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Soutenance de thèse de Benoit d’Almeida

16 12 2021 | Non classé

Vendredi 17 décembre à 14h, en amphi Simounet, Benoit d’Almeida soutiendra sa thèse préparée au sein de l’équipe Cultures Constructives / Unité de Recherche AE&CC et ayant pour titre « Le modèle de la Garden city, un réservoir de précédents pour inspirer la transformation de la ville mexicaine ».

Cette soutenance sera diffusée en direct sur la chaine YouTube de l’ENSAG.

Composition du jury

  • Enrico Chapel, Professeur, École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse, LRA, rapporteur
  • Cynthia Ghorra-Ghobin, Directrice de recherche émérite, CNRS-CREDA, rapportrice
  • Agnès Berland-Berthon, Professeure, Université Bordeaux Montaigne, IATU, examinatrice
  • Matthew Hardy, Maître de Conférences, University of Oxford & The Prince’s Foundation, examinateur
  • Gilles Novarina, Professeur, Université Grenoble Alpes, Unité de recherche AE&CC, directeur de thèse
  • Ramón Reyes Rodriguez, Professeur, Université de Guadalajara, CUAAD, examinateur
  • Florence Rudolf, Professeure, INSA Strasbourg, laboratoire AMUP, examinatrice
  • Stéphane Sadoux, Maître de conférences, ENSA de Grenoble, Unité de recherche AE&CC, co-directeur de thèse

Résumé de la thèse

Lorsqu’Ebenezer Howard imagine sa Garden city, il cherche une réponse à ce que les contemporains de la seconde moitié de dix-neuvième siècle considèrent comme « une crise urbaine sans précédent ». Les grandes villes sont surpeuplées et imposent des conditions de vie désastreuses aux classes populaires. La spéculation foncière conduit à une croissance incontrôlée des périphéries urbaines.
Son invention repose sur le « retour du peuple à la terre ».
Elle prône la migration des populations urbaines vers un réseau de cités-satellites interconnectées qui conjuguent les qualités de la ville et de la campagne. Le chemin de fer est l’outil de cette migration. Il doit organiser le déplacement des populations depuis les zones urbaines devenues tombeaux de la condition humaine. Dans ces nouvelles cités, une propriété collective du foncier est mise en place. Elle doit empêcher l’appropriation des plus-values foncières par les spéculateurs, et permettre leur réinversion au profit de la communauté.
Les architectes Barry Parker et Raymond Unwin spatialisent la Garden city. Ils font le choix d’une architecture pittoresque, de tracés adaptés au contexte géographique, et utilisent la nature comme un élément structurant de l’organisation urbaine.
La Garden city a une immense influence sur les théories de l’urbanisme, et se diffuse dans de nombreux pays d’Amérique latine, dont le Mexique. Un groupe d’architectes et d’ingénieurs – parmi lesquels Carlos Contreras, Ignacio Bancalari, José Cuevas Pietrasanta – convoquent le modèle pour planifier un Mexique postrévolutionnaire en phase avec ses idéaux. En s’inspirant de la Garden city Association, ils créent l’Association Nationale pour la Planification de la République Mexicaine qui s’intéresse à la fois à la diffusion du modèle et promeut une planification à l’échelle du pays tout entier.
Gouvernement, organisations intergouvernementales – dont ONU Habitat – et divers think tanks : tous s’accordent sur un certain nombre de défis urbains auxquels le Mexique fait face. Des défis finalement peu éloignés de ceux auxquels Howard cherche des réponses. Dans le sillage de sa célèbre Réforme agraire au début du XXe siècle, le Mexique prône aujourd’hui la nécessité d’une grande Réforme urbaine. Cette thèse s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle la Garden city pourrait constituer « un réservoir de précédents » dont les acteurs mexicains peuvent s’inspirer pour impulser la transformation de leurs villes et territoires. Alors que de nombreux rapports mettent l’accent sur la ville-compacte et la densification de ses tissus existants, ce travail défend qu’il soit possible d’étendre la ville de façons vertueuses. Il convoque à ce titre des réflexions héritières de la Garden city telles que le neighborhood unit, ou le new urbanism plus contemporain.
Plus d’un siècle après les propositions de Howard, nos villes semblent être confrontées à des problématiques relativement proches. Ses idées n’ont jamais réellement été mises en pratique à grande échelle, alors même que Letchworth – première matérialisation du modèle – a prouvé de sa faisabilité. Face aux statu quo qui durent depuis tant de décennies, n’est-il pas temps de bouleverser notre imaginaire de la ville et de rompre avec nos pratiques actuelles ?

La démonstration d’une telle hypothèse passe par une réflexion en trois temps.
Primo, en questionnement les notions théoriques de modèle et de diffusion, puis en définissant la Garden city non seulement comme modèle urbain, mais également comme projet de société en mesure de proposer une nouvelle façon d’imaginer les villes et territoires de demain. Ce travail défend que le réservoir de références de la Garden city se fabrique dans un perpétuel va-et-vient entre la théorie et l’empirique. Il revient sur les différents précédents qui le composent, sur ses principes, et ses matérialisations pour le définir au travers d’un certain nombre d’aspirations sociales et de principes spatiaux.
Secundo, en étudiant la diffusion du modèle dans le contexte mexicain. Cette phase analyse ses canaux de diffusion, ses matérialisations les plus significatives, et statue sur les transformations que ces réalisations subissent. Elle souhaite montrer que parler de Garden city au Mexique n’est pas un insensé grand écart et que le pays a déjà largement convoqué ce précédent par le passé. Mais aussi à enrichir le réservoir de précédents en mobilisant les expériences mexicaines.
Tercio, en imaginant comment ce « réservoir de précédents » peut transformer la ville mexicaine actuelle. Le projet d’architecture et d’urbanisme est mobilisé comme une enquête capable de créer de la connaissance. Une enquête d’abord orientée vers la compréhension d’un lieu, puis vers la prospection d’un futur pour ce lieu. L’imagination de scénarios est cœur de cette dernière partie. Elle permet de comparer certains futurs possibles et plausibles, et de nous positionner.
Cette dernière partie se confronte à la création d’une méthodologie et d’un nouvel outil de projet. Une sous-hypothèse la taraude : une transformation pertinente pour un lieu, l’est-elle également pour d’autres lieux ? Plutôt que d’asseoir ses scénarios sur un lieu existant, elle préfère fabriquer un territoire urbain typique des villes mexicaines pour expérimenter ses idées. Ce processus s’attache à observer les spécificités de ces villes et à monter en généralité ses traits typiques. Il en fabrique un lieu qui n’existe pas – ou topos – qui combine l’ensemble de ces spécificités. Ce lieu typique est à la fois utilisé comme une illustration de la complexité de ces territoires urbains, mais également comme un support pour expérimenter – par le dessin – les transformations proposées.

Title

The Garden city model : a reservoir of precedence to inspire the transformation of the Mexican city

Abstract

When Ebenezer Howard imagines his Garden City, he is looking for a response to what his contemporaries in the second half of the 19th century considered an “urban crises without precedence”. The big cities are overpopulated and force the working classes to live un disastrous conditions. Land speculation in the urban periphery races out of control.
Howard’s invention is based on the idea of the “people’s return to the land”.
The idea is to encourage city dwellers to migrate out to a network of interconnected satellite cities that propose the best of urban and country life, via the railroads. His work consists in part in the organization of this migration away from urbans centers. In his new cities, all the land would be collectively owned. This collective ownership would inhibit speculative development and permit instead to reinvest in the community.
The architects Barry Parker and Raymond Unwin design the first Garden City. They create picturesque architecture that fits into its geography and context, with nature as a structuring element of the city’s organization.
The Garden City has an immense influence on the theory of urbanism, influencing urban planning in numerous Latin American countries, including Mexico. A group of architects and engineers – such as Carlos Contreras, Ignacio Bancalari, José Cuevas Pietrasanta – use the Garden City model to plan a post-revolutionary Mexico fitting with its principles. Inspired by the Garden City Association, they create the National Association for the Planning of the Republic of Mexico, which aims both to promote the model and to put it into practice at a national scale.
The government, intergovernmental organization – including UN-Habitat – and numerous think tanks all agree on a set of urban challenges faced by Mexico. In the end, these challenges differ only slightly from those which Ebenezer Howard sought to resolve. Still in the wake of the Agrarian Reform of the first part of the 20th century, individuals across Mexican society advocate for and deem necessary a new Urban Reform. This Thesis is based on the hypothesis that the Garden City could constitute a “reservoir of precedence” those implicated in this Urban Reform in Mexico could use as inspiration to push forward the transformation of their cities and territories. Although certain research accentuates the idea of the compact city and increasing the density of the existing urban fabric, this work defends the idea that it is possible to extend the city in a manner that is virtuous. Reflections inherited from the Garden City such as the Neighborhood unit or the more contemporary New urbanism are used to support the claim.
More than a century after Howard published his proposals, our cities seem to be confronted by very similar issues. The ideas of Howard have never been effectively practiced at a large scale, despite the great success of the first materialization of the ideas in the English city of Letchworth. In the face of a status quo that has lasted for decades, the author asks if it is it not time to shake up our conception of the city as well as our current practices.

The demonstration of such a hypothesis is separated into three parts:
First, the research questions the theoretical notions of the model and its dissemination, thus defining the Garden city not only as a model of urban planning, but also as a social project that can propose new ways to imagine the cities and communities of tomorrow.
This work posits that the reservoir of references found in the Garden City is constituted by a knowledge built both in theory and practice. The work traces the multiple examples of the Garden City, their principles and their materializations in order to define a set of social aspirations and spatial principles.
Second, the research studies the dissemination of the model on the Mexican context. This phase of the work analyses the conduits of dissemination, their most important materializations, and certain legal limitations faced by these cases. The research shows that to reference the Garden City in the Mexican context is not only reasonable but recognizant of the importance of the model in the history of Mexican city planning. The research hope to contribute to the reservoir of references through the consideration of theses Mexican examples.
Third, the work imagines how this reservoir of precedence can transform Mexican cities today. Here, the architectural and urban project is used as a means of inquiry capable of creating knowledge. It is an inquiry that can produce an understanding of a certain place, and then, imagine a prospective future for this place. This last part of the research is focused on the creation of possible scenarios. These possible or probable futures can be compared and can be used to help inform the planning process.
This last part of the research project elicits the creation of a methodology and the novel research tool of the project. The research questions if the pertinent transformation made of one space could be equally pertinent in another? Rather than relying on an existing site as the locus of exploration of the various scenarios, this research fabricates an urban environment constructed of elements typical of Mexican cities in which to set the experiment. This process necessitates the observation of multiple Mexican cities and the identification of generalities and typical traits. The research thus creates a site that does not exist – ou topos – that combines these characteristics. This site is used both as an illustration of the complexities of these urban environments and as a context for the experimentation of the proposed transformations – notably through the process of drawing.