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Soutenance de thèse de Fatma MRAD

30 06 2025 | Actualités, Recherche

Soutenance de thèse de Madame Fatma Mrad le vendredi 04 juillet à 9h, amphithéâtre Simounet (ENSAG-UGA). 

Titre de la thèse

Appréhender notre réalité urbaine à travers l’expérience émotionnelle
des ambiances urbaines filmiques : Essai sur trois situations esthétiques paradigmatiques.

Unité de recherche

UMR ENSAG -1563-CRESSON

École doctorale

SHPT – Sciences de l’homme, du Politique et du Territoire

Direction de thèse

Directeur de thèse : Monsieur Nicolas TIXIER, Professeur des universités, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble
Co-encadrante de thèse : Madame Meziou OLFA, Maîtresse de conférences, Université de Carthage 
Co-encadrant de thèse : Monsieur Pascal HOT, Professeur des universités, Université de Chambéry 

Composition du jury

Rapporteure : Madame Nathalie GAUSSIER, Maîtresse de Conférence, Université de Bordeaux, 
Rapporteur : Monsieur Denis MARTOUZET, Professeur des Universités , Université de Tours, 
Examinateur : Monsieur Fabio LA ROCCA, Maître de Conférence, Université Paul Valéry Montpellier 3, 
Examinateur : Monsieur Philippe MARIN, Professeur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, 

Invités

Madame Olfa Meziou, Maîtresse de conférences, Université de Carthage

Madame Sophie DONNADIEU, Maîtresse de conférences, Université Savoie Mont Blanc

Résumé de la thèse

Cette recherche explore les ambiances urbaines en mettant en avant leur caractère cinétique, fragile et évanescent, que le cinéma amplifie par la mobilité de la caméra et la temporalité diégétique. Ces caractéristiques révèlent les dimensions sensibles de l’expérience esthétique des ambiances urbaines, en les stylisant et en les plaçant au cœur de notre attention sensible le temps de la projection. Ainsi, dans notre recherche, nous considérons la mise en scène cinématographique comme fabrication paradigmatique d’une esthétique des ambiances urbaines. Nous stipulons, à cet effet, que cette approche offre un cadre intéressant pour explorer et comprendre les ambiances qui façonnent nos expériences urbaines réelles.

Pour cela, nous avons analysé des mises en scène filmiques d’espaces urbains dans trois situations limites : magnifiée, tragique et ordinaire.

Une phase d’observation préliminaire, inspirée de la méthode « forme-formant-formalité » de Grégoire Chelkoff, a permis de décrypter les configurations sensibles des ambiances. Cette analyse a conduit à l’élaboration d’un protocole mixte articulant deux approches complémentaires : une quantitative, mobilisant les outils des sciences cognitives (ECG, eye-tracking, auto-reports émotionnels), et une qualitative, s’appuyant sur des entretiens semi-directifs issus des sciences sociales.

Les synchronisations émotionnelles observées à travers la mesure de la fréquence cardiaque traduisent des réponses collectives significatives aux stimuli filmiques, mettant en évidence l’implication partagée des spectateurs avec les ambiances visionnées.

L’analyse oculométrique a mis en évidence une focalisation marquée sur les visages et les interactions humaines, soulignant leur rôle clé dans la compréhension des ambiances urbaines filmiques et des dynamiques émotionnelles.

Quant aux autres phénomènes d’ambiance (les formes architecturales, les éléments en mouvement, les éléments naturels et les enseignes), ils passent au second plan en jouant néanmoins un rôle remarquable dans la mobilisation des processus attentionnels et émotionnels.

La deuxième expérimentation a approfondi ces observations en explorant comment les ambiances urbaines filmiques influencent, non seulement, les émotions des spectateurs, mais aussi leurs souvenirs et leurs imaginaires. Les récits des participants révèlent une dynamique complexe entre perception de l’ambiance urbaine et identification émotionnelle, où les ambiances filmiques activent des mémoires sensorielles et des répertoires affectifs personnels, influençant à la fois l’interprétation des scènes et la relation des spectateurs à l’espace urbain représenté.

En croisant ces méthodologies, cette recherche a mobilisé, pour la première fois dans les études urbaines, le modèle d’évaluation cognitive et dynamique des processus émotionnels de Scherer (2001). Les résultats croisés des trois approches ont montré que les ambiances urbaines sont des phénomènes dynamiques et complexes, articulant intrinsèquement attention, émotion et mémoire individuelle et collective, ouvrant ainsi une nouvelle voie dans l’étude des ambiances urbaines.