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PORTRAIT
Coup de pouce pour Nicholas Morris

17 11 2020 | Vie étudiante

Le mardi 6 octobre 2020, Nicholas Morris, étudiant de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, a reçu l’une des 18 bourses Coup de pouce délivrées par la fondation Université Grenoble Alpes (UGA). C’est l’occasion de revenir sur le parcours et sur le projet atypique de cet étudiant américain qui bénéficie du statut étudiant d’Artiste de haut niveau (AHN).

Si Nicholas Morris a pu prétendre à la bourse « Coup de pouce » que la fondation UGA lui a remis mardi 6 octobre, c’est qu’il possède le statut étudiant d’Artiste de haut niveau. Sa vision artistique est si fortement liée au territoire et aux réalités sociales concomitantes que l’architecture a toujours marqué sa pratique. C’est pourquoi, après avoir suivi des études au California College of Arts (San Francisco), de 2010 à 2013, il a souhaité compléter son bagage par des études d’architecture. « J’ai choisi l’ENSAG car l’apprentissage de l’architecture y est très lié à la pratique. », explique celui qui ne conçoit pas l’acquisition de connaissances sans celle de savoir-faire. De fait, l’épreuve du réel est au cœur de sa pratique.

Une « pratique sociale » de l’art

« Ma formation aux beaux-arts en Californie était empreinte de questions sociales. J’ai appris la sculpture comme tout le monde : tailler le bois, travailler le plâtre, le bronze, la pierre… J’ai donc appris à travailler avec mes mains. Mais tous nos projets étaient plutôt régis par un concept. Nous avions souvent une problématique préalable à laquelle nous devions répondre par des installations, des engagements… », se souvient Nicholas. Cette manière de lier l’art à la société marquera durablement la pratique artistique de l’étudiant. Par ailleurs, en Californie, de nombreux artistes se livrent à ces « pratiques sociales ». « C’est-à-dire qu’ils s’engagent pleinement dans les politiques menées sur leur territoire. Ils apportent leur regard artistique sur les questions du quotidien. », précise Nicholas. De cette vision et de la fréquentation théorique de nombreux penseurs, le jeune artiste retient qu’il est possible de « sculpter une culture ».

Crédit : Nicholas Morris

De Londres à Grenoble

Une fois ses études au California College of Arts achevées, Nicholas a envie de travailler. Ce qu’il fait à Londres, où il a suivi celle qui deviendra sa femme. Là-bas, il exerce divers métiers auprès de designers ou de médecins. Dans les deux cas, le sculpteur touche à tout met en œuvre les projets des autres, qu’il s’agisse de meubles ou de prothèses. « Après quatre ans à travailler ainsi, j’ai eu conscience de certaines limites dans mes savoir-faire et j’ai eu envie de reprendre mes études pour réaliser mes propres projets. » C’est grâce à cette résolution et à la clarté de ses desseins que Nicholas obtient, sur dossier, le statut étudiant d’Artiste de haut niveau. Un an plus tard, il présente même son projet à la fondation UGA pour recevoir la bourse Coup de pouce. Le but ? Financer l’exposition qui sera le résultat de la recherche artistique menée en parallèle de son projet de fin d’étude à l’ENSAG.

« Le projet est constitué de trois parties : les productions sculpturales qui interprètent et expérimentent les matériaux de construction et les manifestations des Cultures Constructives ; la production d’œuvres photographiques et géographiques qui traitent à la fois la matérialité de constructions hégémoniques contemporaines et notre manière de regarder le territoire ; une expression graphique et écrite qui valorise la pensée de Sergio Ferro*, dans une édition artisanale. Tous ces travaux seront exposés au printemps 2021. », expliquait l’étudiant lors de sa candidature, qui a su retenir l’attention du jury de la fondation UGA. C’est à l’École Supérieure d’Art et Design de Grenoble que seront exposés les travaux de Nicholas Morris, manière de souligner une fois de plus le caractère transdisciplinaire de sa réflexion.

 * Sérgio Ferro a enseigné à l’ENSAG de 1972 à 2003. Fondateur et directeur du laboratoire Dessin/Chantier de 1982 à 1997, il a contribué largement à ancrer cette école dans la recherche en histoire de l’art et de l’architecture.

Crédit : Simin Eivazi

Les bourses Coup de pouce
A l’automne 2020, la fondation UGA a remis sa bourse « Coup de pouce » pour la troisième fois. « Ces deux dernières années, cette bourse était réservée aux étudiants de l’UGA en tant que tel et maintenant, depuis la création de l’établissement public expérimental UGA l’ENSAG et Sciences-po Grenoble, le dispositif de bourse a été étendu à l’ensemble des composantes. », se réjouit Jean Marie De Conto, professeur des universités et chargé de mission Étudiants artistes de haut niveau (EAHN). Dix-huit bourses d’un montant de 4000 euros chacune ont été attribuées cette année à des étudiants en situation de handicap, des sportifs de haut niveau et des artistes de haut niveau. Le but, pour les étudiants artistes ? Financer leurs projets artistiques.

Nicholas Morris reçoit la bourse Coup de pouce.