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Soutenance de thèse de Maya El Nesr

22 12 2023 | Recherche

Maya El Nesr soutiendra sa thèse, préparée au sein de l’équipe Cresson de l’UMR Ambiances, Architectures, Urbanités sous la direction de Marc Breviglieri et intitulée « La conception des espaces urbains résidentiels et récréatifs à travers le jeu des enfants », jeudi 25 janvier 2024 à 14h, en amphi Simounet.

Cette thèse déploie son analyse à partir de la présence de l’enfant dans les configurations variées de l’espace public urbain. Elle privilégie une lecture des ambiances pour appréhender la manière dont le corps des enfants est mobilisé par son environnement. L’étude s’attache ainsi à adopter une analyse dynamique de la façon dont l’enfant s’insère, s’émeut et s’adapte au sein de l’espace public.

Le concept d’affordance établi par le psychologue James J. Gibson occupe une place centrale dans cette étude (Gibson, 1979). Il permet de déployer une lecture des propriétés du bâti en ce qu’elles stimulent, offrent ou « appellent » certaines activités. Parmi celles-ci, le jeu, librement choisi, contribue au développement global de l’enfant.

Notre approche se confronte à une littérature scientifique dense et variée qui a examiné l’impact du jeu en extérieur sur le comportement et le développement de l’enfant. Au tournant des années 1970, il semble que la libre présence des enfants dans l’espace public urbain tende à se restreindre et à poser la question de l’émergence de systèmes de surveillance corrélée à l’idée d’une vulnérabilité de l’enfant dans la ville. Non sans liens, les infrastructures et environnements de jeu, qui apparaissent d’abords insuffisants, se développent pour configurer dans l’espace urbain des îlots séparés formant des aires de jeu créées par les adultes.

Cette thèse envisage de repartir du corps en mouvement de l’enfant pour envisager son champ de perception et, plus loin, son rapport à la ville (Breviglieri, 2014). L’approche écologique et sensible aux ambiances permettra de poser un regard expérimental et évaluatif sur les espaces urbains présents dans le quotidien des enfants.

La thèse interroge une variété de conceptions d’espaces (résidentiels ou proprement ludiques) de la ville dans son lien aux comportements de jeu des enfants. Pour cela, elle propose d’investiguer quatre environnements urbains hétérogènes en Égypte et en France. L’étude des dimensions récréatives et résidentielles prend alors appui sur une « approche de recherche par enquête comparative causale » et des « études de cas intrinsèque » (Groat & Wang, 2013). Cette enquête de terrain est menée en trois phases, avec des enfants « d’âge moyen» choisis au hasard, entre cinq et douze ans. Elle comprend des observations comportementales structurées centrées sur le comportement de l’enfant. Ces observations sont complétées par une étude des activités cognitives perceptuelles engagée dans l’effectuation de dessins et de photographies, et par la réalisation d’entretiens informels associés occasionnellement à des parcours commentés.

Les données recueillies ont été analysées dans le cadre de la « théorie du triptyque de l’espace » et de la « théorie des affordances ». Ce cadre a pour objet de clarifier les écarts de perception et de représentation entre celles qui appartiennent au concepteur de l’environnement urbain et celles qui appartiennent à l’enfant dans son expérience physique et culturelle de l’espace. Il est possible d’extraire de cette étude des thèmes capables de renouveler certaines orientations de la fabrique de la ville. Ces thèmes convergent pour repenser à la fois la place de l’enfant dans la ville, et la manière dont celle-ci peut générer des environnements intergénérationnels favorisant le bien-être des citadins.

« Une ville où l’enfant serait le prince et le père de l’homme » (Aillaud, 1972)