crises. The shrinking city offers thus an interesting framework to study architects-urban planners reactions to such contexts and constraints adaptation. Furthermore the German programm Shrinking Cities and the reflexions raised by the German architect and researcher Philipp Oswalt have been a trigger component. He claims that the shrinking city was a new playground to explore new architectural and planning thoughts. He demonstrates it from a gathering of experiences around the world. Today, we suggest to follow this reflexion and raise the following issue: which lessons are to be learned from those experiences for today’s professional practice and imagine the city of tomorrow ?From this initial questioning, we took for granted that those new ways of seeing architecture and urban project (concepts, architectural languages, urban shape, etc.) lead to new leaving standards territories (uses, urban patterns, landscape, leaving conditions, etc.), changing thus the making of the city in this beginning of XXIth century. Indeed, those processes would be influential in the identification of favourable lands for a reasoned gestion of the city and the development of new tools and acting processes imagined by architects and urban planners.

To answer to our hypothesis, we focus more specifically on projects initiating a deep mutation of the urban fabric, on its form and its uses that we would call here urban reshaping. Our analysis is based on six processes meant to be « innovative », realized or no, one of them being built by inhabitants. They illustrate this practice in different shrinking cities since the 20 past years. By urban reshaping, we mean the simultaneous process of deconstruction/ construction of the system of plots, buildings and uses impacting the urban shape and urban landscape. This term refers to the concept of architect Roland Castro and Sophie Denissof suggesting this process in a positive way. We will explore then the process of urban reshaping, as a generator of new spatial qualities and of new leaving ways of those territories in decline. It would participate thus to the adaptation and the resilience of the urban fabric in front of new demographic stakes and real occupation of the space by the inhabitants and the activities; the management of the vacancy and freed spaces; the redefinition of the urban environment to make it liveable and habitable for the population left. Those case studies are located in different urban fabrics contexts to illustrate the diversity of situations that one can be facing. In parallel of two French case studies (Saint-Etienne, Livradois-Forez), we will observe other experiences in two foreign contexts, pioneers in terms of local initiatives and urban policy: Germany (Halle-Neustadt, Dessau) and the United states (Detroit). The diversity of projects, in terms of approach and scale does not constitute a comparative study. We suggest instead a more relevant approach consisting in questioning them to understand the political, socioeconomic and environment consequences on the process of project making and the capacity of those projects to initiate a transformation of urban fabric and of the city.

Our goal will be to understand the originality and specifies of those initiatives, but also potential contributions to the contemporary debates on the city and its evolutions. This approach seeks bringing a prospective dimension about the shrinking city.

Mots clés en anglais

urban shrinkage, urban project, urban morphology, urban reshaping, architect-urban planner, France, Germany, United-States

2016

15/12/2016 - Ons Sassi

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Thèse préparée au sein de l’équipe d’accueil 7444 AE&CC en cotutelle avec la faculté des Sciences Humaines et Sociales de l’Université de Tunis.

Titre de la thèse

L’habitat traditionnel en Tunisie : spécificités, usages et devenir. Le cas de la ville de Kairouan.

Composition du jury

  • Hubert GUILLAUD, Professeur, ENSA de Grenoble, Directeur de thèse
  • Yahya EL-GHOUL, Professeur, Faculté des Sciences Humaines et Sociales de l’Université de Tunis, Co-directeur de thèse
  • Faouzi MAHFOUDH, Professeur, Faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba, Rapporteur
  • Leila EL-WAKIL, Professeur, Université de Genève, Rapportrice
  • Camilla MILETO, Professeur, Universidad Politécnica de Valencia, Examinatrice

Résumé de thèse en français

Cette recherche doctorale soulève la problématique de conservation et d’intégration de l’habitat traditionnel en Tunisie et sur Kairouan. Il s’agit de mettre en valeur les spécificités de ce patrimoine mondial en péril, d’explorer les facteurs qui ont induit sa dégradation, et de s’interroger sur son avenir face aux enjeux du développement, aux changements des modes de vie et face à la modernisation. En effet, la préservation des valeurs culturelles, sociales, économiques et historiques ainsi que l’adaptation de cet héritage patrimonial, exposé à un haut risque de dégradation, aux exigences de la vie moderne, constituent aujourd’hui un défi majeur.

La situation de l’habitat traditionnel kairouanais, est ainsi explorée à travers l’élaboration d’un corpus diversifié, jugé nécessaire pour mener à bien cette recherche à savoir le diagnostic, l’analyse AFOM, l’état des lieux ainsi que l’enquête de terrain (questionnaires et entretiens) auprès des habitants, responsables et experts de la gestion de l’habitat traditionnel en Tunisie. Une lecture croisée de ces outils méthodologiques, permet, entre autres, de mettre en lumière l’état de ce bâti, et de réfléchir sur les conditions qu’il conviendrait de réunir pour faire en sorte que les décideurs, acteurs locaux et habitants s’intéressent à ce patrimoine et le prennent en main dans un cadre d’accompagnement politique, économique, social et financier.

L’objectif de ce travail de thèse est donc d’étudier l’habitat traditionnel de la ville de Kairouan, dans tous ses aspects (urbain, architectural et social, etc.), de comprendre les causes de sa dégradation et de proposer, dans un contexte national et local spécifique, les conditions et les outils stratégiques à mettre en place afin de garantir une meilleure gestion de cet habitat, dans une approche intégrée et participative, afin d’aider à une fixation des habitants dans leur milieu de réference. Ce travail de recherche ainsi que les potentialités et les perspectives qu’il envisage, se veut une contribution à une meilleure connaissance de l’espace médinal oublié et marginalisé de la ville de Kairouan, notamment l’habitat traditionnel, un appel à un vrai débat et une véritable concertation entre tous les acteurs du patrimoine en Tunisie et une vraie mobilisation de toutes les catégories de la société pour se doter des moyens et des instruments nécessaires à sa sauvegarde.

Par ailleurs, cette recherche vise à mettre en place une méthode d’analyse et d’action ayant pour objectif de contribuer à améliorer la situation de ce patrimoine et ce, à travers l’élaboration d’une grille d’analyse spécifique au contexte et aux enjeux locaux qui servira par la suite aux acteurs pour agir dans la bonne direction et de prendre en charge ce patrimoine, toute en revitalisant l’habitat traditionnel, en tant que patrimoine évolutif, pour l’adapter aux enjeux du développement durable.

Mots clés en français

Habitat traditionnel, Patrimoine architectural, Ville de Kairouan, Ville de Tunis, Médina, Devenir

Titre de la thèse en anglais

Traditional housing in Tunisia : specificities, uses and future. The case of the city of Kairouan.

Résumé de thèse en anglais

This PhD research raises the issue of conservation and integration of traditional housing in Tunisia and Kairouan. It showcases the specificities of this world heritage currently in danger, exploring the factors that have led to its degradation, wondering about its future in front of the development issues, lifestyle changes and modernization. Indeed, the preservation of cultural, social, economic and historical values and the adaptation of this heritage legacy, exposed to a high risk of degradation, the demands of modern life, constitute today a major challenge.

The situation of traditional housing in Kairouan, thus explored through the elaboration of a diversified corpus, considered necessary to carry out this research such as the diagnosis, the SWOT analysis, the site investigation (surveys and interviews) with locals, officials and experts. A cross-reading of these methodological tools allows to highlight the state of this build and reflect upon the conditions it should meet to ensure that policy makers, local actors and peoples interest in this heritage and take it in hand, in a political, economic, social and financial support framework. The objective of this thesis is to study the traditional housing of the city of Kairouan in all its aspects (urban, architectural and social, etc.) to understand its degradation causes and to propose in a specific national and local context the conditions and strategic tools to ensure better housing management in an integrated and participatory approach, in order to encourage the population to settle down in their reference environment.

This research, in view of the potentialities and prospects it offers, is a contribution to a better knowledge of the forgotten and marginalised medinal area of the city of Kairouan, including the traditional housing, a call for a real debate and a genuine collaboration between all heritage actors in Tunisia to increase mobilization of all sections of society in order to provide the necessary means and tools for its conservation.

Furthermore, this research aims to establish a method of analysis and action devised to improve this current heritage situation, through the development of an analysis grid, specific to the local context issues which will be used later for actors in order to proceed in the right direction and preserve this heritage, while revitalizing the traditional housing, as evolutive heritage, to be adapted to the sustainable development challenges.

Mots clés en anglais

Traditional housing, Architectural Heritage, City of Kairouan, City of Tunis, Medina, Future

09/12/2016 - Mouna Zairi

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Laboratoire d’accueil : UMR 1563 AAU – CRESSON en cotutelle avec l’École Nationale d’Architecture et d’Urbanisme (ENAU) de l’université de Carthage

Titre de la thèse

L’ambiance comme enjeu politique dans l’espace public de Tunis lors du processus révolutionnaire

Composition du jury

  • Henry Torgue, Ingénieur de recherche, UMR CNRS 1563 AAU, ENSA de Grenoble, Directeur de thèse
  • Jean-Pierre Peneau, Professeur émérite, Professeur invité, ENAU (Tunis), Co-directeur de thèse
  • Anne Raulin, Professeur, Université Paris Ouest Nanterre, Rapporteur
  • Frédéric Pousin, Directeur de recherche, UMR CNRS 3329 AUSser, Rapporteur
  • Jean-Paul Thibaud, Directeur de Recherche, UMR CNRS 1563 AAU, ENSA de Grenoble, Examinateur
  • Fakher Kharrat, Maître de conférences, ENAU (Tunis), Examinateur
  • Marc Crunelle, Professeur émérite, ULB (Belgique), Examinateur

Résumé de thèse en français

Cette recherche questionne le partage de l’ambiance urbaine par le biais du climat politique. Menée tout au long d’une période exceptionnelle de l’histoire de la Tunisie, elle interroge l’impact de la révolution tunisienne sur le partage du sensible dans l’espace public urbain.

Ce travail repose sur l’hypothèse qu’il y a une mutation ambiantale, engendrée par le processus révolutionnaire, qui s’opère dans l’espace public urbain de Tunis et dont découle de manière sous- jacente un nouveau partage du sensible. Une question fondamentale se pose alors: Quel rôle joue la situation politique dans la définition et la caractérisation de ce nouveau partage su sensible ?

Pour répondre à cette interrogation, nous avons mis en place une méthodologie pluridisciplinaire (approche sensible et qualitative in situ tel que le parcours commenté, la réactivation par l’image,… et une documentation bibliographique sous divers formats tels que les documentaires, les films, les journaux, les ouvrages,…) appliquée à des tissus urbains aux configurations spatiales et aux compositions sociales différentes, mais tous situés dans le Grand Tunis.

Au terme de cette recherche, nous avons pu relever une territorialisation des comportements urbains où le facteur politique intervient directement pour définir autant le domaine du permissif que de l’interdit dans l’espace public.

Ainsi, l’ambiance urbaine n’est pas seulement témoin d’un bouleversement politique, elle en est aussi le porteur et l’enjeu. En mettant au jour ce qui est possible de faire ou de ne pas faire dans l’espace public, elle devient l’objet de la lutte politique.

Mots clés en français

ambiance urbaine, politique, partage, sensible, révolution

Titre de la thèse en anglais

The atmosphere as a political issue in the public space of Tunis in the revolutionary process

Résumé de thèse en anglais

This research questions the sharing of urban atmosphere through the political climate. Conducted throughout an exceptional period in the history of Tunisia, it questions the impact of the Tunisian revolution on sharing of sensitivity in urban public space.

This work relies on the assumption that there is a mutation in the urban atmosphere, caused by the revolutionary process taking place in the urban public space of Tunis, which follows sounder lying a new distribution of the sensitive. A fundamental question arises: What role has the political situation in the definition and the characterization of this new sharing of sensitive?

To answer this question, we have set up a multidisciplinary methodology (qualitative and sensitive approach in situ as the course commented, reactivation by the image … and bibliographic documentation in various formats such as documentaries, movies, newspapers, books, …) applied to urban space with different features and different social compositions, but all located in the Greater Tunis.

After this research, we were able to identify a regionalization of urban behavior where the political factor intervenes directly to define as the field of permissive than the forbidden in public space.

Thus, the urban atmosphere is not only witnessed in political upheaval, it is also the carrier and the challenge. By uncovering what is possible to do or not to do in public space, it becomes the object of political struggle.

Mots clés en anglais

urban atmosphere, politic, sharing, sensitive, revolution

23/09/2016 - Rémy Vigneron

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Laboratoire d’accueil : Cultures Constructives / unité AE&CC

Titre de la thèse

Formes et enjeux sociotechniques du périurbain durable : comparaison de Bimby et du New Urbanism

Composition du jury

  • Anne Coste, Professeur, ENSA de Grenoble, Directrice de thèse
  • Stéphane Sadoux, Maître-assistant, ENSA de Grenoble, Examinateur, Co-directeur de thèse
  • Laurent Devisme, Professeur, ENSA de Nantes, Rapporteur
  • Cynthia Ghorra-Gobin, Directrice de recherche au CNRS, Université Sorbonne Nouvelle Paris 3, Rapporteur
  • Patricia Meehan, Maitre-assistante, ENSA de Normandie, Examinatrice
  • Gilles Novarina, Professeur, Institut d’Urbanisme de Grenoble, Université de Grenoble-Alpes, Examinateur

Résumé de thèse en français

Dans ce travail nous cherchons à comprendre comment les conditions de projet du renouvellement périurbain modifient les structures de la production de l’habitat périurbain. Le développement durable qui a progressivement gagné toutes les sphères de l’action publique s’attache plus récemment à reconsidérer les modèles de développement d’habitat du périurbain. Dans ce contexte, nous comparons deux pratiques professionnelles récentes, française et américaine, qui reconfigurent le système de production de l’habitat périurbain. Pour mettre cette reconfiguration en évidence nous déployons une réflexion en trois temps. D’abord, nous constatons que ces deux pratiques entrainent une évolution effective des formes urbaines et architecturales. Au prisme de la notion de transition, introduite par la théorie des systèmes sociotechniques, nous montrons qu’au-delà de l’évolution typomorphologique constatée, les logiques de projet de Bimby et du New Urbanism sous-tendent l’implication d’un pluralisme d’acteurs bénéfique. Ensuite, nous présentons et analysons les processus de design charrette et de micro-conception par lesquels les deux pratiques étudiées visent à répondre aux besoins d’une collectivité locale en impliquant une variété d’acteurs. Dans cette partie nous évaluons le degré d’influence des participants sur l’évolution des formes constatée plus tôt. Enfin, par la comparaison nous caractérisons des logiques de projet, des logiques de contrôle ainsi que des figures de l’appropriation par lesquelles le jeu d’acteurs que nous mettons en évidence poursuit une vision durable du périurbain. Nous précisons également les définitions de la co-conception et de la coproduction comme des approches de la médiation situées en amont et en aval des structures de production classiques. Les résultats de cette recherche contiennent plus particulièrement la modélisation des logiques de projet de Bimby et du New Urbanism, la modélisation du système de production de l’habitat périurbain durable, et la modélisation du renouvellement périurbain.

Mots clés en français

périurbain durable, micro-conception, co-conception, coproduction, design charette, New Urbanism

Titre de la thèse en anglais

Sustainable suburban forms and socio-technical issues: a comparison between Bimby and New Urbanism

Résumé de thèse en anglais

This doctoral research aims to understand how different priorities and actions in the process of suburban renewal can change the ways suburbs are built. Sustainable development, which has increasingly gained acceptance in various venues of public thought and action, has recently entailed the reconsideration of suburban models. In this context, we compare two recent professional practices from France and the United States — Bimby and New Urbanism — that reconfigure the ways suburbs are designed and built. To substantiate this premise we have organized our demonstration in three steps. First, we observe that these two professional practices lead to an effective evolution of urban and architectural forms, and through the sociotechnical lens that examines the interaction between the structures of society and the human behavior of the residents we show that beyond this evolution of urban types and patterns, Bimby and New Urbanism both require a diversity of stakeholders that is beneficial to the design and delivery of an urban project. Then, we present and analyze both processes of the design charrette and micro-conception through which New Urbanism and Bimby expect to formulate better solutions, according to the needs of public and private stakeholders and participants. This enables us to evaluate the level of influence of participants on the whole project. Finally, the comparison allows us to characterize the concepts, processes and delivery mechanisms through which the stakeholders involved can create and follow a sustainable vision of suburban developments. We explain the meanings of specialist terms such as co-conception and coproduction as ways of involving diverse groups of stakeholders and residents before, during and after the conventional systems of suburban development. Our results more specifically include the conceptual models of Bimby and the New Urbanism, as models of sustainable suburb production and of suburban renewal.

Mots clés en anglais

suburban,socio-technical,sustainable development,typomorphology

30/06/2016 - Eleonor Bak

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Laboratoire d’accueil : UMR 1563 AAU – CRESSON

Titre de la thèse

Habiter l’in-vu, Formes de visualisations sonores

Composition du jury

  • Grégoire Chelkoff, Professeur, ENSA de Grenoble, Directeur de thèse
  • Catherine Grout, Professeure, École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille, Rapporteur
  • Marcin Sobieszzanski, Maître de conférences, HDR, Université Nice Sophia Antipolis, Rapporteur
  • Annie Luciani, Ingénieur de Recherche, Institut Polytechnique de Grenoble, Examinateur

Résumé de thèse en français

Le paysage sonore relève de la discrétion. L’écoute est une expérience solitaire dont le raffinement potentiel reste difficile à cerner par le langage, contaminé par l’image. Il existerait pourtant des formes de visualisations sonores dans l’art, qui nous permettraient paradoxalement d’aller au plus près des nuances de l’écoute et de révéler des aspects in-vus du paysage. Oubliés, inconscients, peu ou non encore repérées, mais non muets pour cela, ils participeraient à notre habiter. L’expérimentation constructive, c’est-à-dire l’écouter renforcé par un modus operandi spécifique, « la plongée », sorte de technique de chute, progressivement réelle, virtuelle autorisant des ajustements posturaux très fins, et le représenter quasi aveuglément, nous aiderait à les retrouver. La visualisation sonore opèrerait d’abord comme un outil de médiation. Parce qu’elle jongle délibérément avec la multi-sensorialité, elle permettrait de distinguer entre ce qui est donné à voir (figure) et ce qui est donné à vivre (fond). Elle fonctionnerait ensuite comme un support d’analyse, qui nous permettrait d’examiner l’action in situ in vivo d’un corps qui non se représente, mais qui trace pour mieux s’inscrire dans le mouvement. Doté d’une haute réceptivité et créativité, il serait capable d’assimiler le jeu d’une playing aura toujours plus actuelle par la convolution des gestes corporels (postures d’écoute, gestes plastiques) et ambiants (le « déjà là » sans qu’on en ait forcément conscience : les effets de la forme construite, les effets climatiques, culturels et sémantiques). Le mouvoir ensemble des corps et corporéités se densifierait momentanément sous forme de nœuds. L’organisation discrète, néanmoins concrète de ces figures de synthèse des transitions, de ces sommes, esthétiques, sensibles et intensives, que nous appellerons aussi des « motifs » de l’écoute, serait typique. Nos modes exploratoires et de restitution nous appendraient à les lire. Cela nous permettrait non seulement de nous comprendre en tant qu’êtres parmi des créatures tempérées, mais de découvrir un paysage simultanément guide et conséquence, dont l’habiter/construire se déclarerait dans et par son architecturation élastique, poreuse et à pouvoir intime. Nous serions alors en mesure d’opérer un bougé d’apparence du paysage. Nous examinerons l’ensemble de ces expériences à l’aide de notre corpus premier (d’origine artistique), tout en les raisonnant à l’aide de critères d’évaluation mixtes (Art, Architecture). Nous vérifierons nos modes d’exploration et de restitution à l’aide d’examens cognitifs. Nous les réfléchirons encore à travers des arguments phénoménologiques et philosophiques. Nous-nous intéresserons ensuite aux environnements artificiels. Nous pensons en effet qu’ils interviennent dans la texture de nos expériences. Comme elles instaurent des gestuelles normées qui assistent de plus en plus nos actes contemporains d’habiter/construire, elles méritent d’être évaluées. Tout en nous appuyant ici sur notre corpus second, qui se compose d’enquêtes auprès d’autres sujets percevants, nous analyserons les conséquences d’une telle incarcération technologique des gestes et plus précisément le comment elle interfère avec nos perceptions et nos représentations. Nous examinerons également des interfaces sensoriellement et gestuellement enrichies. Nous y étudierons les étiquettes, les décalages et les handicaps culturels. Nous réfléchirons enfin sur l’incorporation de nos mesures à l’intérieur des outils et maquettages existants. Nos modes d’exploration et de restitution s’illustreraient comme des auxiliaires de l’écoute sensible, qui deviendrait communément partageable. Instruments-mêmes d’une linguistique de l’in-vu, dont le spontané sophistiqué nous aiderait de nous mettre à la place de l’autre, ils permettraient de créer des connexions, de partager et de croiser nos idées, de faire évoluer nos interconnaissances et de concevoir des constructions collaboratives.

Mots clés en français

habiter, construire, environnements naturels et artificiels, gestes corporels et ambiants, visualisation sonore, expérimentation, modélisation, techniques, technologies, outils, interfaces, art, architecture, cultures, médiation, langage

Titre de la thèse en anglais

Reside in the un-viewen, kinds of sound visualisations

Résumé de thèse en anglais

Soundscape noticed to discretion. Hearing is a solitary experience whose potential refinement remains difficult to surround by language because its visual contamination. There exist yet kinds of sound visualisations in art, which would paradoxically permit us to approach very close nuances of hearing and to wander to un-viewed aspects of landscape. Forgotten, unconscious, but not mute at all, they are a part in our living and constructing activities. The constructive experimentation, which means the action of hearing reinforced by a specific modus operandi, a kind of falling, called « the plunge » and the quasi blind representing, could help us to discover them again. This technique, gradually real, virtual would complete the experience by finely postural adjustments. The sound visualisation operates here first as a tool for mediation. Wilful juggling with multisensory generated meaning it permits us not only to distinguish both which is given to see (figure) and to live (fond, substance), but also to discover the action of a body which is not representing it-self but tracing in the aim of better inscription into the movement. By virtue of high receptivity and creativity this body would be able to assimilate a playing aura which means the main present, conscious and unconscious, always topical because of the convolution of bodily gestures (listening poses, plastic expressions) and ambient gestures (the yet there, not automatically conscious: the acoustic, climatic, cultural and semantic effects). The moving together of bodies and body like beings would momentarily become denser and shaping knots. The discreet nevertheless concrete organisation of these synthetic figures of transitions, of this aesthetic, sensory and intensive summary, which we call even listening patterns, in the sense of motif, is typical. Our exploration and reproduction modes would help us to learn to interpret them. From then, we would not only understand us as beings among other tempered creatures, but also discover a landscape simultaneously guide and consequence, whose elastic, porous and intimate proceedings and values of living/constructing would make us able to carry out a fade of landscape appearance. We will study all these experiences through our principal corpus (artistic one). We will argue them by mixed evaluations (artistic, architectural ones). We will verify our exploration and restitution modes by cognitive exams. We will think about them by phenomenological and philosophical reasoning. After this we wont become interested by artificial environments. We think in fact that they intervene in the texture of our experience. As they institute normed gestures, which assist more and more frequently our contemporary living/constructing acts they need to be gauged. Leaning on our secondary corpus, which is composed by investigations with other perceiving subjects, we will analyse the consequences of this kind of technological imprisonment of the gestures and precisely the how they interfere with our perceptions and representations. We will also examine gestural and sensory enriched interfaces. The sound visualisation would help us to make etiquettes, shifts and handicaps clear, to think about incorporation of our measurements into the existing tools and models. Our exploration and restitution modes would make us more attentive for sensible aspects of listening, which would become a common divisible. Linguistic instruments of the un-viewen whose sophisticate spontaneous would help us to set to the place of our next neighbour they would permit us to create connexions, to divide up and to cross our ideas, to mature our mutual knowledge and to conceive collaborative constructions.

Mots clés en anglais

reside, constructing, natural and artificial environments, bodily and ambient gestures, sound visualisation, experimentation, modelisation, techniques, technologies, tools, interfaces, art, architecture, cultures, mediation, language

13/06/2016 - Pascaline Thiollière

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Spécialité : architecture

Laboratoire d’accueil : UMR 1563 AAU – CRESSON

Titre de la thèse

L’urbain et la mort: ambiances d’une relation

Composition du jury

  • Grégoire Chelkoff, Professeur HDR, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble : directeur de thèse, examinateur
  • Laurent Devisme, Professeur, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes : rapporteur
  • Xavier Bonnaud, Professeur HDR, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-La Villette : rapporteur
  • Vinciane Despret, Maitre de conférence, Université de Liège : examinateur
  • Laurence Algudo, Adjointe au Maire, Mairie de Seyssins : examinateur

Résumé de thèse en français

La ritualité funéraire est en France depuis le tournant du 21ème siècle en profonde transformation, ce qui interroge fortement la relation entre la ville et la mort. Un certain rejet du cimetière standardisé et de ses contraintes s’exprime par le recours toujours plus fréquent à la crémation et à la dispersion. La matérialité de la cendre amène à une dématérialisation et une localisation plus diffuse des morts. Celles-ci sont renforcées par l’usage croissant de supports numériques (page mémorial, réseaux sociaux, cimetières virtuels) qui ouvrent de nouveaux espaces-temps pour l’entretien de la relation aux morts et participent à redéfinir la spatialité du deuil. En outre, les considérations écologiques se révèlent aujourd’hui structurantes et bouleversent le domaine du funéraire tant au niveau pratique qu’au niveau des représentations.

Nous faisons l’hypothèse que le tissage de notre relation aux morts passe par le corps, par ses mouvements et ses gestes qui matérialisent et donnent une ambiance à cette relation. Ainsi, à partir de cette approche sensible des ambiances, les dispositifs construits et paysagers sont appréhendés comme des mises en condition spatiales, temporelles, mais aussi corporelles, qui participent à la construction de la relation à la mort et aux morts et façonnent en partie le vécu intime du deuil. Les seuils, les rythmes et les gestes en jeu dans l’espace urbain sont des leviers pour la connaissance et la conception des relations entre l’urbain et la mort.

En ce sens, nous identifions des intentionnalités particulièrement relevantes dans l’expérience du deuil (accompagner, entretenir, se recueillir, cheminer), qui sont mises en rapport avec les possibilités d’actions liées à l’espace construit et paysager. Ce travail permet de révéler des manques et des ressources, et ainsi, d’envisager le renouvellement des critères sur lesquels s’appuie la conception des espaces de la mort à l’échelle architecturale et urbaine.

Mots clés en français

cimetières, espace public, espace intime, deuil, seuils, mises en geste

Résumé de thèse en anglais

Since the turn of the 21st century, the funeral rituality in France undergoes a profound transformation that strongly questions the relationship between death and the city. The more frequent practices of cremation and ashes scattering express a rejection of cemeteries standardisation and constraints. The materiality of the ash leads to dematerialisation and more diffuse localisation of the dead. These are reinforced by the increasing use of digital media (memorial pages, social networks, virtual cemeteries) that open a new space-time framework for sustaining the relationship to the dead and participate in redefining the spatiality of grief. In addition, environmental considerations reveal today a new deviation in the field of funerary both in practice and at the level of representation.

We assume that weaving our relationship to the dead passes across the body, its movements and gestures that materialise that relationship while creating a special ambiance. Therefore, from this sensory approach dealing with urban ambiances, constructed and landscaped arrangements are perceived as a way for setting the conditions on spatial, temporal and bodily levels, that participate in establishing the relationship to death and the dead, and partly shape the intimate experience of mourning. Thresholds, rhythms and gestures captured in urban spaces are levers for understanding and designing the relationship between death and the city.

In this sense, we identify certain intentionalities that are particularly relevant for the experience of mourning (accompany/support, maintain/sustain, reflect/meditate, travel/progress), which are seen in the light of action possibilities related to the built and landscaped environment. This work helps to highlight the different gaps and resources, and to consider renewing the criteria upon which the design processes of spaces related to death on architectural and urban scales is based.

Mots clés en anglais

cemeteries, public space, intimate space, mourning, thresholds, gestures

04/03/2016 - Baya Benzineb

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Laboratoire d’accueil: Cultures Constructives / unité AE&CC

Titre de la thèse

La triade vitruvienne revisitée à travers l’exemple de l’architecture d’Hervé Tordjman. La place de l’art et de la technique dans le processus de conception architecturale.

Composition du jury

  • Anne-Monique Bardagot,maître-assistante, ENSA de Grenoble, examinatrice
  • Anne Coste, Professeur HDR, ENSA de Grenoble, directrice de thèse
  • François Fleury, Professeur HDR, ENSA de Lyon, pré-rapporteur
  • Philippe Potié, Professeur HDR, ENSA de Versailles, pré-rapporteur

Résumé de la thèse en français

La triade de Vitruve revisitée à travers l’exemple de l’architecture d’Hervé Tordjman La place de l’art et de la technique dans le processus de conception Aujourd’hui, la conception de l’architecture demeure comme à son origine, dépendante de l’interaction des trois qualités indissociables de Vitruve : firmitas, utilitas et venustas, considérées autrefois indispensables à l’acte de concevoir. L’incarnation de cette triade dans le processus créatif des concepteurs contemporains que nous avons étudiés dans le cadre de cette thèse, qu’ils soient architectes-ingénieurs-artistes, architectes-artistes ou architectes-ingénieurs, est assujettie d’une part, aux mécanismes cognitifs : le modèle et la pensée analogique ; et d’autre part aux compétences et postures de chacun. Toutefois, en dépit de ce caractère personnel du processus conceptuel, ces trois qualités qui jadis devaient être articulées par une seule personne (l’architecte), se trouvent aujourd’hui menées à l’unisson selon un processus collectif. En effet, grâce aux nouvelles technologies numériques actuelles, l’architecte et les ingénieurs sont mobilisés dans un processus dit collaboratif abolissant ainsi les frontières entre « parti » architectural et « idée constructive », architecture et construction. A travers l’analyse de l’œuvre de l’architecte parisien Hervé Tordjman (1975), il faut souligner l’importance qu’acquiert la « firmitas » dans le processus de création en s’intégrant harmonieusement avec les autres composantes (utilitas et venustas). Ainsi, le point de vue de l’auteur et de chaque acteur de la chaine de conception devient partie intégrante dans le processus. Une telle articulation collective de la trinité vitruvienne dans la pratique contemporaine du projet marque une évolution dans la façon de concevoir l’acte architectural et non une rupture.

Mots clés en français

processus de conception, architecture contemporaine, Hervé Tordjman, art et technique, triade de vitruve, modèle et pensée analogique

Résumé de la thèse en anglais

Vitruvian triad revisited through the example of the architecture of Hervé Tordjman The place of art and technique in the design process Today, the design of architecture remains as to its origin, dependent on the interaction of three inseparable qualities stated by Vitruvius: firmitas, utilitas and venustas, once considered essential to the act of conceiving. The embodiment of this triad in the creative process of contemporary designers that is the concern of this thesis, both artists-architects-engineers, architects or artists-architects-engineers, is subject on the one hand, to cognitive mechanisms: the model and analogical thinking; and secondly to individual skills and postures. However, despite this personal character of the design process, these three qualities which once had to be articulated by one person (i.e. the architect), are now conducted in unison as a collective process. Indeed, thanks to new existing digital technologies, the architect and engineers are mobilized in a process said collaborative that abolishes the boundaries between the architectural part and the constructive system that is architecture and construction. Through the analysis of the work of the Parisian architect Hervé Tordjman (1975), we must emphasize the importance acquired by the « firmitas » in the creation process by being harmoniously integrated with other components (utilitas and venustas). Thus, the author’s view as well as that of each player in the design chain becomes part in the process. Such a collective articulation of the Vitruvian trinity in the contemporary practice project marks an evolution in how to design the architectural act, not a rupture.

Mots clés en anglais

process design, contemporary architecture, Hervé Tordjman, art and technique, vitruvian triad, model and analogical thinking

2015

17/12/2015 - Armelle Le Mouëllic

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Laboratoire d’accueil: Métiers de l’Histoire de l’Architecture, édifices-villes-territoires (MHAevt)

Titre de la thèse

Une autre manière d’être architecte : perspectives historiques et réflexions contemporaines sur une pratique de machizukuri au sein du laboratoire de Satoh Shigeru à l’université de Waseda

Composition du jury

  • Philippe Bonnin, Directeur de recherche CNRS, pré-rapporteur
  • Jean-Louis Violeau, Professeur, HDR, ENSA de Paris Malaquais, pré-rapporteur
  • Marc Bourdier, Professeur, ENSA de Paris la Villette, examinateur
  • Carola Hein, Professeur et chair du département d’histoire de l’architecture à TU Delft, examinatrice
  • Judith Le Maire, Chargée de cours, Faculté d’architecture La Cambre-Horta, Université Libre de Bruxelles, examinatrice
  • Catherine Maumi, Professeur, ENSA de Grenoble, directrice de thèse

Résumé de la thèse

Ce détour par la pratique du machizukuri au sein du laboratoire du professeur Satoh Shigeru à l’université de Waseda apporte un autre regard sur les compétences de l’architecte. Le machizukuri s’inscrit dans le contexte particulier de la ville japonaise : sa morphologie, sa structure sociale et ses politiques urbaines. Le travail de « traduction » se poursuit par une histoire architecturale du machizukuri qui renseigne la formation d’outils et de pratiques spécifiques au sein du département d’architecture de l’université de Waseda. La thèse analyse la mobilisation de ces compétences au sein des exercices de préparation à la reconstruction dans l’arrondissement de Shinjuku conduits par le laboratoire de Satoh Shigeru et la manière dont l’architecte se positionne au sein d’un réseau d’acteurs.

Mots clés

Machizukuri, communautés, projet urbain, compétences, architectes

11/12/2015 - Irina Voda

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Laboratoire d’accueil: Cultures Constructives (unité AE&CC)

Titre de la thèse

La fluidité architecturale : histoire et actualité du concept

Composition du jury

  • Anne COSTE, Professeur HDR, ENSA de Grenoble, Directrice de thèse
  • Adriana MATEI, Professeur Docteur, Faculté d’Architecture et Urbanisme, UTCN, Roumanie, Directrice de thèse
  • Laurent BARIDON, Professeur HDR, Université Lumière Lyon 2, Rapporteur
  • Augustin IOAN, Professeur Docteur, Université d’Architecture et Urbanisme « Ion Mincu », Bucarest, Roumanie, Rapporteur
  • Vinicius RADUCANU, Maître-Assistant Docteur, ENSA de Montpellier,Examinateur

Résumé de la thèse

La « fluidité architecturale » est un oxymore, délibérément choisi, pour mettre l’accent sur les valences de fluidité par rapport aux caractéristiques intrinsèques de l’architecture :comparée aux autres domaines artistiques (littérature, arts plastiques, danse, théâtre, cinéma, photographie, etc.), l’architecture n’est pas seulement pensée, interprétée ou illustrée, mais elle est également construite, habitée et solide. Puisque la fluidité architecturale est une métaphore et la notion de fluidité est abstraite par rapport à l’architecture, ce terme est relié, par une analogie à la mécanique des fluides, aux processus plus concrets qui peuvent être retrouvés en physique. En admettant que l’association des termes « fluide-solide » peut être confuse, la première partie de cette thèse est consacrée à définir la « fluidité » et à identifier ses racines dans l’histoire de l’architecture. La deuxième partie se concentre sur l’analyse « fluidique » d’une série de vingt projets contemporains. Cette analyse, fondée sur les discours architecturaux des concepteurs, détermine le degré de fluidité présente dans la production architecturale contemporaine et établit de nouvelles correspondances entre les différents projets.

Cette thèse constitue à la fois un travail sur un concept théorique (par l’analogie avec la mécanique des fluides) et sur une manière de représenter la pensée du projet (par l’analyse fluidique).

07/09/2015 - Olfa Nouri Bohli

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Titre de la thèse

La fabrication de l’architecture en Tunisie indépendante : une rhétorique par la référence

Composition du jury

  • Jean-Lucien BONILLO, Professeur, ENSA de Marseille, Rapporteur
  • Virginie PICON-LEFEBVRE, Professeur, ENSA de Paris-Belleville, Rapportrice
  • Leïla AMMAR, Maître de conférences, HDR, École nationale d’architecture et d’urbanisme de Tunis, Examinatrice
  • Hélène JANNIERE, Professeure, Université de Rennes 2, Examinatrice
  • Emmanuel MATTEUDI, Professeur, Université d’Aix-Marseille, Examinateur
  • Catherine MAUMI, Professeure, ENSA de Grenoble, Directrice de thèse

Résumé de la thèse en français

Cette recherche soulève la problématique de l’évolution des références de la production architecturale savante en Tunisie indépendante entre 1956 et 2011. Il s’agit d’explorer comment, dans le cadre de la construction de l’État indépendant, une architecture est fabriquée, et dans quelles mesures elle traduit la stratégie culturelle officielle pour en devenir l’image même.

Le paysage urbain de la ville de Tunis, capitale et lieu des principaux projets initiés par l’État, est ainsi exploré dans une perspective historique interrogeant l’architecture édifiée dans le processus commande-conception-communication. La visée est de comprendre les conditions d’émergence du paysage actuel caractérisé par une forte hétérogénéité référentielle. Une lecture croisée des outils de communication de cette architecture permet, entre autres, de mettre en lumière l’apparition d’une pluralité de discours autour de cette production, lesquels participent à façonner différents imaginaires dépeignant des tunisianités architecturales contemporaines.

Mots clés en français

Tunisie indépendante, Tunis, fabrication architecturale, hétérogénéité, référents, discours, imaginaires, stratégie culturelle, patrimonialisation

Titre de la thèse en anglais

The making of architecture in independent Tunisia: a rhetoric through reference

Résumé de la thèse en anglais

The present research is about the evolution of Tunisian architecture references after independence, from 1956 to 2011. The main issue explores how an architecture was produced while building the independent State and to what extent this architecture reflects the State cultural policy.

Most of the projects initiated by the independent State are built in the country’s capital. Tunis cityscape is studied from a historical standpoint and buildings are analyzed in the triple process of architectural order, design and communication. The purpose is to understand the emergence circumstances of the current referential heterogeneity. A cross reading of architecture communication resources highlighted different discourses that shape several imaginaries so to define contemporary Tunisian specificities.

Mots clés en anglais

independent Tunisia, Tunis, architectural production, heterogeneity, referents, discourse, imaginaries, cultural policy, heritage making

13/05/2015 - Guillaume Meigneux

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Titre de la thèse

Le territoire à l’épreuve du compositing – Pratiques vidéographiques et ambiances

Composition du jury

  • Jean-Paul THIBAUD, Directeur de recherche au CNRS, Directeur de thèse
  • Nicolas TIXIER, Maître-assistant, ENSA de Grenoble, co-Directeur de thèse
  • Jean ATTALI, Professeur, ENSA de Paris-Malaquais, Rapporteur
  • Ola SÖDERSTRÖM, Professeur, Université de Neuchâtel, Rapporteur
  • Pieter UYTTENHOVE, Professeur, Université de Gand, Examinateur
  • Paola VIGANÒ, Professeure, École polytechnique fédérale de Lausanne, Examinateur

Résumé de la thèse en français

Cette recherche interroge les enjeux heuristiques et opérationnels de la vidéo dans la pratique de l’urbanisme. Pour ce faire, elle opère une rencontre entre la notion d’ambiances architecturales et urbaines, telle qu’elle est développée au CRESSON, et les concepts d’image-mouvement et d’image-temps développés par Deleuze. Puis elle propose de rendre cette rencontre effective dans le cadre de la pratique de l’urbanisme à travers le « compositing » numérique, technique de manipulation des images animées. L’hypothèse qui guide cette recherche est qu’il est possible de définir une image-composite capable de faire valoir et de mettre en débat des phénomènes d’ambiances spécifiques aux territoires étudiés. Cette hypothèse se formalise autour de deux corpus, le premier est issu d’une pratique artistique de la vidéo qui motiva la mise en place de ce projet de thèse, le deuxième est issu d’une pratique de la vidéo en agence d’urbanisme qui s’effectua tout au long de cette recherche. Ce travail permet de valoriser la vidéo comme support de connaissance d’un côté et comme posture de projet de l’autre. Support de connaissance, car la vidéo offre la possibilité de renouveler l’approche phénoménologique en vigueur dans le champ des ambiances par une appréhension des phénomènes sensibles dans le temps de leur actualisation. Posture de projet, car la vidéo est susceptible de reconfigurer les modalités relationnelles en œuvre dans les dynamiques d’analyse et de conception de l’espace et du territoire.

Mots clés en français

urbain, représentation, vidéo, compositing, ambiance, usages

Titre de la thèse en anglais

When compositing test territory – Urban ‘ambiance’ represented by using videos

Résumé de la thèse en anglais

This research questions the heuristic and operational issues of the video in the practice of urban planning. To do this, it operates a meeting between the notion of architectural and urban environments, as developed in Cresson, with image-mouvement and image-temps concepts developed by Deleuze. Then it proposes to give effect to this meeting in the practice of urban planning through digital compositing, technical handling of moving images. The hypothesis guiding this research is that it is possible to define a image-composite able to argue and to debate specific environments territories studied phenomena. This assumption is formalized around two corpus, the first comes from an artistic practice of video that motivated the development of this thesis, the second is from a practice of video in urban planning agency was carried out throughout this research. This work adds value to the video as knowledge media on one side and posture as a project of the other. Support for knowledge, because video offers the possibility of renewing the phenomenological approach in force in the atmospheres of the field by a sensitive understanding of phenomena in time of updating. Project posture, because the video is likely to reconfigure relational modalities implemented in dynamic analysis and design of the space and territory.

Mots clés en anglais

urban, ambiant, video, compositing

26/02/2015 - Elodie Chalencon

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Titre de la thèse

Les possibilités d’une densification verticale à l’île de La Réunion, De la kaz atèr à la kaz atèr anlèr

Composition du jury

  • Hubert GUILLAUD, Professeur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Directeur de thèse
  • Luc ADOLPHE, Professeur, INSA et ENSA de Toulouse, Rapporteur
  • Gilles LAJOIE, Professeur, Université de La Réunion / Département Géographie, Rapporteur
  • Nicolas DUBUS, Maître-Assistant, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, co-Directeur de thèse
  • Dominique GAUZIN-MÜLLER, Enseignante, École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg et à l’Université de Stuttgart, Examinateur

Résumé de la thèse en français

Face au contexte particulier du territoire réunionnais, avec un climat tropical cyclonique, une surface habitable réduite de plus en plus en proie à un étalement urbain grandissant, un foncier rare et cher, des matériaux pour la plupart importés, une main d’œuvre peu qualifiée, une dépendance énergétique extérieure, une demande croissante de logements, des revenus plus bas que la moyenne nationale ainsi qu’une population qui ne cesse d’augmenter, le défi architectural à relever est de proposer de nouvelles formes d’habitat économique et écologique qui soient différentes de la kaz créole traditionnelle consommatrice d’espace tout en étant respectueuses des us et coutumes réunionnaises.

Mots clés en français

modes d’habiter, habitat, étalement urbain, densification

Titre de la thèse en anglais

The possibilities of a vertical densification for Reunion Island, from the cabin on the ground to the cabin in air

Résumé de la thèse en anglais

Facing the context of the territory of Reunion island, with its tropical and cyclonic climate, a restricted inhabiting surface that is more and more exposed to a growing urban spreading out, a rare and costly land property, building material which are mainly imported, a low-qualified man power, an outer energetic dependence, a growing demand for housing, wages that are lower than the national average and a population which never get up increasing, the architectural challenge consists in proposing new shapes of low-cost and ecological habitat that could be different from the traditional Creole cabin very consuming of space while being respectful of the ways and customs of inhabitants of Reunion.

Mots clés en anglais

ways of living, habitat, urban spreading out, densification

12/01/2015 - Halimatou Mama Awal

Ecole doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Titre de la thèse

La métropole-village(s) contemporaine de Ouagadougou – Explorer les potentiels d’un territoire, supports de processus de projet architectural

Composition du jury

  • Catherine MAUMI, Professeur , École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Directrice de thèse
  • Jean ATALI, Professeur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais, Rapporteur
  • Dominique ROUILLARD, Professeur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Malaquais, Rapporteur
  • Alan MABIN, Professeur, University of Pretoria, Examinateur
  • Hubert GUILLAUD, Professeur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Examinateur
  • Pierre-Claver HIEN, Professeur, Institut Nationale des Sciences des Sociétés (INSS), Examinateur

Résumé de la thèse en français

La ville africaine s’étale et intègre les villages environnants en devenant métropole. Que ce soit le mouvement des ruraux vers les villes ou bien de la ville vers la campagne, ces phénomènes inquiètent les spécialistes. La pensée traditionnelle du monde qui opposait ville-campagne, ville-village, ville-brousse, n’est plus d’actualité. Les réalités du territoire sont devenues autres. Quels sont les outils qui nous permettent de lire ces nouvelles réalités ? Comment opérer ce changement de « lunettes » que nous propose Bernardo Secchi pour lire et écrire la « ville contemporaine » ? Pour nos recherches, nous considérons Ouagadougou comme un véritable observatoire. L’objectif est d’apprendre des lieux d’initiatives où se construisent de nouveaux modes de vie dans des dynamiques imprévues. Aujourd’hui, la capitale burkinabé est caractérisée par une double identité foncière. Une organisation foncière publique importée de la pensée coloniale dite  » lotie « , et une organisation foncière informelle issue de la culture villageoise dite  » non-lotie « . À force de coexistence, le développement de métropole n’a t-il pas engendré d’autres phénomènes, avec des degrés et des intensités variés de planification et de spontanéité ? La rencontre des deux modes opératoires ne définit pas un rapport dual, mais un intervalle. Dans ce contexte, le  » village  » entendu dans sa dimension sociale et communautaire devient, en milieu urbain, générateur d’espaces communs. Les structures communautaires testent les possibles et inventent la métropole au quotidien : elles rendent flexible toute forme de planification. Ainsi, nous formulons l’hypothèse que l’étude de la  » Métropole-village(s) » de Ouagadougou peut amener à de nouvelles connaissances permettant la création d’outils de compréhension des territoires urbanisés contemporains.

Mots clés en français

Ouagadougou, Villes d’Afrique Subsaharienne, Village, Espaces partagés, Architecture Spontanée

Titre de la thèse en anglais

Ouagadougou : The contemporary City-village(s) – Exploring the territoty’s potential, supports’s architectural project’s process

Résumé de la thèse en anglais

The African city spreads and incorporates the surrounding villages becoming metropolis. Whether the migration from rural to urban or from the city to the countryside, these phenomena became a concern for specialists. Traditional thinking of the world that opposed city-countryside, city-village, city-bush, is no longer valid. Territory’s realities became different. What are the tools that allow us to read these new realities ? How can we proceed to a change of « glasses » that Bernardo Secchi is proposing, in order to read and write the « contemporary city » ? For our research, we consider Ouagadougou as a true observatory. The objective is to learning places of initiatives which build new lifestyles in unexpected dynamics. Today, the capital of Burkina Faso is characterized by a dual identity of the land. Public land organization imported from the colonial thinking called  » lotie  » (subdivided area) and an informal tenure arrangements after the village culture called « non-lotie » (non-subdivided area). To force to coexistence, hasn’t the metropolis generated new phenomena, with different degrees and intensities of planification and spontaneity ? The meeting of the two procedures does not define a dual report, but an interval. In this context, the « village » understood in its social and community dimension becomes an urban environment generating shared spaces. Communal structures are questioning what is possible and redefine what a metropolis is every day: they make flexible any form of planning. Thus, we hypothesize that the study of « City-village(s) » of Ouagadougou may lead to new knowledge to the creation of tools for understanding contemporary urbanized territories.

Mots clés en anglais

Ouagadougou, Sub-Saharan African cities, Village, Shared Spaces, Spontaneous architecture

2014

18/12/2014 - Thiago Lopes Ferreira

École doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)
en cotutelle avec l’Institut d’architecture et d’urbanisme de l’université de São Paulo

Titre de la thèse

Architectures vernaculaires et processus de production contemporains : Formation, expérimentation et construction dans une communauté rurale au Brésil.

Composition du jury

  • Anne Coste, Professeur, École nationale supérieure d’architecture de Grenoble, directrice de thèse
  • Akemi Ino, Professeur, Instituto de Arquitetura e Urbanismo / Universidade de São Paulo, directrice de thèse
  • Philippe Potié, Professeur, École nationale supérieure d’architecture de Versailles, rapporteur
  • Silke Kapp, Professeur, Escola de Arquitetura / Universidade Federal de Minas Gerais, rapporteur
  • Pierre Frey, Professeur, École polytechnique fédérale de Lausanne, examinateur
  • Alain Findeli, Professeur, Université de Nîmes, examinateur

Résumé de la thèse en français

Cette thèse a comme perspective d’analyse les manifestations contemporaines de production des architectures vernaculaires et cultures constructives dans la corrélation complexe de forces et d’intérêts qui mettent en forme et déterminent les phénomènes de production capitaliste des habitations populaires. Son contour analytique est délimité à partir d’une série de réflexions d’ordre théorico-conceptuelles mises en relation avec les analyses de terrain sur le chantier d’un habitat réalisé dans une communauté rurale de réforme agraire au Brésil. Ce chantier revêt la forme d’un chantier-école et se dessine comme la scène d’expérimentations et d’expériences de vie où est proposé comme pratique l’exercice de conjuguer pédagogie et production dans le même espace. Les processus de formation et de construction des connaissances ont lieu de manière complémentaire et simultanée aux pratiques constructives et au développement des technologies. Ainsi, le chantier se transforme en outil de constitution d’un espace dialectique de travail social, où l’expérimenter productif se concentre sur le défi de concevoir une habitation à partir de la génération locale de technologies sociales, en employant des matériaux naturels et de récupération. Le travail théorique, présenté dans les premières parties de la thèse, définit le cadre de sa praxis, qui alimente en retour la réflexion sur des processus de production et de développement de nouvelles formes d’architectures vernaculaires, intégrées à leurs territoires.

Mots clés en français

architecture vernaculaire, chantier-école, habitation populaire, formation, technologie social, assentamentos ruraux

Titre de la thèse en anglais

Vernacular architecture and contemporary productions process: Formation, experimentation and construction in a Brazilian rural settlement.

Résumé de la thèse en anglais

This thesis takes as its analytical perspective the contemporary manifestations of vernacular architecture production and building cultures within the complex correlation of forces and interests that shape and determine the phenomena of capitalist production of popular housing. The analytic framework is delineated from a series of reflections of theoretical and conceptual order, in relation to the analysis of a popular housing building site within an agrarian reform rural settlement in Brazil. This assumes the form of a field school in loco on the building site and is projected as a stage for experiments and experiences, where the proposal is to combine pedagogy and production in the same space. The processes of knowledge formation and construction occur simultaneously and complementarily to practical achievements and development of technologies. This building site is thus transformed into a tool for the constitution of a dialectical space of social work, where the orientation of its productive experimenting is focused on the challenge of designing a house from the local generation of social technologies, through the use of natural materials and reuse of discarded resources. A theoretical work, presented in the initial of the thesis, provides the framework for this fieldwork, which feeds back our reflection on processes of production and development of new vernacular architectures, integrated into their territories.

Mots clés en anglais

vernacular architecture, design build program,popular housing, formation,social technologies, rural settlements

28/11/2014 - Thi Hieu BUI

École doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université Grenoble Alpes)

Titre de la thèse

Pour un développement respectueux de la ville de Hué et de ses environs. Respecter les valeurs caractéristiques des villages traditionnels dans le bassin de la rivière des Parfums.

Composition du jury

  • Catherine MAUMI, Professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Directrice de thèse
  • Christian PÉDELAHORE, Professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris la Villette, Rapporteur
  • Pierre DONADIEU, Professeur émérite HDR, École Nationale Supérieure du paysage de Versailles-Marseille, Rapporteur
  • Olivier SOUBEYRAN, Professeur HDR, Institut de Géographie Alpine, Examinateur
  • Vincent VESCHAMBRE, Professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, Examinateur

Résumé de la thèse

Ce travail de recherche se concentre sur les questions du développement respectueux de la ville de Hué et de ses environs, en accordant une importance spécifique à la conservation et la mise en valeur des qualités faisant la particularité de cette ville et des villages avoisinants. La recherche est construite dans le contexte où le processus d’urbanisation et la prolifération des nouvelles zones urbaines et des nouveaux quartiers résidentiels ont entraîné de nombreuses menaces et dangers pour cette ville et ont engendré la perte des valeurs caractéristiques de ce territoire.

Les hypothèses de la recherche abordent les relations entre la conservation, la mise en valeur et la gestion durable du patrimoine, du système de l’eau et des valeurs caractéristiques des villages d’ores et déjà inscrits dans le développement environnemental, économique, socioculturel de ce territoire.

Les corpus principaux utilisés dans cette thèse, sont des données de cartographique GIS Hué 2010 et des cartes anciennes ; des relevés photographiques récoltés et des résultats des entretiens, des questionnaires lors de nos séjours d’étude de terrain à Hué. Grâce à la méthodologie d’analyse, surtout l’analyse cartographique et la méthodologie d’enquête de terrain, nous pouvons définir des caractères spécifiques de ce territoire et démontrer des menaces et des dangers principaux pour cette ville et ses environs face aux processus d’urbanisation.

Dans la recherche, nous avons également l’ambition de proposer ce qu’il faudrait mettre en œuvre pour un développement respectueux de l’environnement écologique, de la qualité de vie et du bien-être des habitants, des potentiels de l’économie locale, et de même que des valeurs caractéristiques de la ville de Hué et des villages avoisinants.

Mots clés

la ville de Hué, village traditionnel, développement respectueux, valeurs caractéristiques, patrimoine, ville de l’eau

03/11/2014 - Eric Ruiz

École doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université de Grenoble)

Titre de la thèse

L’autopromotion: une piste pour l’innovation architecturale, environnementale et urbaine

Composition du jury

  • Hubert GUILLAUD, Professeur HDR, ENSAG, directeur de thèse
  • Anne-Monique BARDAGOT, Maître assistante, ENSAG, co-directrice de thèse
  • Francesco LO PICCOLO, Professeur, Université de Palerme, rapporteur
  • Yves CABANNES, Professeur, University College London, rapporteur
  • Cecilia Maria Neves DELGADO, Professeur, Universidade Nova de Lisboa, examinateur

Résumé de la thèse

Au-delà du cadre classique de la production du logement, des projets originaux à l’initiative de citoyens ou impliquant fortement des habitants, se développent sur le territoire européen et notamment français.

S’émancipant de l’offre professionnelle privée ou publique, ces maîtrises d’ouvrage d’usagers produisent un habitat original, tant du point de vue architectural et environnemental, que de l’insertion sociale et au territoire qui l’accueille.

Ce type de dynamique n’est pas un phénomène nouveau. En Amérique Latine notamment, des mouvements populaires et coopératifs développent ce type de démarche depuis plusieurs décennies. Insuffisamment étudié, ce phénomène mérite d’être analysé plus précisément, en particulier dans le champ de l’architecture et du point de vue des porteurs de ces projets : les habitants.

Cette recherche vise à montrer, par une analyse des différentes typologies d’organisations collectives, adoptées par ces maîtrises d’ouvrage non professionnelles d’habitants, les atouts et les résultats de leur production, du point de vue de :

  • la question « spatiale », qui interroge la notion de l’habitat et de son usage ;
  • la question du « métier » du concepteur, qui interroge le mode de production du projet au travers de la relation architecte – maîtrise d’ouvrage (non professionnelle) ;
  • et enfin la question de « l’insertion spatiale et sociale », qui interroge la dimension urbaine de ces projets et citoyenne de leurs promoteurs.

Se basant sur les notions de « droit à l’œuvre » et de « droit à la ville » définies par Henri Lefebvre et de « bien commun » définie par Elinor Ostrom, cette thèse propose un apport de connaissances visant à contribuer à la réponse des professionnels et des politiques publiques, à une demande sociale chaque jour plus présente en matière d’initiatives citoyennes dans la production de l’habitat.

Mots clés

Autopromotion, Habitat participatif, Habitat groupé, Insertion sociale et spatiale, Droit à la ville, Droit à l’oeuvre, Bien commun, Organisations collectives, Pouvoir d’agir

30/10/2014 - Mélanie Manin

École doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du Territoire »
(Université de Grenoble)

Titre de la thèse

Du type au prototype. Outils et processus de conception du projet architectural élaborés par Henry Jacques Le Même (1897-1997).

Composition du jury

  • Catherine MAUMI, Professeur, ENSA Grenoble Directrice de thèse
  • Simon TEXIER, Professeur, Université de Picardie Jules-Verne, Rapporteur
  • Richard KLEIN, Professeur, ENSA Lille, Rapporteur
  • Françoise VERY, Professeur honoraire, Examinateur
  • Arnaud DUTHEIL, Directeur du CAUE de Haute-Savoie, Examinateur
  • Bruno REICHLIN, Professeur émérite, Examinateur

Résumé de la thèse en français

La thèse interroge les processus de conception développés par l’architecte français Henry Jacques Le Même (1897-1997). Nous nous donnons à comprendre le savoir-faire qu’il a mis en œuvre par la pratique du projet afin de répondre à des commandes variées tant au niveau de leurs programmes que de leurs échelles de conception, et ceci dans des contextes historiques multiples. L’objectif est de déconstruire intellectuellement une partie de son œuvre par l’analyse architecturale et en inscrivant les projets étudiés dans leurs contextes de production afin de saisir les outils et méthodes de conception du projet qui lui sont spécifiques. Afin de mener des analyses précises, nous convoquons un corpus constitué d’un nombre de projets restreints et qui ont été conçus à des moments d’articulations dans la carrière de Henry Jacques Le Même ou à des époques historiques charnières, révélatrices des transformations du métier de l’architecte. Une première partie de la recherche vise à comprendre en quoi la déclinaison du type architectural du chalet du skieur, qu’il invente à la fin des années 1920 et sur lequel il travaille pendant près de 60 ans, permet à Henry Jacques Le Même de se constituer des outils de projet pour rendre sa pratique efficiente et répondre de manière ajustée à ses commandes. L’analyse architecturale d’un échantillon de projets de 19 chalets du skieur a pour objectif de repérer les principes du type architectural et les raisons de leurs évolutions. Pour comprendre comment la préfabrication, l’industrialisation de la construction ainsi que la transformation du statut de la commande influent sur la pratique architecturale de Henry Jacques Le Même, nous analysons les premiers projets où il doit intégrer ces nouvelles modalités dans l’exercice de conception. À partir de l’étude d’une demi-douzaine de projets expérimentaux que l’architecte conçoit dans les années 1940-1950, notre objectif est de saisir la démarche qu’il développe pour penser l’idée de prototype, la transformation des processus de construction, et l’architecture destinée au grand nombre. L’analyse des processus de conception des projets étudiés permet de révéler une recherche conduite par Henry Jacques Le Même sur la pratique de projet en vue de réduire la complexité au moment de la projection de l’espace. Elle s’établit à partir d’un renouvellement de ses outils intellectuels issus de sa culture architecturale et se traduit par un travail sur la composition, la définition d’un parti architectural ou sur la conception modulaire. D’autre part, l’architecte développe une méthodologie qui consiste à produire des ensembles sériels graphiques qui lui permettent de noter ses idées et intentions afin de progresser dans la pensée du projet. Pour mener à bien notre recherche, nous nous appuyons essentiellement sur l’étude de documents provenant du fonds d’archives de Henry Jacques Le Même, conservé aux Archives Départementales de la Haute-Savoie. Ces sources premières témoignent de la pensée en acte de l’architecte au moment de l’élaboration de ses projets et nous ont permis d’élaborer le contenu de notre recherche par une analyse croisée de la documentation écrite et graphique. Parallèlement nous avons entrepris un travail de re-dessin de plans originaux associé à des analyses graphiques. Cette méthode de recherche qui utilise les outils de l’architecte a permis d’opérer un procédé de déconstruction-reconstruction des projets analysés pour rendre lisibles et intelligibles leurs organisations et spécificités spatiales. La compréhension des architectures analysées a été précisée par un travail de documentation historique et théorique. La thèse a été menée au sein du laboratoire les Métiers de l’Histoire de l’Architecture, édifices-villes-territoires, ENSA Grenoble, et dans le cadre d’une convention CIFRE avec le CAUE de Haute-Savoie.

Mots clés en français

processus de conception architecturale, type architectural, prototype, XXe siècle, outils et méthodes de projet, analyse architecturale

Résumé de la thèse en anglais

This thesis questions the design process developed by architect Henry Jacques Le Même (1897-1997). Our goal is to understand the know-how he implemented by project practice to realize various commands both by their programs and their scales, in multiple historical contexts. The objective is to intellectually deconstruct part of his work by the architectural analysis, and considering the studied projects in their production context to capture the design tools of the project that are specific to it. To conduct detailed analyzes we consider a small number of projects that have been designed at key times during Henry Jacques Le Même career, or at pivotal historical moments for the transformation of the profession of the architect. The first part of the research is to understand how the variation of the architectural style of the skier’s cottage – that he invented in the late 1920s and on which he worked for nearly 60 years – allows Henry Jacques Le Même to create project tools to make his practice efficient and to provide adequate responses to his orders. The architectural analysis of a sample of 19 skier’s cottage projects aims to identify the principles of architectural type and the reasons of their evolution. The architectural practice of Henry Jacques Le Même has been influenced by prefabrication, industrialization of construction, and the transformation of the architectural command. To understand this we analyze the first projects in which he must integrate these new modalities in the design exercise. Based on the study of half a dozen experimental projects – that the architect designed in the years 1940-1950 -, our goal is to understand the process he developed to think the idea of prototype, the transformation of construction process, and the architecture destined for the masses. The analysis of the design process of studied projects reveals a research conducted by Henry Jacques Le Même on the project practice to reduce its complexity for spatial organization. This research is issued from a renewal of his intellectual tools from his architectural culture, and results in a work on the composition, the definition of an architectural style or modular design. Moreover, the architect develops a methodology which is based on producing serial graphics sets that allow him to record his ideas and intentions in order to bring forward the project thinking. To carry out our research, we first rely on the study of documents from the archives of Henry Jacques Le Même, preserved in the Departmental Archives of Haute-Savoie. These primary sources reflect the thinking of the architect during the development of his projects and helped us to develop the content of our research by a cross-analysis of the written and graphic documentation. In addition we have undertaken a re-drawing of the original plans associated with graphical analyzes. This research method uses the tools of the architect and allow us to operate a process of deconstruction and reconstruction of the analyzed projects to make readable and intelligible their organization and spatial characteristics. The understanding of the analyzed architectures has been specified by a work of historical and theoretical documentation. The thesis was conducted in the laboratory les Métiers de l’Histoire de l’Architecture, édifices-villes-territoires, ENSA Grenoble, and within a CIFRE agreement with the CAUE Haute-Savoie.

Mots clés en anglais

architectural design process, architectural type, prototype, twentieth century, project tools and methods, architectural analysis

10/10/2014 - Anna Voronina

École doctorale « Sciences de l’Homme, du Politique et du territoire »
(Université de Grenoble)
en co-tutelle avec la Faculté d’Architecture et d’Urbanisme de l’université d’État d’architecture et de génie civil de Nijni Novgorod

Titre de la thèse

Nijni Novgorod : interroger le paradigme de la « ville-nature » à l’ère post-industrielle.

Composition du jury

  • Catherine Maumi, Professeure, ENSA de Grenoble, directrice de thèse
  • Anna Gelfond, Professeure, GASU de Nijni Novgorod, directrice de thèse
  • Valery Nefedov, Professeur, GASU de Saint-Pétersbourg (rapporteur)
  • Frédéric Pousin, Directeur de recherche au CNRS, UMR AUSser n°3329 (rapporteur)
  • Chris Younès, Professeure, ENSA de Paris La Villette (rapporteur)
  • Yves Chalas, Professeur émérite, Institut d’urbanisme, Université Grenoble Alpes
  • Alesandro De Magistris, Professeur, Politecnico di Milano

Résumé de la thèse

Les recherches sur la ville de Nijni Novgorod suscitent des interrogations au sujet de la « ville-nature ». Les spécificités de ce territoire, situé dans un autre contexte culturel, nous incitent à contester la généralisation d’un paradigme, celui de la « ville-nature ». Il s’agit de revisiter la ville russe contemporaine par la complexité des interactions entre la construction urbaine, conçue par l’homme, et les processus naturels.

Par le biais de la « ville-nature » nous repensons la ville et ses changements de conception : le passage d’une ville russe ancienne à la grande ville et à la ville socialiste. L’étude historique était essentielle pour comprendre le phénomène d’urbanisation et les origines des « natures » dans le milieu urbain, dont l’hétérogénéité résulte d’une séquence de bouleversements économiques et politiques. Nijni Novgorod — centre d’agglomération industrielle, pendant la période soviétique Gorki — est fortement marquée par l’industrie. La postsoviétisation et la désindustrialisation ont engendré une recomposition urbaine, en rendant la structure urbaine illisible.

Nijni Novgorod s’inscrit dans le territoire par des réseaux multiples dont la reconnaissance et la distinction, réalisées par une lecture stratifiée, à l’aide de la cartographie, mettent en évidence l’émergence du « vert » et participe à la qualification des espaces ouverts. « Sortir du vert » suppose de revisiter le rapport entre l’écologie et l’économie, ainsi que de reconsidérer la présence de la nature dans le milieu urbain par des activités économiques, des enjeux politiques et l’usage des processus naturels par l’homme.

La thèse est structurée en entrées thématiques afin de présenter la diversité des rapports que la Nijni Novgorod contemporaine entretient avec la nature. Tout d’abord, sa position à la confluence de la Volga et l’Oka a prédéterminé sa viabilité économique et en même temps a posé le problème de la complexité des conditions naturelles, l’hydrographie et la topographie notamment. En dépit de la réalisation de travaux d’aménagements pendant le XXe siècle, les sols urbains restent difficilement praticables et vulnérables aux processus naturels. Dans la recherche, les espaces ouverts et végétalisés, considérés jusqu’à maintenant non constructibles, sont revisités comme appartenant à l’infrastructure paysagère. Des principes nouveaux d’aménagement sont recherchés pour réorganiser les processus naturels afin d’améliorer la qualité des sols urbains ; le travail du paysagiste s’accorde avec celui de l’ingénieur. Ensuite, la planification stratégique des années 1930 a prédéfini la structure éparpillée de Nijni Novgorod, pensée pour les industries. L’incohérence urbaine résulte des contradictions apparues entre la conception de la ville socialiste unie et la décentralisation uniforme des industries. Les espaces verts conservent l’empreinte des changements sociaux brutaux, de l’inaction politique et des pratiques d’aménagement urbain par les propres moyens des habitants. Le déclin de l’URSS a entraîné l’abandon des grands parcs publics, dont les qualités se rapprochent de celles des terrains réservés pour les espaces verts qui ne furent jamais aménagés. Cependant, la pauvreté des parcs urbains est compensée par la richesse des formes d’agriculture urbaine et périurbaine. Le tissu bâti est composé d’une morphologie dite intermédiaire, incluant des parcelles pour des activités agricoles. Enfin, les processus actuels sont considérés à travers des pratiques d’aménagement qui accompagnent la régénération postindustrielle et l’installation des nouvelles activités. À Nijni Novgorod, la transition postsoviétique accorde de nouvelles données pour le projet urbain, or ce passage se complique par l’ancrage des dogmes soviétiques dans la pensée actuelle.

La recherche est réalisée à la rencontre des regards : architectural, territorial et paysager, par le croisement de méthodes différentes : l’histoire, la cartographie, le travail d’enquête sur le terrain.

Mots clés

Nijni Novgorod, Gorki, ville-nature, industrie/désindustrialisation, postsoviétisation, « vert »

06/10/2014 - Laure Brayer

École Doctorale « Science de l’Homme du Politique et du Territoire »
(Université de Grenoble)

Laure Brayer, architecte, chercheure au laboratoire Cresson, fait partie des 7 lauréats du Prix de la thèse 2015 de l’UGA récompensés pour l’excellence de leur travail de recherche.

Titre de la thèse

Dispositifs filmiques & paysage urbain. La transformation ordinaire des lieux à travers le film.

Composition du jury

  • Jean-Paul THIBAUD, Directeur de recherche au CNRS, Laboratoire Cresson-UMR Ambiances Architecturales et Urbaines, Directeur de thèse
  • Nicolas TIXIER, Maître-assistant à l’ENSA de Grenoble et chercheur au Laboratoire Cresson-UMR Ambiances Architecturales et Urbaines, co-Directeur de thèse
  • Laurent DEVISME, Maître-assistant à l’ENSA de Nantes et directeur du laboratoire LAUA (Langages Actions Urbaines Altérités)
  • Marion FROGER, Professeure agrégée au Département d’Histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal
  • Pierre-Damien HUYGHE, Professeur des Universités, Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne (Rapporteur)
  • Frédéric POUSIN, Directeur de recherche au CNRS, Professeur à l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles et directeur du LAREP (Rapporteur)

Résumé de la thèse

Partant d’une considération sur le paysage configuré au quotidien par les pratiques individuelles et collectives qu’il accueille et qui lui donnent forme, ce travail de thèse en architecture s’intéresse à la transformation ordinaire des lieux et interroge les manières dont nous pouvons l’appréhender pour penser leur devenir. Comment prendre en compte la dynamique de l’ambiance pour penser la conception d’un lieu ?

Cette recherche interroge dans ce sens la portée du film (comme médium, comme pratique et dans sa réception) dans ce qu’il permet de comprendre de la transformation ordinaire des lieux. Il s’agit ainsi de questionner les potentialités des images audiovisuelles quant à la perception, la représentation et la conception partagée d’espaces publics urbains. En quoi et comment le film peut-il permettre de saisir les états et transitions des relations entre espace et corps percevants autant que pratiquants ?

Pour cela, un protocole méthodologique croisé, à l’écoute d’une hétérogénéité des usages du film dans la compréhension et la constitution du fait urbain, a donné lieu à la construction et à l’analyse de quatre corpus de travail :

  1. Recueil et sélection de films existants ;
  2. Observation et suivi d’une mission vidéo dans un cadre opérationnel ;
  3. Réalisation d’un film ;
  4. Expérimentation pédagogique auprès d’étudiants en architecture.

Ces quatre corpus considèrent à plusieurs égards la problématique de la fabrication de films : statut et enjeu du recours au film, engagement dans le terrain (dans l’espace, le temps et la relation à l’Autre) par la pratique filmique, postures filmiques et rapports au monde. Notre recherche soulève, dans un second temps, la question de la réception filmique. C’est ainsi à partir d’une expérience d’audio-vision collective que le film devient le support d’un dialogue entre différents interlocuteurs conviés à mettre en partage et en débat leurs expériences. La pluralité des registres mis au travail au cours de la réception des films et de leur discussion (à savoir le sensible, le perceptif, l’interprétatif, le critique et le créatif ) devient le support à l’élaboration d’un commun.

De ces considérations sur la portée du film émerge en toile de fond l’importance du sensible et de l’improvisation collective dans l’appréhension et la conception de l’espace public urbain.

24/07/2014 - Mohammad Jawad Abd

École Doctorale « Science de l’Homme du Politique et du Territoire »
(Université de Grenoble)

Titre de la thèse

La Ville de Bagdaf. Intérêts et perspectives d’une stratégie de développement urbain durable.

Composition du jury

  • Hubert Guillaud, professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, directeur de thèse
  • Anne-Monique Bardagot, maître assistante, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, (France), co-directrice de thèse
  • Rémi Baudoui, professeur HDR, Université de Genève, rapporteur
  • Philippe Potié, professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, rapporteur
  • Brigitte Dumortier, maître de conférences, Université Paris IV-Sorbonne, examinateur

Résumé de la thèse

Cette recherche s’interroge sur l’interrelation entre le développement urbain et le développement durable dans le sens où celui-ci peut se concrétiser en milieu urbain et à différents niveaux stratégiques de la ville. Sous cet angle, la recherche ambitionne une meilleure compréhension de cette interrelation, notamment par ses implications potentielles pour la ville de Bagdad (Irak) qui constitue l’étude de cas.

Pour atteindre cet objectif, la recherche implique une évaluation critique de la ville afin de savoir si la dynamique existante (défis et réponses) et les mutations urbaines actuelles (le développement économique, le changement social et l’envergure de l’implication du public, la transition politique), ainsi que les projets de développement urbain effectivement élaborés à la suite des efforts locaux de reconstruction – mais aussi sous l’impact du processus de globalisation – pourraient être orientés de façon à créer un terrain favorable pour engager un processus de développement durable en contexte.

Toutefois, avant de passer à cette dernière étape ambitieuse, la question de recherche est examinée au prisme de trois étapes structurelles. Tout d’abord avec un regard sur l’histoire de façon à mieux voir comment a débuté la création de la ville de Bagdad et sa formation, puis quels furent son développement et ses transformations jusqu’à sa situation actuelle. Deuxièmement, en soulignant et analysant les conséquences et les problèmes actuels de son développement et ses impacts sur les différents aspects de l’état urbain (la société, la culture, l’environnement, la politique, etc. …), cela pour mieux comprendre les débats actuels et les efforts contradictoires portés sur le développement de la ville concernée. Troisièmement, au-delà d’une recherche théorique sur le concept de développement durable, et de l’examen de certaines perspectives et de points de vue théoriques à partir desquels ce concept a été approché, la recherche est plus précisément conduite dans le but de bien comprendre comment s’engager correctement en faveur d’un développement adapté et d’un avenir durable pour la ville de Bagdad. Il importe ici de rappeler que cette approche s’inscrit dans un contexte où le rôle de la durabilité n’a pas reçu une attention appropriée de la part de la recherche en termes d’analyse des divers avantages et inconvénients apportés au contexte concerné.

A cet égard, bien qu’il existe certaines similitudes entre les villes à travers le monde, et que l’on puisse aussi admettre qu’il y ait beaucoup d’éléments globaux communs au sujet du développement de la ville, il convient de relever qu’il y a aussi des dimensions locales et régionales jouant un rôle important. A cet à égard la recherche révèle que Bagdad est un produit unique (dans le sens d’inhabituel) pour la mise en œuvre de politiques de développement urbain.

La recherche vise aussi à établir une vision stratégique pour la ville en matière de développement urbain durable, en mettant d’abord l’accent sur des démarches stratégiques qui prennent en considération toute la complexité de la gestion et de l’aménagement de la ville.

Enfin, la recherche esquisse les orientations d’un Schéma Directeur visant à maîtriser à la fois la forme urbaine et la croissance dans la perspective d’une éventuelle évolution vers une ville plus adaptée et « durable ».

30/06/2014 - Sylvie Laroche

École Doctorale « Science de l’Homme du Politique et du Territoire »
(Université de Grenoble)

Titre de la thèse

L’architecture commerciale à l’usage des villes : ambiances, pratiques et projets.

Composition du jury

  • Grégoire CHELKOFF, Professeur, HDR, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, Laboratoire CRESSON, directeur de thèse
  • Nathalie LEMARCHAND, Géographe, Professeure des Universités, Paris 8, Directrice-Adjointe, Laboratoire LADYSS (UMR 7533), Rapporteur
  • Jean-Jacques TERRIN, Architecte, chercheur associé au LéaV, École Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, Rapporteur
  • Elena COGATO LANZA, Architecte, Maître d’Enseignement et de Recherche, École Polytechnique Fédérale de Lausanne, Laboratoire d’Urbanisme, Examinateur
  • Jean-Michel EVIN, Directeur général des services du Syndicat Mixte des Transports en Commun de Toulouse, Examinateur
  • Eric MONIN, Architecte, Maître-assistant, École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille, Examinateur

Résumé de la thèse

L’architecture commerciale s’est largement développée depuis plusieurs décennies sous la forme d’espaces insulaires privés, présentant une multipolarisation de l’offre et générant des milieux difficiles à traiter et intégrer. Cette recherche porte précisément sur la qualification des équipements commerciaux dans leur relation à leur contexte urbain limitrophe. Nous les abordons comme générateurs de milieux ambiants spécifiques sur leurs abords et sous l’angle de leur emprise sur la ville.

L’objectif de cette thèse est ainsi d’analyser les effets d’implantation des commerces de grande envergure sur les espaces proches, et de formuler des critères de conception concernant leurs relations aux tissus urbains et aux paysages environnants. Quels sont les facteurs permettant une meilleure articulation des équipements commerciaux avec leurs contextes à retenir, afin de repenser les stratégies urbaines et les modèles de conception ? Quelles sont les évolutions dans la composition de leurs enveloppes et dans les espaces publics attenants ? Comment engager les acteurs privés et publics à intégrer des dimensions qualitatives incluant des ambiances dans la planification du commerce de grande distribution dans la ville ?

L’hypothèse de ce travail est de porter attention aux limites spatiales et sensibles entre les espaces privés commerciaux et publics urbains, partant du fait que c’est une des conditions pour développer des opportunités d’urbanité aux abords des équipements commerciaux. Pour évaluer cette hypothèse, nous avons choisi d’investir deux cas : le centre commercial Beaulieu récemment réhabilité sur l’Île de Nantes, et le pôle de commerces et de loisirs Carré de Soie à Vaulx-en-Velin. Il s’agit d’explorer les qualités spatiales des deux équipements commerciaux et de leurs environnements tout en interrogeant les stratégies urbaines déployées dans ces deux opérations (la première est une réhabilitation et la seconde une création nouvelle). L’analyse des situations préexistantes et du processus d’établissement permet de saisir les origines et mécanismes de projet. L’approche in situ est conduite à partir des interfaces sensibles pour saisir les espaces accessibles aux piétons ainsi que les enjeux d’ambiance et d’usage. Cette démarche s’appuie sur des entretiens auprès des acteurs principaux de la fonction commerciale et à travers l’observation et de mesures in situ.

À partir de ces investigations, des configurations d’emprise du commerce sur la ville sont distinguées. L’identification de ces configurations d’ambiances nous permet d’explorer trois scénarii possibles pour le futur, et de préciser les degrés de continuité urbaine du commerce sur le territoire. Ils intéressent directement la planification et la conception du commerce dans la ville afin de gérer les multiples équipements commerciaux existants, d’anticiper les évolutions des formats de commerce et de proposer de nouvelles interfaces sensibles avec leur contexte proche.

Mots clés

grande distribution, commerce, ville, architecture, ambiances

08/04/2014 - Annalisa Caimi

École Doctorale « Science de l’Homme du Politique et du Territoire »
(Université de Grenoble)

Titre de la thèse

Cultures constructives vernaculaires et résilience. Entre savoir, pratique et technique : appréhender le vernaculaire en tant que génie du lieu et génie parasinistre.

Composition du jury

  • Hubert Guillaud, Professeur HDR, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble (France), directeur de thèse
  • Philippe Garnier, M.A. associé, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, (France), co-directeur de thèse
  • Mariana Correia, Professeur docteur, Escola Superior Gallaecia (Portugal), rapporteur
  • Isabelle Milbert, Professeur docteur, Institut des Hautes Études Internationales et du Développement (Suisse), rapporteur
  • Ferruccio Ferrigni, Professeur, Università degli Studi Federico II (Italie), examinateur
  • Corinne Treherne, Architecte, Fédération Internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (Suisse), examinateur

Résumé de la thèse en français

Dans les régions exposées à des aléas naturels, une large partie des bâtiments composant l’environnement construit sont réalisés presque exclusivement sur la base de l’expérience et de l’observation des bâtisseurs locaux, sans l’appui d’un architecte ou d’un ingénieur. Les communautés installées dans ces zones ont développé, au fil du temps, une multitude de stratégies pour co-habiter avec ces phénomènes, incluant des comportements sociaux et des approches de construction visant à prévenir et/ou à limiter l’exposition du bâti et de ses habitants. En fait, les constructeurs ont souvent intégré la présence et les caractéristiques locales des aléas naturels dans leurs pratiques quotidiennes, élaborant des détails et des dispositions constructives particulières pour réduire la vulnérabilité des artefacts et du milieu bâti.

Le concept de culture constructive embrasse la dimension sociale et technique de l’acte de construire et du processus d’élaboration des savoirs et savoir-faire qui lui sont inhérents, reflétant intrinsèquement la multiplicité des sociétés humaines et leur enracinement indissoluble au territoire qu’elles habitent. Le vernaculaire en tant que caractérisation des modes de bâtir, d’habiter et de se protéger se révèle par ce fait une source précieuse de pratiques, techniques et mesures, testées au cours des siècles et des multiples aléas, pour la construction d’environnements bâtis durables, accessibles et sûrs.

Ce travail de recherche explore le potentiel présenté par les cultures constructives vernaculaires dans le renforcement de la résilience locale. Et cela à partir des pratiques – constructives et comportementales – développées par les populations, groupes et individus habitant des contextes géographiquement exposés à des aléas naturels. Se fondant sur une forte interaction entre la théorie et la pratique, cette recherche entame une (re)découverte de l’ingéniosité intrinsèque à ces savoirs par le développement de deux axes thématiques. L’un investigue les dispositions et les dispositifs vernaculaires à caractère parasinistre ayant démontré leur efficacité à réduire la vulnérabilité de l’environnement construit envers différents types d’aléas naturels. L’autre axe questionne les modalités de leur identification et contribution directe au renforcement des capacités de populations et institutions dans la gestion des crises. À une analyse technique s’associe l’élaboration d’un outil méthodologique soutenant la mise en place d’une démarche de projet s’ancrant fortement aux spécificités contextuelles selon une logique de continuité, tant culturelle que de pratique, entre passé et futur, entre préparation et réponse aux catastrophes.

Mots clés en français

Cultures constructives vernaculaires, Architecture vernaculaire, Culture du risque, Aléas naturels, Résilience, Outils d’analyse contextuelle

Titre de la thèse en anglais

Vernacular building cultures and resilience. Knowledge, practice and technique: apprehending vernacular as genius loci and disaster resilient ingenuity.

Résumé de la thèse en anglais

In areas prone to natural hazards, many of the buildings that make up the built environment are constructed almost exclusively through the experience and the direct observation of local builders, without the support of any architect or engineer. In these regions, communities have developed over time a variety of strategies to cope with natural phenomena through patterns of social behaviours and building approaches intended to prevent and/or to reduce their exposure to local risks. Similarly, local builders have often integrated reactive responses to natural hazards into their daily practices, developing singular techniques, building details or devices aiming to reduce the vulnerability of the built environment.

The concept of building culture embraces the social and technical aspects related to the construction process and to the development of corresponding knowledge and know-how, intrinsically reflecting the multiplicity of human societies and their indissoluble connection with the territories they inhabit. The vernacular as characterization of ways of building, living and protecting oneself proves to be a valuable source of practices, techniques and measures, tested over the years and during multiple hazards, for contemporary construction of sustainable, accessible and safe built-environments.

This research explores the potential of vernacular building cultures in enhancing local resilience; and this starting from – constructive and behavioural – practices developed by individual people and groups living in contexts geographically exposed to natural hazards. Based on a strong interaction between theory and action, this research undertakes a (re)discovery of vernacular knowledge through two thematic focuses. One examines disaster resilient vernacular provisions and devices which have demonstrated their effectiveness to reduce vulnerability of the built environment to various types of natural hazards. The other one considers ways for their identification and direct contribution to strengthening capacities of communities and institutions for disaster risk management. This research combines a technical analysis with the development of a methodological tool, contributing to set up a project approach strongly rooted into contextual specificities, linking culture and practice, past experience and future needs, disaster response and preparedness.

Mots clés en anglais

Disaster resilient building culture, Vernacular architecture, Local risk culture, Natural hazards, Resilience, Contextual analysis tools

14/01/2014 - Noha Gamal Said

École Doctorale « Science de l’Homme du Politique et du Territoire »
(Université de Grenoble)

Titre de la thèse

Vers une écologie sensible des rues du Caire : le palimpseste des ambiances d’une ville en transition.

Composition du jury

  • Jean-Paul Thibaud, Directeur de recherche au CNRS, directeur de thèse
  • Jocelyne Dubois-Maury, Professeure à l’Université Paris-Est Créteil-Val-de-Marne, co-directrice de thèse
  • Claude Chaline, Professeur émérite à l’Institut d’Urbanisme de Paris, Université Paris-Est Créteil-Val-de-Marne
  • Catherine Maumi, Professeure à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble
  • Pascale Pichon, Professeure à l’Université Jean Monnet de Saint-Étienne, Centre Max Weber, UMR 5283, rapporteur
  • Frédéric Pousin, Directeur de recherche au CNRS, UMR 8504 Géographie-Cités, rapporteur

Résumé de la thèse

De même que le paysage visuel évolue et se transforme dans le temps, l’ambiance d’un lieu est également soumise à un changement continu. En effet, la temporalité est un des critères pertinents dans la constitution d’une ambiance. Dans ce travail sur le palimpseste des ambiances, nous élargissons cette dimension temporelle de l’ambiance à une vaste échelle qui peut couvrir toute l’histoire sensible d’un lieu. L’intérêt d’une telle approche repose sur l’interrogation de certains aspects de l’ambiance tels que l’ancienneté, l’authenticité, le patrimoine, le partage, la mémoire. En effet, le palimpseste est une figure reliée davantage à la mémoire. Selon Baudelaire, la mémoire est sauvegardée dans le cerveau dans des couches successives étant à son tour recouverte d’oubli. Le palimpseste se construit par des actes d’addition et d’effacement continus. Cependant, Baudelaire déclare que tous les échos de la mémoire peuvent être réveillés à un moment donné en allumant tout le théâtre d’une vie passée (Baudelaire, 1860). Quant à Proust, il introduit un double aspect de la mémoire, distinguant la mémoire volontaire et la mémoire involontaire. Cette remémoration immédiate s’effectue inconsciemment dès la perception d’un indice sensible évoquant la même sensation. Tous ces termes, le palimpseste, la mémoire volontaire et involontaire, montrent que l’oubli n’est que momentané et que les souvenirs peuvent reprendre de la vie et de la force par la remémoration. Ils montrent que le passé n’est plus intériorisé mais présent dans le présent. En 1983, André Corboz, dans une tentative de nommer le paysage contemporain comme le produit d’une stratification temporelle, a assimilé le territoire à un palimpseste, montrant comment ce paysage englobe toutes les strates accumulées des paysages antérieurs (Corboz, 2009). Il pointe du doigt à l’épaisseur de ce paysage en ajoutant la dimension temporelle des situations. Dans le cadre de cette recherche, nous proposons une relecture du palimpseste par le sensible en faisant l’hypothèse que l’expérience vécue des espaces est une construction temporelle composée d’un amalgame de phénomènes sensibles mêlés ensemble par des processus de stratification et d’accumulation dans le temps. Le palimpseste en termes d’ambiance est défini dans le cadre de notre recherche comme une « incarnation du passé dans le présent » par un processus continue de « sédimentation des traces ». Nous postulons que l’ambiance d’un lieu fonctionne comme un palimpseste qui est le résultat d’une superposition de différentes couches sensorielles accumulées au fil du temps. Ce travail est appliqué au Caire qui est une ville millénaire. La ville a un tissu urbain complexe, a été exposé à de forts bouleversements et à des changements brutaux issues de la modernisation de la ville au XIX ème siècle, puis par le passage des politiques socialistes aux politiques capitaliste. Le résultat est une mosaïque métamorphosée et informelle de la ville. Toutes ces histoires de la ville sont inscrites dans les variations des formes urbaines qui ont la capacité de raconter son histoire. En fait, l’existence des formes urbaines successives offre la chance de retracer l’évolution des ambiances de cette ville depuis sa création jusqu’à aujourd’hui. Quatre cas d’étude ont été choisis qui sont considérés dans notre travail comme des cas représentatifs de la transformation urbaine de la ville. Ces quatre cas sont les suivants : Le Caire Fatimide, Choubrah, Héliopolis, et Al Réhab City. L’approche par laquelle cette étude est menée se fonde sur une analyse des phénomènes in situ à partir des techniques d’observation, d’enregistrement sonore et de prises de vue ainsi que des techniques consistant à faire parler les habitants de leurs quartiers sous la forme de parcours commentés.